Chapitre VIII « Rose, bibliothèque et thé »

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Je erre dans les dédales de couloirs pendant un bon moment, puis je finis par trouver une immense bibliothèque. Je parcours de nombreuses minutes les étagères en étant impressionnée par le nombre et la variété des ouvrages. J'arrête mon choix sur une version originale de l'œuvre Antigone de Sophocle.

Je m'assieds dans un fauteuil et regarde l'heure à une pendule. Il est presque 11 heures 30. Si je reste ici jusqu'à ce qu'il soit l'heure du souper, ce n'est pas grave, n'est-ce pas ? C'est ce que je décide de faire. Au bout de plusieurs heures, j'entend des pas s'approcher de moi. Qu'est-ce encore...?

― Marie ? Vous étiez donc ici ? Je vous ai cherchée partout !

Je me retourne en reconnaissant cette voix douce.

― Blossom ? Pourquoi me cherchiez-vous ? demandé-je sincèrement surprise de la voir paraître.
― Et bien parce que nous ne vous avons pas vu au déjeuner. Je m'inquiétais de votre absence. Est-ce Ady qui vous a fait fuir ? Il ne faut pas écouter ce qu'elle dit vous savez ? Avec le temps, elle est de plus en plus difficile à gérer... Mais si Son Altesse vous a choisi ce n'est pas pour rien ! Et avez-vous mangé ?

Je referme mon ouvrage en prenant soin de noter dans mon esprit le numéro de page. Mais que raconte cette femme ? « Choisi » ? Qu'est-ce que c'est que cette blague encore ?

― Ne vous inquiétez pas pour moi. Je n'ai que faire de ce que pense cette femme venimeuse. Je n'ai pas mangé mais je n'ai pas faim. Quand à votre sultan... commencé-je en soufflant. C'est compliqué, préfèré-je tourner court en restant évasive.

Finalement, je ne suis plus non plus convaincue que je puisse compter sur cette Blossom. Je pensais que nous pourrions nous entraider, voir que je pourrais compter sur elle pour sortir d'ici. Mais... il semblerait que, là encore, il faille que je jette au feu cet espoir-ci...

― Je vois, attendez-moi un instant !
― Qu'allez-vous... faire ? commencé-je en fronçant les sourcils, peu rassurée.

Mais telle une tornade sous adrénaline pimentée, le jeune-femme s'est déjà relevée pour sortir de la bibliothèque. Je hausse les épaules, finalement bien indifférente, et me replonge dans mon livre. Mais quelques minutes plus tard la voilà de retour avec un domestique qui dépose un plateau d'argent sur lequel se trouve un service à thé. Elle remercie l'homme et ce dernier s'éclipse.

― Parfait, vous n'avez pas bougé ! Nous n'avons pas pu terminer notre thé ensemble tout à l'heure, alors puisque vous n'avez pas faim je me suis dit que ce serait au moins ça.
― Oh, merci, c'est très gentil de votre part, dis-je plus pour donner le change qu'autre chose.

Malgré la gentillesse apparente de cette belle femme, je reste sur mes gardes.

― Alors, ne voulez-vous pas me dire ce qui ne va pas ? me demande-t-elle en s'asseyant et en nous servant.
― Pardon ?
― J'ai bien remarqué que vous sembliez très triste et perturbée. Ne voulez-vous pas me dire les circonstances dans lesquelles Son Altesse vous a sauvée ?
― « Sauvé » ? Est-ce que c'est ce qu'il s'est passé pour vous ? Il vous a « Sauvé » ?
― Oui. Comme nous toutes.
― Je ne comprends pas...
― Et bien, Ady est une femme issue de la petite noblesse. Elle refusait un mariage avec un vieil homme arrangé par ses parents très conservateurs. Notre sultan, encore très jeune à cette époque, à été très attiré par sa personne et l'a tirée de cette situation en en faisant sa maîtresse un peu avant leurs 20 ans. Ensuite il y a eu Isis. Lors d'un voyage en Egypte quand son altesse avait 21 ans, ils se sont rencontré et il est tombé sous le charme de cette jeune femme qui souhaitait fuir par tous les moyens sa vie misérable. Quant à moi, j'étudiais dans une fac de langue en Namibie, mais mon père a fait faillite et notre famille s'est retrouvée sans le sou et mon père a fini par mettre fin à ses jours. C'est comme cela que le sultan Kail à fait de moi sa concubine l'année de ses 23 ans. Grâce à lui je peux envoyer de l'argent à ma famille et depuis mes frères ont pu remettre à flot l'entreprise. Quand à moi, j'ai eu le droit à tous les cours de langue que j'ai souhaités.

La Rose Des SablesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant