Chapitre 46

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La dernière fois que j'ai mis les pieds dans un hôpital, c'est quand on m'a annoncé que j'avais faillis mourir. Heureusement pour moi, cette fois-ci ça ne concerne ni moi ni une personne que j'aime. Quand ma mère est morte, je ne me souviens pas être allée la voir à l'hôpital. Mais j'ai tellement de souvenirs flous de cette époque que je ne suis plus sûre de rien. Je me rappelle seulement que Mamita m'avait dit à l'époque que ma mère s'était éteinte dans l'ambulance sur le chemin de l'hôpital. Apparemment les ambulanciers n'avaient rien pu faire. Elle avait fait une hémorragie cérébrale beaucoup trop importante pour la sauvée. La seule chose dont je me souviens ce sont les mots de ma grand-mère, comme si c'était hier :

- Ta maman n'a pas souffert ma chérie. Elle s'est endormie dans l'ambulance et son cœur s'est arrêté dans son sommeil.

Quand j'y pense c'est un peu ironique d'avoir dit ça nan ? Elle n'a pas souffert. Bien sûr que si elle a souffert. Peut-être pas le jour où elle est morte. Seulement, elle souffrait tous les jours, à chaque second passé aux côtés de mon père. Finalement, peut-être que ce jour-là elle n'attendait que ça. D'être enfin loin de lui, de la violence et de la souffrance. C'est sûrement la meilleure chose qui aurait pu lui arriver. Là où elle est, j'aime me dire qu'elle a enfin trouvé la paix.

Une douleur dans la main droite me sortit de ma rêverie. Callum me broya la main sans s'en rendre compte et me la desserra légèrement quand j'essaye de me dégager.

- Désolé..., grimaça-t-il.

Son visage est fermé, il l'est depuis qu'on est parti de chez lui. Il n'a même pas dit un mot pendant le trajet. J'aimerais tellement être dans sa tête pour voir tout ce qui s'y passe en ce moment.

Va-t-il finir par reculer ? Je n'espère pas. Jusqu'au dernier moment, j'ai cru qu'il allait se désister. Mais maintenant qu'on est devant la porte qui nous sépare de son grand-père, il n'y a plus de retour en arrière. Même si je dois le pousser pour rentrer.

Au moment où il s'apprêta à toquer, Alexander ouvrit la porte de l'intérieur et leva les sourcils, surprit de nous voir ici. Son visage afficha un demi-sourire, reflétant son immense soulagement.

- Je suis tellement content que tu sois venu, dit-il en s'adressant à son fils. Et toi aussi Victoire. Je sais qu'il ne se serait jamais déplacé si tu n'avais pas été là.

Je lui fis un petit sourire, ne sachant pas quoi ajouter d'autre.

- Vous pouvez rentrer, Georges est réveillé, poursuit-il. Je dois aller parler avec les médecins de ton grand-père.

Callum hocha la tête et prit une grande inspiration avant de pousser la porte. Sa main ne lâcha pas la mienne tandis qu'il m'entraina dans cette petite chambre blanche, qui sens le détergent et les produits de soins.

L'homme qui est allongé dans le lit ne nous remarqua pas tout de suite, bien trop occupé à regarder par la fenêtre. Je n'ai jamais vu sa mère mais il ne fait aucun doute que Georges est bien son grand-père. Sa mâchoire est aussi prononcée que celle de Callum et son nez est aussi bombé que le sien. Mais ses cheveux et sa barbe sont teintés de gris, signe du temps qui passe.

Est-ce qu'il avait déjà les cheveux blanc la dernière fois que Callum l'a vu ? Son regard me dit que non. J'ai l'impression qu'il ne le reconnait pas. A-t-il changé tant que ça ? En même temps trois ans c'est long quand on y pense.

Soudain je pense à mon père, a-t-il changé lui aussi ? Arriverais-je à le reconnaitre ?

- Callum ? s'étonna Georges, me faisant revenir sur Terre. C'est bien toi où je commence déjà à perdre la tête ?

Let me love you! Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant