Des vacances de Mills

XX - Lueurs sur le lac

La pièce baignait dans une lumière tamisée, les ombres des rideaux flottant lentement dans une brise à peine perceptible. La tension s'était peu à peu dissipée, laissant place à une fatigue palpable. Robin, le front plissé par la concentration, avait lutté contre le sommeil aussi longtemps qu'il le pouvait, ses yeux parcourant encore et encore les mêmes lignes, les mots se brouillant toutefois sous l'effet de l'épuisement. Mais, après plusieurs heures, ses paupières devint trop lourdes. Il avait voulu lire une phrase de plus, une ligne de plus, mais sa tête s'était inclinée, reposant doucement sur la pile de papiers éparpillés devant lui. Son souffle s'était stabilisé, régulier, signe qu'il avait enfin cédé à la fatigue. Regina l'observa un instant, une tendresse inattendue se glissant dans son regard. Le voir ainsi, endormi au milieu des preuves qui scelleraient probablement leur avenir, la frappa d'une étrange douceur. C'était comme si, l'espace d'un moment, tout ce chaos s'était suspendu, laissant place à un calme fragile mais apaisant. Lentement, presque en retenant son souffle, elle se leva, veillant à ne faire aucun bruit qui pourrait le réveiller. Ses mouvements étaient calculés, précis, comme si le moindre son pouvait briser ce moment de répit qu'ils avaient si désespérément besoin de savourer.

La jeune Mills récupéra un vieux plaid posé au pied du lit et le déposa sur Robin, ses doigts effleurant brièvement ses épaules, puis s'éloigna. Elle savait qu'il aurait voulu continuer à lire, à déchiffrer les mystères cachés dans ces documents, mais il avait besoin de repos. Et elle, elle avait besoin d'un peu d'espace. Alors, non sans un regard en arrière, elle quitta la chambre, la porte se fermant dans un léger bruit derrière elle. Les couloirs du bâtiment étaient plongés dans une semi-obscurité, éclairés uniquement par la faible lumière qui commençait à filtrer à travers les fenêtres. Regina se dirigea, presque mécaniquement, vers l'extérieur. Son esprit était encombré, saturé par tout ce qu'elle venait d'apprendre. Son père avait voulu fuir. Il avait tenté de la protéger, elle, Zelena et leur famille, mais Cora avait tout détruit. Cette révélation lui pesait lourdement, comme un poids qu'elle devait dorénavant porter. Elle traversa le jardin, ses pas silencieux sur l'herbe humide, avant d'atteindre un sentier familier qui menait à la rivière. Ce chemin elle avait tellement l'habitude de le traverser qu'elle pourrait s'y rendre les yeux fermés. Ce fut un peu le cas aujourd'hui puisqu'elle ne se concentra pas le moins du monde sur ses pas, ses pensées étant bien trop envahissante.

Regina aimait cet endroit. Enfant, elle venait souvent ici avec Henry, pour des pique-niques improvisés ou simplement pour s'échapper des obligations familiales. Aujourd'hui, cet espace lui semblait à la fois familier et étranger, chargé des souvenirs heureux d'autrefois, mais assombri par les vérités qu'elle venait de découvrir. Arrivée au bord de l'eau, elle s'assit contre son arbre fétiche, les genoux ramenés contre sa poitrine. Le murmure de la rivière était apaisant, un contraste frappant avec la tempête de pensées qui l'assaillait. Elle fixa l'horizon, où le ciel, encore sombrement teinté, commençait à virer doucement à l'orange et au rose. Les premières lueurs du soleil apparaissaient timidement, écartant peu à peu l'obscurité de la nuit. Regina inspira profondément, laissant l'air frais du matin emplir ses poumons. Elle avait besoin de ce moment. Elle avait besoin de réfléchir, de digérer tout ce qu'elle avait découvert, mais surtout, de comprendre comment tout cela allait changer sa vie. La vérité sur son père, sur Cora, sur les mensonges qu'elle avait cru si longtemps... C'était comme si les pièces du puzzle trouvaient peu à peu leur place, mais au lieu d'une satisfaction, c'était un sentiment de trahison qui s'insinuait en elle.

- Il savait... murmura-t-elle, à peine audible.

Ces deux mots, si simples, résonnaient pourtant avec une force qu'elle n'aurait jamais imaginée. Henry avait su ce que Cora était capable de faire. Il avait tenté de la fuir. Et elle... elle avait été aveugle à tout cela. Pendant des années, elle avait accepté la version des faits que Cora lui avait donnée, la laissant modeler ses pensées, ses sentiments, sa perception de la vérité. Mais à cet instant précis, Regina se rendit compte qu'elle n'était plus la même personne. Elle ne pouvait plus être la même personne. Ces découvertes l'avaient changée, irrémédiablement. Les rayons du soleil perçaient désormais à travers les arbres, réchauffant doucement son visage. Elle leva les yeux, suivant des nuages qui glissaient paresseusement dans le ciel qui s'embrasait de couleurs vives. Le monde semblait reprendre vie après la nuit, mais pour Regina, cette aube marquait le début d'une toute nouvelle bataille. Elle se sentait à la fois perdue et déterminée, fragile et forte, effrayée mais étrangement apaisée. Le calme de la rivière l'aidait à mettre de l'ordre dans ses pensées. Chaque reflet sur l'eau lui offrait un semblant de clarté, comme si la nature elle-même cherchait à lui apporter un peu de réconfort dans ce chaos. Mais au fond d'elle, elle savait qu'elle devait agir. Ce qu'ils avaient découvert ne pouvait pas rester caché. Il y avait encore tant de questions sans réponses, mais elle était prête à les affronter.