Occlumencie et cavalcades

514 36 0
                                    

Novembre s'était installé sans cérémonie, avec sa cape glacée, ses bourrasques folles, et ses pluies torrentielles. Les cours de Soin aux Créatures magiques se tenaient désormais, par mauvais temps, dans une salle de classe du château. Ceux de Botanique étaient souvent annulés à cause du déluge, car il était impossible d'entendre quoi que ce fut dans la serre, sous une pluie battante.

L'expérience binôme s'était terminée où elle avait commencé: dans la Grande Salle. Le professeur McGonagall nous a demandé pour qui cette expérience avait été profitable. Sans surprise, Remus et moi avions levé la main; Alice et Severus également. A l'inverse, Lily, Macnair, Stanford et James n'avaient pas bougé le petit doigt. Les couples Serdaigle/Poufsouffle levèrent tous la main ainsi que les Gryffondor/Poufsouffle ou Gryffondor/Serdaigle. Très peu de binômes incluant un Serpentard excepté celui de Rogue et le mien levèrent la main. Lorsque l'on considérait que Nott avait en effet envoyé son binôme à l'infirmerie au quatrième jour et qu'il n'en était toujours pas sorti, c'était compréhensible.

Les professeurs ne semblèrent pas ravis des résultats obtenus de leur expérience, et elle n'eut pas de suite. Mais, comme promis, je continuais de voir Lupin et sa bande. Je savais également que Severus et Alice Cooper travaillaient encore ensemble sur certains projets de cours.

L'anniversaire de Sirius Black, le 3 novembre, rendit l'accès à la tour d'astronomie inaccessible; les cours se déroulèrent donc dehors, au grand dam des élèves, et le professeur Sinistra n'hésitait pas à nous obliger à assister aux cours malgré les pluies battantes.

Au milieu du mois, il y eut le retour tant attendu de Mary McDonald. Les élèves firent une ovation lorsqu'elle entra dans la Grande Salle. Mais seule la partie droite de son visage rougit: l'autre était figé dans une expression qu'elle aurait pour toujours. Les médicomages semblaient être parvenus à lui restituer son visage d'avant, mais il ne serait plus jamais mobile.

Au milieu du mois, le Ministère tomba sous la coupe de Voldemort. Le château de Poudlard devait désormais être le seul lieu de Grande-Bretagne où le mage noir ne sévissait pas. La Gazette du Sorcier nous servait désormais des tissus d'ânerie sur la pureté du sang; les victimes de Voldy ne nous étaient plus connues, mais de temps en temps, un professeur allait chercher un élève pour lui annoncer une terrible nouvelle.

Dumbledore ne quittait plus le château, et bien lui en avait pris. Car les mangemorts tentèrent de l'attaquer en passant par Pré-au-Lard; c'est James Potter qui prévint le Directeur, revenant sans doute d'une marauderie. Le professeur Dumbledore détruisit alors dans l'œuf l'attaque, avant même qu'ils n'aient pu s'approcher du château.

Severus se mit à travailler l'occlumencie. Il m'en parla sans détour, un soir où il pleuvait des cordes, et que nous étions presque les deux derniers de la salle commune.

- J'ai besoin de toi, Mills.

Je levai les yeux de L'art des baguettes, de Percival Fortemain et fermai le livre.

- Oh, mais quel est donc ce service que tu veux, et qui nécessite que ta Seigneurie s'adresse aux simples mortels?

Ces derniers temps, en effet, Rogue m'avait plutôt boudé. Depuis que j'avais refusé de corroborer sa théorie - pourtant véridique, évidemment - de Lupin l'homme-loup, monsieur s'était éloigné. Je l'avais souvent vu, son nez crochu plongé dans de sombres recueils, griffonnant frénétiquement sur ses parchemins, ou pire, avec Mulciber et Wilkes.

Severus me jeta un regard noir.

- Soit tu te refuses à l'évidence et cela me chagrine, soit tu es très au courant et tu le protèges... ce qui me chagrine d'autant plus.

Les Temps les plus SecretsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant