Chapitre 51

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Appuyée contre la rambarde, je ne suis pas surprise quand je sentis le corps chaud de Callum se coller contre mon dos et que ses bras se refermèrent autour de moi dans un geste réconfortant que j'accepta avec plaisir. Je rejette la tête en arrière pour m'appuyer contre son épaule et ferme les yeux. Callum en profita pour déposer un baisé contre ma tempe et cette petite attention suffit à me faire perdre tout le contrôle que je gardais jusqu'à maintenant. Même les yeux fermés, je sentis les larmes couler et inonder mes joues jusqu'à mes lèvres. Elles ont un goût salés, mais je sentis surtout le goût de la culpabilité mélangée à de la colère et au mensonge. Encore une fois. J'ai beau être dans ses bras je me sentis terriblement seule d'un coup.

Callum ne dit rien, me serrant un peu plus contre lui pour calmer les sanglots que j'essaye moi-même de contrôler. Pour une fois ce silence m'étouffa et je le sentis aussi surpris que moi quand j'ouvris la bouche pour parler de ce que je n'ai pas encore réussi à évoquer avec ma thérapeute et qui pourtant je le sais, sera étalé au grand jour lors du procès qui aura lieu cette été :

-J'étais avec lui ce soir-là.

Je ne dis pas son nom mais quelque chose me dit, dans la façon dont le corps de Callum se crispa, qu'il a compris.

- Je ne sais même plus pourquoi mais il avait été en colère contre moi toute la journée. Je crois qu'il m'avait vu parler avec un garçon de mon cours de théâtre, et ça ne lui avait pas plus. Au début je pensais qu'il était juste un peu jaloux mais en fait c'était pire que ça. Il ne supportait pas que quelqu'un soit gentil avec moi, qu'un garçon ose venir me parler en public. Alors il a débarqué chez moi quand il savait que je serais toute seule.

C'était un jeudi, je m'en souviendrai toute ma vie. Ma grand-mère n'était pas encore revenue et moi je l'avais laissé rentrer, comme une idiote. J'ai beau m'être répétée des centaines de fois que je n'aurais jamais pu deviner tous les évènements qui ont eu lieu ce soir-là, je n'arrive quand même pas à m'empêcher de penser que j'aurais pu éviter tout ça.

- A peine il a passé la porte, qu'il s'est jeté sur moi et m'a mis une gifle.

Je sentis encore la douleur me tordre la mâchoire, même après tout ce temps.

- Le coup était si violent que je suis tombé par terre, prise par surprise. Il m'a relevé et trainé sur le canapé. J'ai tout de suite vu dans son regard que s'en était fini pour moi. Je criais tellement que je reconnaissais même plus ma voix. Honnêtement, je pensais qu'il allait me tuer. Ses yeux étaient tellement fous que la rage lui paralysait tout le visage.

Callum n'a toujours pas prononcé un mot, mais je sais à la façon dont il inspira, qu'il se contint, pour moi, pour ne pas m'interrompre. Je suis consciente que ces mots sont aussi durs à entendre qu'à prononcer mais sans savoir vraiment pourquoi, j'ai besoin qu'il sache à quel point j'ai été souillé ce soir-là.

Une petite voix dans ma tête se demanda s'il voudra toujours de moi après ça, mais je la repousse pour finir ce que j'ai commencé :

- Il a sorti de sa poche un petit couteau, continuais-je sans faire attention au juron presque imperceptible qui s'échappa de ses lèvres. Le genre de truc que seuls les mecs qui font des trucs pas nets, ont sur eux en cas de besoin. Il l'a plaqué contre ma gorge et m'a demandé d'enlever mes vêtements. Si je ne le faisais pas, il allait me tuer. J'ai toujours été très pudique, montrer mon corps a toujours été un problème pour moi, mais à ce moment-là, j'avais tellement peur que je n'aie pas réfléchis. J'ai enlevé mon tee-shirt et mon pantalon.

J'étais devant lui, presque nu et il me regardait de la tête au pied avec un regard vitreux qui me donne encore envie de vomir aujourd'hui. Je me souviens m'être demandé à ce moment-là, ce que j'avais pu aimer chez lui. Comment au début j'avais pu voir de la beauté en lui ? Alors qu'à ce moment-là je ne ressentais que de la terreur et du dégout.

Let me love you! Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant