Let me love you! Tome 1

Chapitre 49

Le mois de janvier passa à une vitesse folle, si bien que quand je m'en aperçus février pointa déjà le bout de son nez. Entre les dernières candidatures pour l'université, les derniers devoirs à rendre avant la fin du semestre et la préparation des examens finaux qui auront lieux dans quelques mois, on a tous tellement étaient débordé que j'ai l'impression de n'avoir vu personne depuis des semaines alors que je les vois pour la plupart tous les jours en classe.

Même les moments avec Callum se font rare. On a réussi à passer quelques nuits ensemble, quelquefois chez moi et beaucoup plus chez lui mais ce sont les seuls moments de répit qui se sont offert à nous. Cette situation est aussi frustrante pour lui que pour moi, même si on sait que les prochains jours seront plus calmes.

Heureusement j'ai réussi à avoir un peu de temps pour rendre visite à Demi qui est restée chez elle depuis le jour où elle a tenté de sauter du toit de l'école. Elle n'avait pas très bonne mine mais j'ai vu dans ses yeux qu'elle était à la fois heureuse et surprise de me voir. Je crois qu'elle ne s'attendait pas à ce que je tienne ma parole. Merde, à sa place j'aurais même pensé que j'avais fait ça juste pour qu'on dise du bien de moi. Forcément quand vous n'avez jamais pu compter sur personne, c'est dur de croire qu'il existe des gens prêts à vous aider sans rien demander en retour. Mais c'est à moi de lui prouver qu'elle peut s'appuyer sur moi et que je ferais tout pour qu'elle aille mieux. C'est d'ailleurs pour cette raison que je lui ai proposé de l'accompagner au commissariat la semaine prochaine pour répondre aux nouvelles questions que veulent lui poser les policiers à qui elle a raconté son histoire à l'hôpital. Je ne sais pas ce qu'elle leur a dit mais tout ce que je sais c'est que c'était assez important pour que les policiers demandent à la revoir. Peut-être qu'ils veulent la convaincre de déposer plainte alors qu'elle refuse cette idée à chaque fois que j'évoque le sujet avec elle. J'ai conscience à quel point ce pas est difficile à passer et je ne suis pas sûre qu'elle arrivera à le franchir un jour, mais quoiqu'il arrive je ferais tout pour l'accompagner. Peu importe ce qui l'aidera à guérir.

J'ai eu un pincement au cœur quand ses parents m'ont annoncé qu'ils envisageaient de quitter la ville et de repartir à zéro ailleurs. Je crois que la TDS de leur fille a été un choc si insupportable qu'ils veulent tout faire pour que cela ne se reproduise pas. Ainsi Demi pourrait s'éloigner de ce qui lui a fait tant de mal et même penser à se reconstruire tout doucement loin de ce qui la terrifie encore aujourd'hui.

Pendant ce temps-là, la fin du premier semestre approcha et les garçons nous ont proposés de passer notre samedi après-midi à la plage, pour qu'on puisse enfin tous se retrouver. Au début, mon premier réflexe a été de refuser. L'idée de devoir m'exhiber un peu plus que d'habitude devant eux m'angoissait mais c'est sans compter sur la franchise de ma plus fidèle amie qui m'a tout de suite remis les idées en place.

- C'est limite insultant que tu puisses penser qu'on se mettrait à juger ton corps, m'a-t-elle dit. Tu es magnifique et aucun de nous n'oserait dire le contraire et encore moins le penser. Quant aux autres personnes ça n'a aucune importance parce qu'ils n'ont aucune importance.

Elle insista sur les derniers mots ce qui me fit soupirer.

- Ce n'est pas ce que je voulais dire. Je sais tout ça, mais...

- Tu ne peux pas t'en empêcher ? me coupa-t-elle. Tu doutes tellement de toi que quand tu passes à côtés de quelqu'un et que tu entends un rire, tu as l'impression qu'on se fout de toi. Que lorsque que tu croises le regard d'une personne tu penses qu'elle te dévisage. C'est tellement impensable pour toi, que lorsqu'on te fait un compliment tu as l'impression qu'on ne le pense pas vraiment.

J'hoche la tête, sous le choc qu'elle comprenne aussi facilement. Elle me prit les mains et plongea ses yeux aussi bleus que l'océan dans les miens.