Chapitre 50

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- Qu'est-ce qu'il se passe ? Tu ne devrais pas être à ton cabinet Aileen ?

Heureusement que Callum est à côté de moi et qu'il a le courage de prendre la parole parce que je suis incapable de parler. Je me contente de fixer ma grand-mère, essayant de capter le moindre signe qui me permettrait de deviner la bombe qu'elles s'apprêtent à lâcher. J'ai eu à faire à ce regard tellement de fois, que je me demande comment je fais pour ne pas paniquer.

Va-t-on me laisser tranquille un jour ?

- Venez-vous assoir, s'exclama ma tante en nous montrant les chaises en face des leurs.

Elle fuit mon regard, tout comme Mamita qui garda les yeux rivés sur le papier devant elle.

Callum prit mon bras pour me faire avancer jusqu'à la chaise. Il ne lâcha pas ma main, même quand ma tante fit glisser des feuilles devant moi.

- Qu'est-ce que c'est ? arrivais-je à prononcer.

Je pose la question mais je n'ai pas envie de connaitre la réponse. Ma tante tourna les yeux vers ma grand-mère se demandant si c'est à elle de m'expliquer ou si elle va avoir le courage de le faire elle-même.

- Ma chérie, commença Mamita, avant toute chose tu dois savoir qu'il n'y a aucune obligation. Si tu ne veux pas on refusera et on trouvera une solution.

Mes sourcils se froncèrent.

- Pourquoi je serais obligée de faire quelque chose ? Vous pourriez être un peu plus claire ? m'agaçais-je.

Aileen se racla la gorge avant de parler d'une voix monotone :

- Tu as reçu un courrier de ton avocat, disant que ton...Peter demandait à te voir. Il a été transféré dans une prison à Jacksonville en Floride et il aimerait que tu lui rendes visites là-bas.

- Quoi ? s'écria Callum à côté de moi. C'est hors de question qu'elle y aille !

Une fois de plus les mots me manquèrent. Plusieurs se bousculèrent dans ma tête mais je suis incapable de les exprimer à voix haute.

Mon géniteur veut me voir. Il veut me parler, après toutes ces années de silence. Je ne comprends pas pourquoi maintenant et pas avant ? Est-ce parce que le procès approche à grand pas et que j'ai refusé de témoigner en sa faveur ? Je ne pense pas être capable de lui faire face, surtout dans un endroit aussi glauque qu'une prison. Je ne sais même pas comment je réagirais si un jour je me retrouvai en face de lui. Est-ce que je lui crierais dessus ? Est-ce que j'aurais peur de lui ? Ou je m'effondrerais en me rappelant tous les souvenirs du père que j'ai aimé ?

La culpabilité recommença à me ronger comme à chaque fois que j'admets avoir aimé la personne qui a fait le plus de mal autour de moi, qui a détruit ma famille. Comment puis-je admettre avoir admiré un jour ce monstre ?

- Pas la peine de s'énerver. Personne ici ne veut qu'elle y aille.

C'est encore ma tante qui a parlé. Ça se voit qu'elle est dans son élément et que les réunions de crise elle connait.

Quand je regarde ma grand-mère, je vis tout de suite à son regard qu'il y a quelque chose que je ne sais pas. Son silence m'en dit bien plus que le peu de mots qu'elle a prononcé.

- Dis-moi la vérité Mamita. Est-ce que c'est la première fois qu'il demande à me voir ?

Je ne suis pas stupide. Si je n'étais pas obligé d'aller le voir elles ne feraient pas cette tête toutes les deux. Elles auraient jeté cette foutu lettre à la poubelle sans jamais m'en parler.

Deuxième coup d'œil inquiet entre la mère et la fille. Je n'en peux plus t'attendre qu'elles crachent le morceau. Mon irritation monta d'un cran et je sais qu'elle le ressent.

Let me love you! Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant