48. 𝐴𝑖𝑑𝑒 𝑒𝑡 𝑚𝑎𝑢𝑣𝑎𝑖𝑠 𝑟𝑒̂𝑣𝑒.

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Je fus accoudée contre le bureau, les yeux perdus sur les feuilles d'administration.
La fatigue commença doucement à affluer dans mon corps confortablement assis sur la chaise juste en face de celle du caporal, vide. Cette nuit était particulièrement fraîche comparé au précédente, la saison estivale se terminait à grand pas s'apprêtant à laisser place aux moments où les arbres s'habillaient de leurs parures les plus colorées.

L'automne est un andante mélancolique et gracieux qui prépare admirablement le solennel adagio de l'hiver, pensai-je en me rappellant d'un poème.

Je grelottai légèrement en dessous de mon débardeur gris réussissant à m'arracher des frissons le long de ma colonne vertébrale.
Un mince sourire de fierté se dessina sur mon visage ; jamais Livaï n'avait voulu que je l'aide sur les papiers administratifs, disant que mon écriture était trop féminine, grâce à mon entêtement j'avais continué à lui demander et ce fut au bout de trois mois d'archarnement qu'il avait cédé et avait  accepté mon aide.

Tu es réellement une chieuse de première, fait une connerie et je te fais bouffer les feuilles ! Il m'avait dit tandis que je souriais victorieuse.

J'avais pris conscience qu'il croulait sous le travail et la paperasse; certe mon aide ne changera pas grand chose mais si cela le permet de l'alléger d'un poids, je n'y voyais aucun inconvénients.
Je posai délicatement la feuille que je vins de remplir sur la pile de mon côté droit en soupirant légèrement, je sursautai légèrement de ma chaise en sentant la main ferme de Livaï tapoter mon épaule dénudée. Je levai mon regard (C/Y) sur lui pour le voir avec deux tasses fumantes dans une main ; l'une était calée contre sa paume rugueuse endurcie par la guerre et son passé tumultueux et l'autre était légèrement abaissée soutenue par le majeur et le pouce, son index était sur l'assise de la tasse. Il me tendit l'une des tasses avec sa façon tant étrange de prendre son thé. En tant normal, je n'étais pas une adepte comme Livaï du thé mais je me devais de reconnaître qu'il choisissait ce dernier avec goût, et qu'il savait parfaitement le faire contrairement à moi.

– Tiens prend, ça va te réchauffer.

Je le regardai légèrement étonnée par son sens de l'observation et entourai autour de mes deux mains la tasse blanche qui dégagea une chaleur forte, je le remerciai avec un doux sourire. Je portai à mes lèvres le liquide sombre en buvant doucement et fermant les yeux pour sentir la chaleur, amère mais agréable couler dans ma gorge.
Il s'assit enface de moi en gardant cette expression stoïque sur son visage harmonieux, ses traits furent tirés par la concentration en regardant des rapports.
Je me stoppai durant quelques minutes regardant l'homme au cheveux noir de jais avec un léger sourire ornant mes lèvres, mon coeur palpitait furieusement dans ma poitrine en sentant mes tripes se tordre.

Je savais que bon nombre de femmes convoitaient avec avidité le Caporal-chef Livaï ; cet homme était célèbre entre les trois murs grâce aux exploits sur le champs de bataille. Beaucoup de femmes aimaient son côté mystérieux et inaccessible, sa beauté froide ainsi que son côté ténébreux n'arrangeait pas à la situation.
Avant-hier j'avais été acheté un livre lors de mon jours de repos et par la suite je suis partie me promener dans Trost, un sentiment de jalousie m'avait submergé en entendant un groupe de trois filles plutôt coquette qui parlait de Livaï. Le noiraud m'avait déjà avoué qu'il n'y avait que moi avec qui il entretenait une liaison, maintenant je m'interrogeai. Pourquoi moi ?

  𝐿𝑎𝑑𝑦 𝐵𝑙𝑜𝑜𝑑. 𝚃𝚘𝚖𝚎 1 (Lɪᴠᴀɪ X Rᴇᴀᴅᴇʀ)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant