Chapitre XI « Les roses sont entêtantes aussi bien qu'elles s'entêtent »

147 29 0
                                    

* * * * *


Il passe les portes de la bibliothèque et les referme derrière lui. Je me laisse choir sur le fauteuil le plus proche, en poussant un long soupir soulagé, laissons les tensions ayant pris place dans mes muscles s'en aller, et mon coeur reprendre un rythme décent.

Bon sang... que s'est il passé ?

Il est venu me chercher jusque dans ma chambre, intriguée, je dois bien me l'avouer, je l'ai suivi. D'autant que je cherche toujours à gagner sa confiance pour être moins surveillée. Puis il m'a emmené dans ce tout petit salon caché tout au fond de la bibliothèque. C'est vrai que c'est un très bel endroit, loin de quelconques agitations. Mais il m'a fait asseoir sur cette chaise longue et je me suis demandé ce qu'il voulait réellement. L'idée d'être coincée avec lui dans une si petite pièce, loin de quiconque, ne m'a pas ravie...

Et il m'a un peu parlé de son enfance. Chose si rare que cela m'a beaucoup surprise. Puis, comme souvent, il m'a posé des questions, sur moi, comme pour mieux me connaître. Comme souvent, j'ai répondu. A vrai dire, je n'ai pas la sensation d'avoir le choix de répondre ou non : si je ne parle pas, nos relations se dégradent, si je parle, il croit que nos relations s'améliorent. Pour Moi, ce n'est ni l'un ni l'autre. Je le hais. Point.

Alors, oui, je discute avec lui, je réponds à ses questions. Pas qu'en soit, j'en ai quelque chose à faire, mais si je suis avec lui et que je ne dis rien, l'ambiance devient terriblement pesante et gênante tandis que lui reste obstinément là, à me fixé paraissent être capable d'attendre des siècles que je daigne répondre. Donc forcément, je préfère ouvrir la bouche...

Pourtant, il semblerait que nous ayons quelques points communs tels que aimer l'équitation ou avoir appris l'escrime. Il m'a offert ces bijoux anciens, sublimes. J'ai eu la sensation qu'il m'achetait avec des objets précieux, mais il m'a assuré que non. S'il le dit... mais je ne le crois pas. Je pense par contre qu'il y a quelque chose d'inconscient dans sa tentative de m'acheter.

Hm ! De jolies gemmes, aussi précieuses et fastueuses soient-elles, ne suffiront pas à m'amadouer. Croit-il sérieusement qu'il obtiendra mes faveur de cette façon ? Parais-je superficielle à ce point ? Je sens

Et quand il a mis le bijoux de rubies à mon front, je ne voulais pas qu'il soit si proche de moi. Mais il insistait, alors j'ai continué à le laisser faire, de faire semblant. Avoir un homme aussi imposant si près de moi me perturbait plus que je voulais le laisser paraître. Cela m'a mis mal-à-l'aise, j'étais stressée. Mais il a fait encore pire ! Il a attrapé mon menton de ses doigts et a approché son visage du mien ! J'ai cru que mon coeur allait se stopper net. J'ai tout fait pour paraître impassible face à ses avances mais je sentais tout de même mes joues prendre une couleur écarlate. Je me demande ce que je déteste le plus entre mes joues écarlates et Kail ? Mais ces premières envoient en permanence des messages mal interprétés par les autres qui pensent que je rougis de plaisir, de joie, comme une adolescente complimentée par la personne qui lui plaît... alors qu'en réalité, je suis en colère, mal-à-l'aise, triste. Et ça, il n'y a que ma famille proche et Nikolaï qui sont capables de correctement interpréter mes rougeurs.

Je suis persuadée que Kail pense que mes joues rouges sont bon signe. Je voyais son regard passer de mon œil bleu à mon œil vert, incapables de s'amarrer aux deux comme beaucoup de gens. Ensuite, il a fixé mes lèvres. J'ai bien cru qu'il allait m'embrasser. Qu'aurais-je fait ? Le frapper ? Lui mordre la lèvre jusqu'au sang ? M'enfuir en courant pour m'enfermer dans ma chambre ? Les trois, tant que nous y sommes ?

A l'intérieur, je ressentais un grand tumulte : stressé, apeurée, me sentant prise au piège et n'ayant plus qu'une envie : m'éloigner très vite de lui alors que je sentais mon cœur battre à mes tempes. Sauf que de l'extérieur, je voulais absolument rester impassible. Je voulais rester immuable, comme si rien de tout cela ne m'impressionnait, comme si ses provocations ne pouvaient susciter aucune réaction de ma part. Je ne voulais pas ressembler à une petite fille apeurée par un grand homme. Au contraire, je voulais rester forte, imperturbable et maîtresse de mes émotions.

La Rose Des SablesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant