Serpents et Maraudes

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Avant de sortir du bureau de Dumbledore, je mis une robe de sorcière, et y épinglai mon écusson. Lançant un dernier regard sombre au Directeur, je descendis de son bureau d'un pas lourd. Je trébuchai en me prenant les pieds dans le bas de ma robe, et mon visage alla saluer violemment le mur. Je gémis et m'assis. La journée avait été rude. J'étais quand même passée d'un monde à l'autre, avait appris que j'étais une sorcière - m'enfin, cette affirmation était toujours à vérifier - et je me retrouvais à Poudlard. J'étais allée sur le Chemin de Traverse, avait rencontré le plus grand mage de tous les temps, croisé James Potter, étais passée sous le Choixpeau Magique qui m'avait envoyée dans la pire maison qui soit, et j'étais rendue au deuxième étage d'un château magique, prête à attendre que la mort me frappe subitement.
Pourquoi attendre la mort, me demanderez-vous judicieusement. Eh bien figurez vous que pendant que je me massais la tête de façon peu glamour, le visage sûrement tordu en une grimace infâme, tout en passant la statue de la gargouille qui masquait l'entrée du bureau de Dumbledore, j'étais tombée nez à nez avec le plus beau garçon que je n'avais jamais rencontré. Ma bouche s'ouvrit d'un air niais sous le choc, et mes yeux durent sortir de leurs orbites, alors que je fixais monsieur Beauté Fatale, que j'identifiais rapidement comme étant Sirius Black. La journée n'était donc pas terminée !

J'étais donc là, pantoise, sortie tout juste du bureau de Dumbledore, face à quatre garçons que je reconnus parfaitement.
Tout d'abord, James Potter, que j'avais déjà croisé. Toujours son petit sourire aux lèvres, yeux noisettes, cheveux noirs tout ébouriffés, lunettes rondes. Le second, impossible d'en détacher le regard. Cheveux noirs, tombant négligemment sur son visage et devant ses yeux gris, sourire charmeur, appuyé contre un pilier visiblement décontracté. Mais mes prunelles le quittèrent néanmoins pour se fixer sur le troisième, à l'air un peu maladif, mais sûr de lui, yeux verts foncés, cheveux châtains courts, un livre sous le bras. Et le dernier, petit, pataud, qui faisait pâle figure à côté des trois canons, un peu grassouillet, petit yeux noirs larmoyants, cheveux bruns dans une coupe qui visiblement, essayait d'imiter celle de James Potter.
Mon regard passa de James à Sirius, puis de Sirius à Remus, et de Remus à Peter, pour revenir sur Sirius, comme aimantée par son regard gris.
Les informations se bousculaient dans ma tête à propos de chacun d'entre eux. J'avais envie de leur hurler des avertissements, étrangler Pettigrow, danser de joie sur place, et attraper Sirius pour partir avec lui dans le soleil couchant pour faire plein de bébés.
Hum oui bon, c'est mon rêve, j'estime que je peux dépasser les bornes...

- Mais tu es à Serpentard ! Grimaça James.

Cette phrase me fit redescendre quelques étages de folie que j'avais grimpé en quelques secondes, et je quittai mon paradis onirique où Sirius et moi dansions nus sur le corps crucifié de Peter Pettigrow, pendant que James Potter nous nourrissait de grappes de raisins.
Je me mis aussitôt sur la défensive face au quatuor de Gryffondor.

- Et alors ? Ça change quelque chose au fait que je sois la personne la plus hilarante que tu aies croisé aujourd'hui ?

Potter me regarda d'un air interdit, apparemment imperméable à mon humour pourtant décapant.

- Je ne fraie pas avec les vipères, répliqua-t-il.

Pettigrow fit entendre un drôle de son, semblable à un rire, mais qui aurait tout aussi bien pu être le son qu'il aurait émit si je l'avait étranglé.

- Insulter sans connaître, sur la base de préjugés ridicules et infondés, ne me semble pas très mature, dis-je, extrêmement fière d'avoir réussi à formuler cette phrase.

Je vis le regard appréciateur de Lupin, qui se rapprocha sensiblement pour mieux suivre. Il n'était pas étonnant que le loup-garou fut pour la paix dans le monde. Sirius cependant, à qui je ne pouvais m'empêcher de jeter de fréquents coups d'oeil, semblait s'ennuyer de cette discussion, qui, je pouvais le lui accorder, n'était pas passionnante.

- Serpentard n'est pas un synonyme de méchant, Potter. Mais rassemble en ce mot un mélange de ruse, d'intelligence, peut-être un peu de fourberie. Comme Gryffondor ne veut pas dire gentil. Courage, inconscience, peut-être même prétention, assénai-je.

Lupin acquiesça à mes paroles, et Potter me jeta un regard surpris.

- Sympa, ce changement de ton chez les Serpentard. Je suis James Potter, et voici Sirius Black, Remus Lupin, et Peter Pettigrow.

Je me retins de lui demander si ses amis avaient une langue ou si Potter était obligé de s'exprimer pour tous. Inutile de paraître désagréable dès notre première entrevue, n'est-ce pas ?

- Millie Sawyer.

Il acquiesça. S'ensuivit un silence un peu gêné, où Pettigrow se tortilla et se rapprocha légèrement de Lupin. Mon imagination s'enflamma instantanément. Pettigrow était peut-être gay ! D'ailleurs, peut-être en fait était-il secrètement amoureux de Lupin et que cet amour non réciproque avait mené à sa terrible perdition dans la magie noire ? À ce débat d'une extrême importance se mêlèrent d'autres questions : étaient-ils déjà tous les quatre des Animagi ? La carte du Maraudeur existait-elle ?
Toute à mes interrogations intérieures, je ne vis qu'après que Potter brandisse sa baguette face à lui, qu'un nouveau personnage était entré en scène. Personnage qui tomba brutalement à terre suite, sans doute, au sortilège de Potter.
Les cheveux noir, longs et gras, le regard sombre, le nez crochu, j'avais devant moi un Severus Rogue adolescent, visiblement très peu ravi d'être tombé sur la troupe des Maraudeurs. Je l'aidai à se relever, mais il me repoussa, agacé. Potter avança d'un pas supplémentaire, la baguette toujours brandie.
Sans réfléchir, je m'avançai, tendis le bras et arrachai des mains la baguette de Potter.

- Non mais ça va pas !

Je dus me tourner et arracher également celle de Rogue, qu'il avait également sortie.

- Hop ! Ça suffit les petites guerres là, sortez donc de la petite enfance, messieurs !

Je jetai la baguette de Potter à Lupin qui l'attrapa au vol, secoué d'un rire silencieux face à la scène, et je rendis celle de Rogue en mains propres, qui me la prit sans un remerciement, au contraire :

- Ne refais jamais ça, Sawyer.

Ah, il était arrivé à temps pour saisir mon nom. Lançant un regard hargneux vers James Potter, Rogue se détourna de moi, et, dans un bruissement de cape, tourna les talons vers les escaliers. Je ne me sentis pas très bien, à l'idée qu'il me catalogue dans la troupe de Potter. Severus Rogue était un personnage fascinant, et je venais simplement de réaliser que le fait d'être à Serpentard allait beaucoup m'aider dans l'apprentissage de sa personnalité.

- Bonne soirée les nuls, lançai-je par dessus mon épaule.

Et je partis à sa suite. Après tout, pour rejoindre les cachots, il faut descendre les escaliers non ?

Les Temps les plus SecretsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant