Chapitre 24

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Si jusqu'ici je trouvais que ma vie n'avait rien d'une vaste blague, je crois que maintenant j'en suis persuadée. Comme une immense farce qui se déroule sous mes yeux, j'ai découvert la récompense qui m'était réservé pour ce stupide concours, auquel je n'aurais jamais participé de mon plein grès.

Une lettre de recommandation dans les meilleures facs de l'état de Floride et en prime un entretien avec le doyen de MU, l'université privé de Miami. Selon certains élèves, c'est un ami proche du directeur de Princeton High. Ce qui expliquerait que j'ai obtenue si facilement un rendez-vous avec un homme d'une telle importance

Si je n'étais pas persuadée que ma vie n'était remplie que de malédiction, je croirais qu'une personne là-haut et contre moi. Comme si je n'avais pas assez de Mamita et Aileen sur mon dos depuis qu'elles savent que je ne veux pas aller à l'université. Et voilà que ce fichu concours en rajoute une couche.

Quand ma grand-mère a su ce que j'avais remporté, elle m'a d'abord félicité et répété pendant des heures qu'elle était fière de moi. Mais elle ne s'est pas privée de me rappeler que c'était une chance que je ne pouvais en aucun cas refuser. Elle est même allée jusqu'à dire que c'était un signe de la vie !

- Depuis quand tu crois aux signes de la vie toi ? Tu ne crois même pas en dieu ! lui ai-je répondus.

Mais comme elle sait si bien le faire à chaque fois, sa réponse me cloua le bec :

- Depuis que j'ai revus le sourire de ma petite fille.

Elle a dit ça avec tellement d'authencité et d'espoir, que je n'ai pu que lui offrir un sourire désolant. J'oublie souvent qu'elle aussi paye les pots cassés de de tous ce que j'ai dû affronter. Sans elle je ne suis rien, et c'est pour ça que je ne peux pas partir, je n'y arriverais pas sans elle.

Je me mis à imaginer ce que serait ma vie si j'étais une étudiante normale, sur les bancs de l'université, qui enchainerait des cours qui sont censés la passionner, qui se ferait des tas d'amis, en allant dans d'immenses fêtes sur le campus, quand ma Tante me sortit de ma rêverie en laissant tombé un immense carton sur sa table du salon qui doit valoir une fortune.

- Je suis contente que tu viennes m'aider à mettre toutes ces décorations. Toutes seules ça m'aurait pris des heures.

Elle repoussa d'un geste de la main, les cheveux qui s'échappèrent de sa queue de cheval.

Je lui souris, ne sachant pas quoi répondre.

Quand elle m'a appelé il y a deux jours pour me demander si je pouvais venir l'aider pendant ce premier jour de vacances à mettre les décorations de noël, j'ai d'abord hésité. Je n'aime pas noël, et encore moins tous ce qui est décoration de sapin, guirlandes et chaussettes sur la cheminée.

Ce serait un mensonge de dire que je n'ai jamais aimé noël, jusqu'à mes 14 ans, j'attendais avec impatience cette période, comme tout enfant normale. Mais à la mort de ma mère, je me suis mise à détester ça. Pour moi c'est devenu un jour qui me rappelle plus que jamais qu'elle n'est plus là.

Mais c'est sans compter sur la détermination de ma tante, qui a insisté pour que l'on passe cette journée ensemble. Pour apprendre encore mieux à nous connaitre.

C'est vrai que depuis que je suis arrivée ici, je n'ai pas eu beaucoup de moment seul à seul avec elle et qu'enfin de compte elle est encore un peu une inconnue pour moi.

J'ai fini par accepter pour lui faire plaisir. Je sais, que tout comme moi, elle porte le poids de la culpabilité depuis la mort de sa sœur, et qu'elle essaye de rattraper tout ce temps perdu avec moi.

- J'ai conscience que pour toi, noël n'est plus une fête très joyeuse, continua-t-elle avec un sourire plein d'empathie.

D'habitude je lui aurais rembarré sa pitié au visage, mais je sais que ce n'est pas de la compassion comme j'ai pu la voir dans le regard de pleins de gens ces dernières années. Je sais qu'elle dit ça pour tenter d'aborder un sujet qui est devenue tabou dans nos vies à toutes les deux.

Let me love you! Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant