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Le goût du café me réveille alors que j'ai un coup de mou, arrivée à onze heures du matin. Comme six jours sur sept, je me suis levé à six heures et j'ai travaillé toute la matinée. Je pose le dossier que je viens de terminer avec ses copains. Celui qu'Adil m'a apporté à huit heures tapante, en main propre, son annulaire sertit de son alliance d'or. Ce fut déroutant d'apprendre pourquoi, ou plutôt pour qui, Blossom m'avait quittée. Mais elle a bien fait. En réalité, les sentiments s'étaient essoufflés depuis longtemps. J'étais le seul à ne pas le voir en face. Le mariage entre Adil et Blossom était superbe, parfait. J'en garde moi-même un bon souvenir, et ils sont tellement beaux ensemble. La jeune namibienne est cent fois plus heureuse avec lui qu'avec moi. Ils étaient fait l'un pour l'autre, certainement.
J'avise une pile de paquets empilés sur un coin de mon bureau : des cadeaux reçus pour mes vingt-huit ans. Mais ce ne sont que des cadeaux de courtoisie provenant d'associés ou de dirigeants d'autres pays avec lesquels nous nous entendons bien. J'ai déjà découvert les cadeaux de Malika et Adil, alors le reste... Mais il y a tout de même quelque chose qui attire mon attention : une simple enveloppe beige, scellée de cire rouge frappée d'une rose, sur le sommet de la pile. Une lettre pour me souhaiter un joyeux anniversaire ? Je ne me souviens pas de l'avoir vu hier lorsque j'ai quitté mon bureau pour mon lit. Elle doit être arrivée ce matin même, apportée par un employé du palais que je n'ai même pas dû entendre entrer et repartir, rendu sourd par un dossier ou quelques mails certainement passionnants...
J'attrape l'enveloppe, romps de cachet de cire et déplie la lettre. Je bondit sur place, à l'instar de mon cœur dans ma poitrine. Je me racle la gorge, me rassis dans mon fauteuil de cuir, heureux que personne n'ait été là pour surprendre cette curieuse impulsion. C'est signé Marie-Mette Rosenkrantz ! Dans sa lettre, elle m'explique qu'elle est aujourd'hui en parfaite santé, qu'elle se sent bien, qu'elle s'est reposée avec sa famille et son meilleur-ami. Elle me remercie de l'avoir sauvée, qu'elle ne sait comment m'exprimer sa reconnaissance éternelle et qu'elle ne m'oubliera jamais... Finalement, elle me souhaite un bon anniversaire.
Je lis, relis et relis et relis ces quelques lignes tracés à la plume, souples et cursives, cherchant déjà quoi répondre. Je dois renvoyer quelque chose d'à la hauteur, quelque chose d'intelligent, à la mesure de cette jeune-femme. Quoi que. Peut-être devrais-je plutôt essayer de la faire rire ? Peut-être ferais-je mieux d'adopter une plume plus naturelle, dotée du charme de l'impulsivité ? Peut-être encore devrais-je attaquer le morceau par les deux bouts ? En alliant insouciance et réflexion ? Trop de possibilités. Mes sourcils sont si froncés qu'un sillon, que dis-je, un sillon, c'est un véritable canal qui se creuse en horizontal de mon front ! Je devrais plutôt faire appeler Adil pour qu'il me conseille sur le meilleur choix à...
Quelqu'un toque à ma porte. Coupant court au tourbillon de tergiversations qui menace de me faire jeter du haut de mon bureau. Je remballe prestement la lettre que je laisse en évidence sur mon bureau, en tant que priorité.
― Entrez ! dis-je en me levant pour contourner mon bureau.
Ce doit justement être Adil qui me vient me prévenir d'un changement d'horaire pour un rendez-vous. Ces derniers temps, j'ai l'impression qu'ils se sont tous donné le mot pour mettre la basare dans mon propre emploi-du-temps.
Mon meilleur-ami et premier conseiller paraît...
― Kail ? J'ai une surprise pour toi.
... suivit d'une jeune-femme coiffée d'une tresse interminable.
― Marie-M... comtesse Rosenkrantz ? me rattrapé-je de justesse.
Je reste figé, soufflé de la voir.
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La Rose Des Sables
RomanceChaque choix compte. Ils se profilent comme des pétales autour du cœur d'une rose, mais nous ne pouvons n'en arracher qu'un.. Certains, graves, peuvent impacter une famille entière. D'autres, journaliers, s'invisibilisent dans le tourbillon du quot...