Qu'allais-je faire? Un léger malaise accompagna cette question, et je me sentis faible. Je m'assis - ou plutôt, me laissai glisser le long du mur de pierres - et enfouis mon visage dans mes genoux.
Réfléchir. Il me fallait réfléchir. Je me suis endormie, chez moi, bien tranquillement, et me suis réveillée à Poudlard. Où étais-je?
Oui, bon, à Poudlard, on a compris, mais où, à Poudlard?
Je me relevai, un peu tremblante, mais le cerveau tournant à plein régime. Les escaliers faisaient un bruit terrible en se déplaçant, et je leur accordai un peu d'attention. Tous descendaient.
Conclusion, j'étais au septième étage. Sortais-je donc de la Salle sur Demande? Ou bien d'une salle inconnue des sept tomes que j'avais lu? Tout était possible... et qu'allais-je faire, désormais? Retourner chez moi me semblait fort peu probable. Si j'avais été en face de James Potter quelques instants plus tôt, il était impossible de retrouver ma mère autrement qu'en couche culotte. De plus, pour retourner dans le monde moldu, il me fallait soit une baguette pour le Magicobus, soit être déjà une sorcière accomplie pour transplaner.
Hum, pas évident.
De plus, pour tout avouer, je me sentais pas de rentrer chez moi alors que tout un monde que j'avais espéré s'offrait à moi. Mais le problème d'être une Moldue restait bel et bien présent. J'avais besoin de passer inaperçue, et de porter donc, au minimum, une robe de sorcier; Potter n'allait pas être le seul à se rendre compte que j'étais en jean.
Première étape.
Mais comment faire pour obtenir une robe de sorcier? Passer au Chemin de Traverse. Mais comment faire pour aller au Chemin de Traverse? Être une sorcière.
Hum, pas évident.
Légèrement désespérée, ma première étape mourant dans l'oeuf, je descendis d'un étage, profitant d'un escalier qui avait décidé de faire un petit somme et de ne pas se déplacer. Je ne savais pas où j'allais, ni pourquoi, mais je ne pouvais pas rester à me morfondre au septième étage. Je rivai mes yeux au sol afin d'éviter toute sorcellerie maligne qui pourrait faire brûler mes magnifiques baskets à trois cents livres.
Et ce qui devait arriver arriva, et je rentrai violemment dans quelque chose de mou, mais d'un peu rêche; le truc mou me fit rebondit, mais la chose rêche, et argentée, se glissa entre mes deux narines.
Un vieux. J'étais rentrée dans un vieux. Je levai les yeux. Un vieux avec une longue barbe, un nez aquilin, et des lunettes en demi-lunes posée sur son bout.
Dumbledore. L'homme qui avait vaincu Grindelwald, le seul qui faisait peur à Voldemort (devais-je même penser "Vous-Savez-Qui" ou pouvais-je rester fidèle à moi-même et m'en fiche complètement de la peur d'un nom?), celui qui avait aidé Nicolas Flamel à réaliser la pierre philosophale, le plus grand cerveau de ce centenaire.
- Bonjour... Excusez ma maladresse...
Ce respect vis-a-vis d'autrui m'était tout à fait inconnu. Puis je réalisai soudain qu'il était ma première étape!
Evident.
- Hum... Monsieur le Directeur... Pourrions-nous avoir une conversation?
Le sorcier eut un sourire amusé.
- Bonjour! Ne sommes-nous pas actuellement en train d'en tenir une, mademoiselle...
Mais c'est qu'il faisait de l'esprit, le vieux. Je lui offris le nom qu'il désirait par la suspension de sa phrase:
- Sawyer, Millie Sawyer! Parlons donc avec force détails: pourrions-nous avoir une conversation privée, Monsieur?
Le Directeur haussa un sourcil, mais sa curiosité de Gryffondor prit le dessus; bien sûr, une gamine qu'il n'avait jamais vue, dont il n'avait jamais entendue le nom, et habillée en jean, cela devait forcément aguicher son intérêt.
Ou bien peut-être utilisait-il la légilimencie sur moi, et savait-il déjà tout, et n'avait que la politesse de me laisser l'exprimer... Il m'emmena dans une salle de classe vide qu'il verrouilla à l'aide de sa baguette. (La baguette de Sureau, la baguette du Pouvoir! Qu'il était difficile de remarquer autant de détails et de ne pouvoir en user...)
Il s'assit sur une chaise, décontracté, loin d'être inquiet, et croisa ses longs doigts fins sur ses genoux, attendant visiblement que j'entame cette conversation que j'avais réclamée.
- Hum... J'ai quinze ans, et euh... je suis une Moldue, Monsieur... mais je sais qui vous êtes, et je sais où je suis. Cependant, je ne sais pas que cela. Je sais votre passé, ou tout du moins, une grande partie, je sais votre présent actuel, et je connais votre futur... et celui d'une bonne partie de la population actuelle de Poudlard. Dans mon monde, vous n'êtes qu'un livre que les gamins de mon âge utilisent pour échapper à leur quotidien terriblement ennuyeux.
Son regard bleu me donna l'impression - la réelle impression, je ne reprends pas, et je vous jure, les mots de Rowling - d'être passée au rayon X.
- Je n'ai donc pas réellement ma place ici, et je pense qu'il faudrait me renvoyer chez moi. Si je croise quelqu'un et que je lui annonce son futur, ce serait quand même une sacrée gaffe, qui pourrait changer toute l'histoire que je connais actuellement!
Le silence se fit pesant, et son regard parut enfin intrigué, et surtout surpris. Je vis presque les rouages de ses brillants méninges se mettre en marche. Un cerveau géniallissime comme le sien allait me trouver LA solution parfaite, bien évidemment.
- Comment es-tu arrivée?
Je décidai de dire l'entière vérité, quitte à ce qu'il découvre la Salle sur Demande (si telle était la salle dont j'étais sortie) alors qu'il n'en parlait à Harry Potter pour la première fois que dans le tome 4.
- J'ai débarqué au septième étage, et la salle dans laquelle je suis arrivée à disparue! Avant cela, j'étais chez moi, à lire vos aventures sur lesquelles je me suis endormie. Pas qu'elles soient inintéressantes, au contraire, me suis-je empressée de dire, mais c'était au moins la dixième fois que je les lisais.
A nouveau, il réfléchit intensément. J'attendais encore la solution miracle.
Aussi fus-je relativement désapointée lorsque Monsieur m'annonça:
- Je ne sais pas comment te renvoyer chez toi, Millie. Cette situation est inédite!
Comment le plus grand sorcier de tous les temps ne pouvait-il pas me renvoyer chez moi? Par la barbe de Merlin, je prenais déjà les expressions de ce fichu monde!
- Le fait que tu sois arrivée ici - par un moyen magique, j'en suis sûr - me fait penser que tu es loin d'être une Moldue. Je crains qu'en attendant que je trouve une solution adéquate, tu ne doives t'adapter; et faire partie intégrante de ce monde.
Mes yeux s'arrondirent sous la surprise. Pas une Moldue, moi? Mais qu'étais-je alors? Certainement pas une babouine enragée, armée d'un bâton, comme l'hurluberlu en robe violette à pois verts qui me faisait face. Découragée, je demandai:
- Et je fais quoi, moi, maintenant?
- Je vais te fournir ton matériel scolaire. Les connaissances que tu as grâce à la lecture de tes livres font que tu as toute une théorie que certains élèves de ton âge n'ont pas. Tu entreras en cinquième année, car tu as quinze ans. Nous allons te répartir dans une des quatre Maisons de Poudlard grâce à Choixpeau, et je vais t'accompagner chez Ollivander choisir une baguette; j'espère qu'il n'est pas parti en vacances dès la rentrée scolaire. Tu diras que tu viens d'une autre école de sorcellerie, mais que pour une raison que je te laisserai inventer, tu en es partie et tu es désormais ici. Tu suivras les cours comme tout le monde, et surtout, tu éviteras de dévoiler leurs futurs à tes camarades de classe, le temps que je te trouve une solution adéquate pour te renvoyer chez toi.
J'acquiesçais. Ce programme me plaisait bien, me donnait un sursis dans le monde de la magie, et me permettait de prendre des vacances de ma mère. Il se leva de sa chaise et rouvrit la porte d'un coup de baguette magique.
- Mademoiselle Sawyer, si vous voulez bien me suivre...
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Les Temps les plus Secrets
FanfictionMillicent Sawyer aurait pu être une adolescente comme vous et moi, à lire Harry Potter et en rêver. Mais son rêve, elle, elle l'a réalisé! Transportée à Poudlard par une très ancienne magie, la jeune fille se retrouve confrontée à des personnages do...