Chapitre Premier.

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Ma tête se cogne brusquement contre la fenêtre du train en raison des secouements désagréables du wagon passant sur le chemin de fer. J'ouvre les yeux en fronçant les sourcils et je me redresse de la parois vitrée. J'appuie sur la touche centrale de mon téléphone pour y laisser apparaitre mon fond 'écran qui m'indique l'heure actuelle.

8h16.

Je soupire intérieurement pour éviter de déranger la dame âgée se trouvant devant moi. 

Il me reste approximativement 1h30 de trajet avant d'arriver à ma destination finale. 

J'ai décidé de déménager à l'autre bout du pays pour répondre à un contrat proposé par un grand homme d'affaire. Il me promet une grande carrière et de nombreuses commandes partout dans le monde. Pour un jeune artiste comme moi, je ne pouvais pas me permettre de refuser une telle offre.

Me voilà donc dans un wagon, à 8h16 du matin, en direction de ma nouvelle vie.

Pour arriver à tenir la distance restante, j'avale quelques gorgées du café que me suis pris à la gare, juste avant mon départ.

Je grimace quand je sens que ma boisson est devenue froide. Je finis malgré tout les dernières gouttes qu'il me reste pour tenter de compenser mes heures de sommeil perdues de ces derniers jours.

Mes nuits se sont écourtées depuis quatre jours. J'ai enchainé la finalisation de mes dernières commandes et j'ai du faire mes cartons à une vitesse monumentale, sans compter mon réveil précipité d'aujourd'hui, à cinq heures du matin. 

J'ai également essayé de passer le plus de temps possible en compagnie de mes proches, que je ne reverrais probablement plus avant un certain temps.

J'ai un léger pincement au cœur en repensant à mes amis, ma famille et à ma ville natale. 

A partir d'aujourd'hui, j'habiterais en banlieue à des centaines de kilomètres de chez moi. 

Je frotte mes tempes du bout de mes doigts. Je n'arrête pas de maudire les deux enfants qui se trouvent derrière mon siège, n'arrêtant pas de crier, excités sur leur jeu vidéo. 

Je ne parle pas du couple situé à ma gauche, s'embrassant et s'enlaçant énergiquement comme si leur vie sentimentale démonstrative était une distraction pour les autres voyageurs. 

La dame âgée située en face est sagement assise sur son siège en écrivant sur son petit carnet qui me semble être rempli de grilles de Sudoku. 

Voyant que je l'observe, elle relève la tête de son livret de jeu et me souris aimablement. Adouci par cette vieille dame, je lui réponds pas un hochement de tête avant de me retourner vers la fenêtre et de me concentrer sur le paysage défilant à toute vitesse. 

Soudain, je sens mon téléphone vibrer et j'examine la personne m'ayant envoyé un message. C'est mon vieil ami Mike.

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Mike: Salut Erwin! Le voyage se passe bien? Pas trop fatigué? :)

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Je tapote sur mon clavier pour répondre au message bienveillant de mon ami.

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Moi: Un réel plaisir, entre les enfants insupportables et le couple gênant, j'ai tiré le gros lot!

Mike: Courage! Tiens moi au courant quand tu es arrivé dans ton nouveau chez-toi, je m'en vais bosser ;) 

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Je lui souhaite une bonne journée avant d'éteindre l'écran afin d'économiser un maximum de batterie. 

Tout à coup, le train s'arrête brusquement à son arrêt et je vois un de mes sacs basculer vers l'avant. Il est déjà trop tard lorsque je tente d'arrêter les dizaines de pots de peinture de tomber par terre. 

Dans une cascade de bruit assourdissants, je vois tous les récipients remplis de liquide colorés s'effondrer et rouler partout dans le wagon. Par chance, aucun d'eux ne s'ouvre. Je soupire un bon coup pour éviter de frapper le jeune garçon qui rigole énergiquement à côté de moi. 

J'enjambe le reste de mes affaires pour me lancer dans une chasses aux pots de peintures. 

-"Quelle idée d'avoir accepté ce contrat." dis-je en marmonnant entre mes dents.

Alors que je m'abaisse pour ramasser la couleur orange, je sens une petite main se poser délicatement sur mon épaule. Je me relève, le pot de peinture en main, et me tourne vers la personne ayant effectuer ce geste. 

Avec surprise, je vois la petite vieille dame me tendre gentiment le pot de couleur verte en me souriant d'un sourire doux. 

-"Un déménagement n'est jamais simple. Courage jeune homme!" me dit-elle de sa vieille voix rauque.

Je la remercie agréablement en reprenant le récipient avant qu'elle ne prenne son sac et qu'elle ne descende à son arrêt.

Je suis rassuré à l'idée de savoir que l'on trouve encore de bien gentilles personnes dans ce monde de fou.

Je reprends espoir et rassemble tous les pots en un rien de temps avec l'aide des passagers qui m'aident à ramasser ceux qui se trouvent à leurs pieds. Je prends le temps de tous les remercier avant de reprendre ma place, épuisé par cette faible action. 

Je jette un coup d'oeil à mes autres sacs afin de vérifier qu'aucun autre objet ne se soit échappé. Avec soulagement, je remarque que mes toiles, mes pinceaux, mes palettes et mon carnet de croquis se trouvent tous bien sagement dans leur contenant.

D'ailleurs, je plonge ma main dans un de mes sacs et arrive à attraper un crayon à papier et prends mon carnet de dessin. Je l'ouvre à la première page que je trouve vide et commence à gribouiller quelques idées qui me viennent à l'esprit. 

Je souris quand je me surprends en train de dessiner la vieille dame de tout à l'heure. Je me prête au jeu et commence à dessiner cette gentille grand-mère dans un magnifique champs de tulipes aux multiples couleurs. Je remplace son carnet de Sudoku par une toile et je dessine un pinceau à la place de son crayon gris. Je la recouvre de nombreuses taches de peinture vertes en référence au pot qu'elle m'a redonné il y a quelques instants. 

Après un certains temps, je trace les dernière rides de la dame et les ombres de mon dessin et je le contemple après avoir finit.

Je souris. Je suis plutôt fier de moi. 

Je referme mon carnet et constate que le temps est passé agréablement vite et que mon activité m'a permit d'oublier, pendant 1h30, les bruits horribles aux alentours.

Je range mes petites affaires à leur place quand j'entends la voix dans le microphone annoncer que nous arrivons à mon arrêt final. 

Je prends une grande inspiration.

Mon voyage jusqu'ici n'a pas été très convaincant, j'espère que ma malchance ne perdurera pas pendant ces longs mois à venir. 

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Hey ! 

C'est vraiment un petit chapitre pour introduire cette nouvelle fanfiction mais j'espère qu'elle vous plaira ;) 

A la prochaine.

Œuvre sentimentale. [Eruri]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant