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Mon cheval luit de sueur sous le soleil, à force de galoper dans le sable qu'il projette par gerbes dorées derrière lui.
― Votre Majesté, m'interpelle Adil dont la voie est emportée par notre cavalcade. Nous arrivons à la fin de la route. Marie n'est pas là. Vous croyez qu'elle a continué plus loin ?
― Je ne sais pas ! Mais c'est notre dernière option !J'ordonne aux hommes qui me suivent de se disperser pour ne garder avec moi qu'un soldat et Adil. Nous continuons à galoper encore quelques minutes jusqu'à ce que je vois une forme allongée dans le sable.
― Elle est là-bas ! m'écris-je en entendant presque immédiatement Adil prévenir par talki-walkie les autres groupes de soldats.
Je talonne fortement pour que mon cheval, Allayl, accélère. Je la vois se redresser et regarder dans notre direction. Je suis un instant soulagé en me disant qu'elle ne va peut-être pas si mal que ça, jusqu'à ce que je la vois se relever complètement, trébucher et se mettre à courir dans la direction opposée à la nôtre.
― C'est pas vrai, m'énervé-je en talonnant Allayl.
Pourquoi est-ce qu'elle fuit ? Elle veut donc mourir ? Parce que c'est ce qui va arriver si elle reste plus longtemps dans ce désert !
― Marie ? Pourquoi fuis-tu ?
Mais la jeune danoise têtue continue à courir tant bien que mal.
― Marie ! Arrête-toi ! Stop ! crié-je en sautant de cheval.
Je lui cour après et en quelques enjambées, je peux passer mes mains autour de sa taille pour la retenir. Enfin je peux la tenir contre moi, mais elle se débat de toutes ses faibles forces. Ça se voit que son corps est à bout. Elle meurt d'épuisement.
― Non ! Lâchez-moi ! Lâchez-moi... la vois-je hurler en pleurant.
Je la retourne vers moi en la maintenant fermement entre mes mains, mais plus durement que je l'aurais voulu.
― Arrête ! demandé-je en perdant mon sang froid face à cette situation absurde alors que ses yeux noyés de larmes croisent les miens.
― Pitié... ne me faites pas de mal... l'entends-je me supplier d'une voix laborieuse pendant qu'elle tombe à genoux.J'écarquille grand les yeux. Comment peut-elle croire ne serait-ce qu'un instant que me viendrait l'idée de la frapper ? Je me mets à genoux près de son corps affaibli, je redresse son buste et essaie de caler sa tête contre mon épaule en un geste protecteur et rassurant mais elle se met à taper avec ses petits poings contre mon torse.
― Chuuute.. ça va aller, ça va aller, veux-je la calmer d'une voix la plus tendre possible. Je ne vais pas te faire de mal Marie. Ma douce n'a pas peur.
― Lâches-moi...me prit-elle sans cesser de taper faiblement des poings. Relâches-moi... rends-moi ma vie... celles qu'ils m'ont prise... je veux juste... juste retrouver mes parents... les jumeaux... Nikolaï...Après ces quelques dernières paroles décousues, je la vois fermer les yeux et son corps retombe inerte dans mes bras. Elle s'est évanouie pour de bon.
― Adil ! Mon cheval ! ordonné-je en me relevant avec la jeune-femme entre les mains.
Il m'apporte mon étalon noir et blanc, je m'empresse de le chevaucher et je pars au galop dans le sable sans me préoccuper de savoir si les autres me suivent ou pas.
Au bout d'un temps qui me semble mille fois trop long, je passe les portes du palais. Je descends de cheval. Allayl, totalement épuisé, est de suite récupéré par du personnel. Quant à moi, je cours vers l'infirmerie et quand j'entre en grand fraqua dans la pièce je crie des ordres à tout va pour qu'ils soignent Marie.
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La Rose Des Sables
RomanceChaque choix compte. Ils se profilent comme des pétales autour du cœur d'une rose, mais nous ne pouvons n'en arracher qu'un.. Certains, graves, peuvent impacter une famille entière. D'autres, journaliers, s'invisibilisent dans le tourbillon du quot...