Onzième Chapitre.

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Changement de point de vue:

Dans la précipitation, je fourre mes feutres, ma peinture et tous mes accessoires de dessins dans un sac. J'avale rapidement la dernière gorgée de mon verre d'eau et enfile mes chaussures ainsi que ma veste. Je passe un coup de peigne dans mes cheveux et remet mon col de chemise correctement. Essoufflé, j'éteins les lumières et sors de mon appartement en fermant la porte à double-tours. 

Je marche à toute vitesse, ma peinture sous mon bras, pour me rentre au lieu de rendez-vous que j'ai moi-même donné à Livai. Malgré qu'il ne soit que 14h30, je préfère être à l'avance. Je n'apprécie guère arriver en deuxième. 

Je passe devant la boulangerie dans laquelle j'ai acheté mes premières viennoiseries en aménagent ici et une idée me traverse l'esprit quand j'aperçois les pâtisseries dans le présentoir. 

Je fais une pause dans ma marche rapide pour rentrer dans la boutique et je m'approche du comptoir pour parler à la boulangère.

Elle m'accueille gentiment et je lui achète une dizaine de macarons. J'espère que Livai apprécie ces petites pâtisseries.

Une fois les petits choses colorées précieusement posées dans une boite en carton, je me remet en marche en direction du chemin qui longe la rivière. 

Il me faut une bonne vingtaine de minutes avant d'apercevoir le banc à une trentaine de mètres. Finalement, j'ai bien fait de partir à l'avance. 

Je prends place sur le siège en bois et déplie doucement mes affaires en faisant attention à ne pas tout faire tomber, comme une certaine expérience que j'ai déjà vécue dans un train. 

La belle luminosité de la nature me permet de remarquer les différents endroits où je n'ai pas mit de couleur et j'effectue quelques modifications en rajoutant quelques reflets par-ci, par-là. 

Il ne manque plus que les nombreux détails restants sur le visage du noiraud et sur le centre des fleurs. Je suis assez fier, le tableau ressemble parfaitement à ce que j'avais imaginé.

La représentation de Livai, s'arrêtant à la hauteur de son buste, montrant une expression terne mais muni d'un visage parfaitement formé, est entourée de diverses fleurs colorées. J'ai accentué sur la couleur verte, en référence à la vieille dame du train, que je n'ai toujours pas oublié. 

J'apprécie particulièrement le contraste entre les pétales aux couleurs vives et les cheveux couleur jais du noiraud. 

En parlant de lui, je vois une petite silhouette marcher dans le flou de ma vision. Livai s'approche, les mains dans les poches, en regardant devant lui munit de son habituel regard froid. 

Je lève mon regard de ma toile et l'abaisse légèrement pour qu'il m'aperçoive. Je lui souris tendrement et tapote la place libre à côté de moi pour qu'il prenne place. 

Mais quand il passe devant le banc, il ne s'arrête pas pour s'asseoir mais se place juste devant moi. Je le regarde d'un air interrogateur.

-"Bonjour?" dis-je d'un ton rempli d'incompréhension.

Mais Livai ne répond pas. Il pose ses petites mains sur mes deux cuisses et se penche pour approcher son visage du miens. Étonné, mais pas déçu, je souris lorsque ses lèvres viennent aux contact des miennes. 

En essayant de calmer les grésillements qui s'amplifient au creux de mon ventre, je dépose le pinceau que je tiens entre mes doigts et glisse ma main dans son cou. 

Après quelques secondes, le noiraud se recule et soudain, il tape brusquement son front contre le miens.

-"Aie!" dis-je en me frottant le haut de la tête.

Œuvre sentimentale. [Eruri]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant