Les Temps les plus Secrets

Blessure de guerre

Rogue fut forcé de concéder que je n'étais pas un cas si désespéré que ça, et nous autorisa à aller manger. Il s'assit en face de moi, et je me servis des pommes de terre. Son regard était suspicieux, et je finis par m'agacer :

– Quoi, Rogue ? Qu'est-ce que tu mijotes ?
– Hum, rien, je réfléchis...

Je ne pus rien tirer de plus de lui, et me concentrai sur mes patates sautées. On ne pouvait nier que mes deux premiers cours à Poudlard avaient été globalement une réussite ! Allen, bien qu'assez terrifiante, avait été super, et, grâce à Severus, j'étais assurée de note correcte tout au long de l'année. Je parvenais finalement à jeter des sortilèges, et l'on pouvait encore remercie mon compatriote de Serpentard pour ses précieux conseils. Pour cet après midi, il n'y avait plus que deux heures de Botanique ; je comptais bien passer mon temps libre à la bibliothèque, afin de trouver des renseignements sur les voyages temporels.
Après tout, il valait mieux que je sois au courant de ce que je pouvais encourir si jamais je changeais le futur. Du coup, en rentrant chez moi, les livres seraient-ils différents ? Ce serait terrible. Et assez étrange comme idée.
Ceci dit, pas plus que de m'être retrouvée dans mon bouquin lors d'une petite sieste.
Nous terminâmes de déjeuner, et, en sortant de la Grande Salle, nous croisâmes un jeune garçon de Serpentard.

– Salut, Severus.

Rogue lui rendit son salut. L''autre garçon devait être à peine plus jeune que moi, les cheveux très sombres, très courts, des yeux gris électriques. Il avait un menton fuyant, mais son regard était assuré. Un maintien droit, le garçon avait une prestance que peu de jeunes de son âge avait. Il s'éloigna, et Severus et moi continuâmes notre route.

– C'était qui ? Questionnai-je sans vergogne.
– Regulus Black. Pas du tout comme son frère.

Tu m'étonnes... je me mordis la lèvre. C'était assez difficile tout de même de ne pas courir après Regulus et lui dire rapidement comment tuer l'Horcruxe qu'il volerait des années plus tard à Voldemort. Mais, même si je cédais à cette impulsion, il ne comprendrait sans doute pas vraiment ce que je pourrais lui raconter.
Le parc de Poudlard était vraiment magnifique. Immense, je pouvais distinguer la cabane de Hagrid au loin, et, à l'autre bout, la silhouette du Saule Cogneur, peu engageante. Les serres de Botanique se trouvaient un peu plus loin.

Je me fis violemment agresser par une racine de Snargalouf dès les trente premières minutes. Je n'eus aucun réflexe de survie, et une épine de la taille de mon petit doigt m'entailla terriblement de l'épaule jusqu'au poignet. Le professeur Brûlopot m'envoya aussitôt à l'infirmerie, et, pincée, je refusai catégoriquement que Severus m'accompagne.
Le bras dégoulinant d'un sang que je tentais d'épancher avec ma robe de sorcière, je rentrai précipitamment au château.

– Tu es pâle comme la mort, Sawyer ! S'exclama une voix, mais qu'est-ce que... ton bras !

Je jetai un œil derrière moi en montant les premiers escaliers quatre à quatre. Remus Lupin, sans doute maraudant, accéléra le pas et vint à ma hauteur.

– Où vas-tu comme ça, il faut absolument t'emmener à l'infirmerie !
– Oui, oui, je vais... je suis en train de...
– De te tromper de chemin, me coupa Lupin.

Ma respiration commençait à être saccadée. La douleur était effroyable, et de la sueur me coulait dans les yeux. Lupin me soutint et bifurqua sur la droite, alors que j'allais en effet résolument vers la gauche. Quelle idiotie de fierté mal placée, de vouloir aller à l'infirmerie seule alors que, de toute évidence, je n'avais strictement aucune idée d'où elle se trouvait ! J'avais eu de la chance dans mon malheur, de tomber sur Lupin.
Ce dernier me guida à travers ce qui me sembla être un dédale de couloirs, mais peut-être commençai-je légèrement à délirer. Lupin devenait plus mon porteur que mon soutien, et il était à bout de souffle lorsque nous arrivâmes enfin à l'infirmerie.