Chapitre 25

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Je manque de faire tomber la feuille quand je comprends enfin de quoi il s'agit. Aileen est tombé enceinte il y a 20 ans ? Elle n'était même pas majeure et à cette époque elle devait encore être chez mes grands-parents. Mais pourquoi Mamita n'en a jamais parlé ?

Je suis tellement sous le choc que je n'entends même pas Aileen monter.

- Victoire est-ce que ça va ? T'en mets du temps pour trouver mon..., elle se figea quand son regard se posa sur la feuille entre mes mains.

L'expression qu'elle afficha me fit aussitôt culpabiliser d'avoir regardé ces feuilles, mais pour une fois ma curiosité n'était pas complètement volontaire.

- Je suis désolé je ne voulais pas mettre le nez dans tes affaires j'ai...la feuille est tombée et en la ramassant, j'ai jeté un rapide coup d'œil, bégayais-je mal à l'aise.

Aileen ne dit rien et se rapprocha du bureau pour me prendre la feuille et la ranger là où elle était avant que je la fasse tomber. Son visage est bien plus fermé que tout à l'heure mais elle n'a pas l'air en colère, plus déconcerté qu'autre chose.

- Ce n'est pas grave ne t'inquiète pas, affirma-t-elle en m'offrant un sourire poli.

Elle sortit du bureau pour redescendre dans le salon et je la suivis, agrafeuse à la main, sans un mot. Je n'ose pas poser de questions par peur d'être trop indiscrète.

Je lui tendis l'agrafeuse et alla m'assoir dans le canapé, mal à l'aise.

Je remarque qu'Aileen a le regard perdu, comme si elle réfléchissait. Après quelques secondes qui me parurent des minutes, elle s'arrêta et se retourna vers moi.

- Quand j'avais ton âge, je suis tombé enceinte.

L'entendre me fit encore plus d'effet que de le lire. C'est donc vrai, Aileen à bien avorté. Je suis tellement abasourdi que je ne répondis pas tout de suite. J'essaye tant bien que mal de faire passer cette nouvelle hallucinante jusqu'à mon cerveau.

- Comment...enfin je veux dire...qu'est-ce qui s'est passé ? demandais-je avec maladresse.

Ma tante vint s'assoir sur le fauteuil en face de moi tout en fixant un point au-dessus de mon épaule. Je sentis son besoin de mettre cette distance entre nous pour pouvoir continuer. Elle a peur que je la juge, je le sais, je connais cette sensation par cœur, c'est pour ça que je garde tout pour moi.

- Quand j'avais 19 ans à peine, je suis sortie avec un garçon pendant quelques mois. Ce n'était pas vraiment sérieux entre nous, ce n'était pas non plus ma première relation et pour être complètement franche avec toi, je me servais plutôt de lui comme un pansement. Je sortais d'une relation compliquée, avec une personne que j'aimais énormément et ce garçon était là au moment où j'avais besoin d'une présence masculine tu vois ?

J'écoute attentivement tout ce qu'elle me dit sans l'interrompre. J'hoche la tête de temps en temps comme un robot. J'ai du mal à croire que ma tante ait vécue des choses pareils. Elle qui est si rigoureuse, toujours tirée à quatre épingles et soucieuse du moindre détail.

- Et un jour je suis tombé enceinte de lui, un classique accident de capote. A l'époque je ne prenais pas la pilule et je me suis retrouvée avec un bébé dans le ventre. Heureusement je m'en suis rendu compte assez tôt.

Elle marqua un temps d'arrêt.

Est-ce qu'elle regrette ?

- Pourquoi tu n'as pas avorté à San Antonio ?

- A l'époque l'avortement était illégal au Texas. Seulement quelques états acceptaient que des cliniques privées pratiquent ce genre d'opération sur des mineures. J'ai tout de suite trouvé cette clinique à Orlando et quelques semaines après je suis partis de la maison.

Let me love you! Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant