Septième Chapitre.

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Changement de point de vue.

Je tente de garder un air neutre après la demande cocasse d'Erwin. 

Me faire dessiner par lui?

Ca ne me déplait pas du tout sachant que, sous mes airs glacials, ce grand blond m'attire légèrement. Même beaucoup. 

Ne sachant pas trop quoi répondre en restant le plus neutre possible, je décide de jouer la carte de la précaution.

-"Je refuse de poser nu." dis-je en le dévisageant.

Je le vois écarquiller les yeux de surprise avant de percevoir ses joues légèrement rosées. Il passe une main derrière son cou et se frotte nerveusement la nuque.

-"Non, évidement, je n'oserais pas" dit-il. "C'est simplement un portait de toi entouré de diverses fleurs que je souhaiterais faire."

-"Des fleurs?" je demande.

-"Oui, c'est le thème imposé." m'affirme-t-il. 

Je croise mes bras sur mon torse. 

-"J'ai beaucoup de travail ces temps-ci, ça risque d'être compliqué. Et puis, ce n'est pas trop mon genre d'activité. " dis-je en mentant pour le faire languir. 

Je le vois me regarder d'un air déçu, qu'il essaye de cacher dans un sourire compatissant.  

-"S'il te plait, tu peux avoir ce que tu souhaites en échange!" dit-il d'un air enthousiasme. 

C'est quelques secondes trop tard qu'il se rend compte de ce qu'il vient de dire, mais il est déjà trop tard et j'ai déjà trop vite assimilé cette information.

J'esquisse un rictus narquois en reposant mes mains sur la table.

-"Ce que je veux tu dis?" dis-je.

Je remarque qu'Erwin à dévier son regard pour se distraire en observant les passants de dehors. Il semble réfléchir à une réponse idéale, tout en gardant son calme malgré que ses joues déjà légèrement roses le trahissent.

-"Enfin, tout ce qui est dans le possible du faisable, évidement." dit-il en se retournant vers moi.

-"Intéressant." dis-je.

-"Je prends ça comme une acceptation?"" me demande le blond.

-"Si le tableau est laid, je le déchire, peu importe le temps que tu auras mis dessus." dis-je en reprenant un ton froid. 

Je mène ma tasse à mes lèvres et bois la dernière gorgée qui s'y trouve avant de reculer la soucoupe un peu plus loin sur la table. 

Je m'apprête à me lever jusqu'à ce qu'Erwin prenne la parole.

-"Tu es en congé dimanche?" me demande-t-il.

Je réfléchis à toute vitesse. Je compte me rendre dans la ville d'à côté pour prendre des photos intéressantes et j'ai rendez vous avec Petra à 15h pour lui donner une commande. 

-"Je suis disponible vers 17h." dis-je. 

Il acquiesce en prenant note dans un petit cahier que j'ai déjà aperçu lors de ces nombreuses visite ici. 

-"Je t'attendrais" dit-il en déchirant la feuille de son carnet. " Voici mon adresse." 

Il me tend le petit bout de papier que je range dans ma poche. Je l'entends soupirer.

-"Je suppose que tu dois retourner travailler?" dit-il.

Je hoche la tête légèrement en guise de réponse, content de savoir qu'il en est déçu. Je me lève de la banquette en cuir rouge et, avant de repartir derrière le comptoir, je passe devant le grand blond.

Je m'arrête discrètement à sa hauteur et pose mes fins doigts sur le bas de son visage et m'approche de lui. 

-"N'oublie pas ce que tu m'as promis." dis-je, provocateur.

Je remarque avec satisfaction son regard surpris après ma phrase. Mais alors que je vais reprendre mon chemin, il se lève de sa banquette et me surpasse de trente centimètre. Il pose une main sur mon épaule et se rapproche de mon oreille.

-"On verra ce que tu désires." dit-il en murmurant. 

Il enlève sa main et enfile son manteau en prenant la direction de la sortie après avoir salué Hange.  

Je reste quelques millièmes de seconde figé à ma place le temps de réaliser ce qu'il vient de se passer. 

D'habitude, les hommes que je provoque se contente d'être mal-à-l'aise ou timides mais celui là, c'est le premier qui répond à mes provocations et, de plus, qui arrive à me déstabiliser légèrement.

Je fronce les sourcils, frustré, et me dirige vers Hange qui m'observe depuis quelques secondes avec ses yeux plissés derrière le bar. Dès qu'elle m'aperçoit, elle arrête ce qu'elle est en train de faire et viens à ma rencontre, un peu trop proche à mon gout. Je mets une main devant moi pour la stopper dans son élan. 

-"Stop toi là, la binoclarde, et ne me pose pas de question." dis-je. 

-" Il s'est passé un truc?" dit-elle en niant totalement ce que je viens de dire.

Je ne réponds pas à sa question et la décale brusquement pour pouvoir me réfugier dans la salle de derrière. Mais avant que je ne puisse rentrer, elle se faufile devant moi et se positionne dans l'encadrement de la porte pour me bloquer le passage. Je la dévisage en croisant mes bras sur mon torse. 

-"Je ne dirais rien!" promet-elle.

-"On se revoit dimanche" dis-je en soupirant.

Je ne lui laisse pas le temps de répondre et je lui donne un coup de genou dans le ventre pour qu'elle laisse un passage devant la porte. Crispée de douleur, j'en profite pour la décaler afin de pouvoir enfin passer dans la pièce. 

Mais alors que je pensais que la brune allait se tordre de douleur pendant un bon moment, elle se retourne vers moi, une main sur le ventre, en souriant malgré le coup.

-"Vous vous rejoignez où?" me demande-t-elle.

Je la regarde de haut en bas avant de refermer la porte derrière elle. 

-"Tu me fais pitié." dis-je.

-"Dis le moi, Livai!" presse-t-elle.

-" Chez lui." dis-je en me remplissant un verre d'eau. 

Elle manque de s'étouffer.

-"Le feeling est si bien passé que ça ? Vous avez été vite!" dit-elle.

Je manque de lui jeter mon verre à moitié rempli sur la figure.

-"Mais non, binouille. Il va..me dessiner." dis-je. 

Je l'entends pouffer de rire. 

-"Toi? Tu as accepté de te faire peindre? Tu as une idée derrière la tête, mon petit Livai." me dit-elle en me lançant un regard rempli de sous-entendus.

-"Pas du tout." dis-je en buvant une gorgée. 

Elle se retourne enfin pour ressortir de la pièce, toujours un peu repliée sur elle même en posant une main sur son ventre. Hange pose une main sur la poignée et se retourne une dernière fois vers moi avant de sortir.

-"Même si ce n'était "pas ton but", tu devrais en profiter." dit-elle en faisant un clin d'œil.

Je la vois repasser du côté bar et je pousse un soupire quand je vois enfin sa silhouette disparaitre. 

Hange est très gentille mais, Dieu sait à quel point elle peut être intrusive dans la vie des gens.

Tout en finissant mon verre d'eau, je jette un coup d'œil sur le calendrier poser sur le frigo et je compte le nombre de jours qu'il me reste avant d'aller chez Erwin. 

Je manque de m'étouffer avec ma boisson lorsque je remarque que nous sommes déjà Vendredi et qu'il ne me reste que deux jours pour me préparer à aller chez le grand blond. 


Œuvre sentimentale. [Eruri]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant