Angoisse à Pré-au-Lard

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Le samedi arriva bien vite, et il n'y eut pas trace de Lupin de la journée, qui pourtant, me collait aux basques depuis le début de la semaine. La veille il semblait à bout de forces, le teint pâle, épuisé, et le voir ainsi me serrait le coeur. Sans doute allait-ce être sa dernière pleine lune tout seul, au vu du sourire triomphant de Peter Pettigrow au petit déjeuner. Le professeur Dumbledore était toujours absent, mais j'avais trouvé une petite bourse sur mon oreiller le matin même, accompagnée d'un petit mot écrit de son écriture penchée: "Pour votre sortie à Pré-au-Lard". Ce qui était fort sympathique de sa part. McGonagall nous prévint, comme je l'avais prédit, qu'il fallait sortir au village accompagné de son binôme, pour tous les cinquièmes années. Le mien n'étant pas disposé, je rejoignis Severus et Alice Cooper après le petit déjeuner.

- Lupin est malade, dis-je à Rogue en voyant son air interrogateur.

Il plissa les yeux, et jeta un oeil vers le ciel. La lune, pâle, se voyait malgré le jour, et elle était bien pleine. Je me trémoussai, mal à l'aise. Severus était sans doute sur le point de découvrir que Remus était un loup-garou; cela n'augurait rien de bon, et je préférais bien évidemment ne pas être mêlée à ces histoires. Faire profil bas, Millie, profil bas.

Jusqu'ici, ce n'était pas une réussite.

- Bonjour, Alice, saluai-je la Poufsouffle au visage lunaire.

Elle me sourit et me répondit sur le même ton. Severus avait fini par presque l'apprécier, m'avait-il avoué la veille, au vu de ses talents pour la magie, particulièrement en potion (où mes propres talents avaient soudain disparus depuis que je devais me mettre à côté d'Elizabeth Taylor puisque Severus était avec Alice). Cooper ne parlait pas beaucoup, mais ses interventions étaient toujours intelligentes ou gentilles; mon exact opposé. Elle relevait clairement le niveau de ces blaireaux de Poufsouffle, et j'étais assez étonnée de la voir dans cette Maison; Serdaigle aurait tout aussi bien pu lui convenir, voire Gryffondor, sachant qu'elle finirait Auror. Sa loyauté devait peut-être l'emporter sur son courage.

J'étais très excitée par cette sortie à Pré-au-Lard. Je n'avais bien évidemment jamais vu de mes yeux le village sorcier, et je n'avais eu qu'un très bref aperçu du Chemin de Traverse, puisque je ne l'avais vu que de la fenêtre sale de chez Ollivanders.

- J'imagine que le premier arrêt sera chez Honeydukes? souffla Severus, méprisant. Histoire que tu te fasses un stock de bonbons en tout genre pour éviter de sortir la nuit pour manger?

Je le poussai, alors qu'Alice éclatait de rire.

- Ce sera plutôt le dernier arrêt, idiot, répliquai-je, je ne vais pas me balader toute la journée avec tout un stock de nourriture!

- Ou alors, tu fais comme les sorciers, et tu les téléportes directement dans ta chambre, me répondit Severus d'un air hautain.

Cette fois, je rougis, face à Alice qui me sourit.

- Oui, c'est ce que nous faisons la plupart du temps.

J'étais vexée. Severus avait presque lâché que j'étais une Cracmolle! Quel bachibouzouk! Mais, plus maligne et plus rusée que ce vieux serpent, je désignai mon sac à dos.

- Ou bien je fais comme les vrais sorciers, et j'utilise un sortilège d'Extension indétectable! Mais la nourriture doit tout de même être au dessus!

Severus haussa les sourcils.

- Tu sais faire un sortilège d'Extension? s'exclama Alice, incroyable, c'est du niveau de septième année!

Fausse modeste, je répondis par un sourire. En réalité, bien évidemment, c'était Hermione qui m'avait donné l'idée. J'avais emprunté un livre à la bibliothèque la veille, et ce n'était qu'au bout de trois heures d'acharnement sur mon pauvre sac à dos que j'avais enfin réussi à jeter le sortilège. De plus, pour l'avoir rempli de mes oreillers et couvertures, je savais que son extension n'était pas infinie; contrairement à Granger, je ne pouvais certainement pas y mettre l'intégralité d'un appartement! J'avais également lamentablement raté le sort qui était censé annuler le poids du sac. Je ne pouvais donc pas le remplir plus que ce que je pouvais porter. De toute manière, la bourse offerte par Dumbledore n'était pas faite pour être dépensée en un jour, et ne me permettrait certainement pas de dévaliser le village.

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