Sixième Chapitre.

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Je donne un dernier coup de pinceau sur ma toile enfin finie. Cela fait quatre jours que je suis sur cette imposante peinture qui contient un nombre incalculable de détails en tout genre. 

Je tourne mon poignet sur lui même pour l'étirer après ces épuisantes heures de travail à gommer, tracer et peindre sur le tableau blanc et m'adosse contre le dossier de ma chaise de bureau.

Au moins, je suis plutôt fier du résultat. 

Si je l'accroche à mon balcon, je peux être certain qu'il sera sec demain et je pourrais aller à la poste pour l'envoyer à son propriétaire, qui me rémunérera dans les prochains jours. 

J'ai également profité de mes longues heures plongé dans ma peinture à réfléchir au concours de dessin qui se déroule dans une semaine. J'y ai longuement pensé et, je pense avoir une petite idée sympathique derrière la tête. 

Avec tout ce travail, je n'ai pas eu le temps de passer au magasin pour acheter une machine à café, bien que j'ai été payé il y  deux jours. 

Malgré mon peu de temps libre, j'ai quand même réussi à me trouver un peu de temps chaque jour pour passer me détendre au Mokafé et profiter de l'agréable ambiance de l'endroit pour décompresser un peu. A vrai dire, il n'y a pas que de l'ambiance du café dont je profite. 

A présent, la serveuse brune ne vient plus prendre ma commande et vient automatiquement me servir un café accompagné d'un sucre. 

Au passage, elle m'a précisé qu'elle se nommait Hange et qu'elle préférait que je la tutoie comme je suis maintenant un "habitué". 

Quant à Livai, il reste toujours adossé contre le rebord de la porte quand je déguste mon café. Je le soupçonne même de m'observer. Franchement, le savoir en train de me regarder ne me dérange pas, j'en suis même flatté.

C'est lui qui vient à chaque fois débarrasser ma table, sans m'adresser un mot même si je lui lance un léger sourire à chaque fois qu'il s'approche. Même si j'aimerais en savoir un peu plus sur lui, nos regards furtifs me suffisent pour l'instant.

Je regarde ma montre.

13h30.

Dans une heure Livai a finit de travailler. 

Comme je préfère aller au café en début d'après-midi, je me lève et enfile, en un temps record, mes chaussures et ma longue veste brune pour me préparer à sortir. 

Avant d'ouvrir la porte, je regarde mon reflet dans le miroir du couloir et replace mon col de chemise en tirant un léger coup dessus pour que je sois impeccablement bien habillé. 

Je sors enfin de mon immeuble.

Je marche sur le chemin habituel pour me rendre au Mokafé. Je ne croise pas énormément de gens, ils sont surement en train de manger leur repas du midi, à l'heure qu'il est. 

Après quelques minutes de marche, j'arrive enfin devant l'enseigne rustique du café et je pousse la porte d'entrée, ce qui a pour effet de faire retentir la petite clochette. 

Je salue Hange d'un geste discret de la main et prends place, pour ne pas changer, sur la banquette rouge se trouvant à coté de la fenêtre. 

Je regarde autour de moi et observe les vieux habitués assis sur leur tabouret contre le bar. La musique conviviale sort toujours du tourne-disque posé sur un vieux meuble en bois dans un des coins de la pièce et la plante posée derrière la banquette d'en face n'a pas bougé d'un pouce, mise à part qu'une légère fleur commence à pointer le bout de son nez. 

Je me demande intérieurement si Livai est encore là, puisque je ne l'ai pas encore aperçu. Mais je suis vite rassuré de voir, par la fenêtre de la porte menant à l'arrière salle, des cheveux noirs passer dans la pièce du fond. 

Je vois, dans le flou de ma vision, Hange débarquer avec mon fameux café et elle me dépose un sucre sur le côté. Elle me sourit aimablement avant de faire demi-tour.

-"Hange!" dis-je en l'appelant. 

Elle se retourne.

-"Oui?" dit-elle.

-"Tu peux rajouter un thé?" je lui demande.

Elle parait étonnée.

-"Tu attends quelqu'un?" me demande-t-elle.

Je souris d'un air gêné et passe une main dans mes cheveux.

-"Est-ce que, par hasard, Livai pourrait faire une pause dans son travail quelques instants?" je demande.

La brune met un léger temps de réaction avant de comprendre et acquiesce avec énergie avant de se précipiter dans l'arrière salle pour tenir le noiraud au courant. 

Quelques secondes plus tard, elle ressort de la pièce, un grand sourire aux lèvres et rentre derrière la bar pour faire chauffer l'eau du thé et placer les feuilles à infuser dans une tasse. 

De courtes minutes se sont écoulées et l'odeur du thé règne à présent dans le café. Hange prend la tasse et la pose sur une soucoupe avant de venir la poser à ma table, en face de moi.

Je lui souris en la remerciant et elle me tapote, peu délicatement, l'épaule.

-"Il va arriver." dit-elle avant de me faire un clin d'œil et de tourner les talons. 

En effet, un instant plus tard, le petit noiraud sort de la salle secondaire, impassible.

Au vu de sa tête et de ses mains dans ses poches, je me demande si il n'est pas énervé de venir à ma table et lorsqu'il prend place, je le surprends à froncer les sourcils.

-"Tu m'imposes un thé maintenant? Tu es bien culoté." dit-il.

-"Je payerais l'addition, ne vous inquiét-" dis-je.

-"Tutoies moi, je n'ai pas 60ans." me coupe-t-il en prenant une gorgée. 

-"Je m'occupe de payer, ne t'inquiète pas" je me corrige.

Il lève ses yeux de sa boisson pour me fixer d'un regard froid. Plongé dans ses pupilles grises, je ne peux sentir que mes battements de cœur qui augmentent étrangement vite. 

-"Tch. Tu ne pas appelé pour rien j'espère?" me dit-il en coupant notre jeu de regard. 

Je dépose ma tasse après avoir bu une gorgée de mon café légèrement sucré. 

-"Je me suis dis que ce serait sympa de passer un moment ensemble." dis-je.

-"Tu aurais pu faire ça en dehors de mes heures de travail! Et puis, si tu voulais passer un moment à deux, l'idéal ne serait pas dans ce café, bondé de monde." dit-il en déviant le regard sur le côté. 

-"J'organiserais ça pour une prochaine fois, si tu le désires tellement." dis-je sur le ton de la rigolade.

-"Je n'ai jamais dit ça." dit-il en haussant un sourcil.

J'émet un rire silencieux. 

-"Mais je voudrais tout de même de demander quelque chose." dis-je.

Il retourne sa tête vers moi, intéressé.

 Voyant qu'il ne répond rien, je décide de poursuivre. 

-" On m'a proposé de participer à un concours de dessin sur toile. Il y a un léger thème imposé mais sinon, j'ai carte libre. Alors, j'ai réfléchis pendant un certain temps et, je me suis dit que comme tu es aussi dans le monde artistique, tu comprendrais surement ce que je veux di-" dis-je. 

-"Viens-en au fait." dit-il en soupirant.

Je suis surpris de son interruption et je me rends compte que j'ai légèrement trop parlé. Je prends une grande inspiration.

-"Tu veux bien que je te dessines?" dis-je.

Œuvre sentimentale. [Eruri]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant