Chapitre XV « La rose, symbole d'adieux»

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J'ai passé la nuit et la journée les plus longues de toute mon existence. J'ai cru que cette fin de soupé n'allait jamais arriver. Mais enfin, enfin, j'ai pu sortir de table, refuser de partager une tisane avec Blossom et décliner l'aide de Sirine et Yasmine pour me préparer à aller me coucher en prétextant une grande fatigue et un mal de tête résorbable uniquement grâce à une bonne nuit de sommeil. C'est vrai que j'ai peu dormi la nuit dernière, appréhendant cette nuit. D'ailleurs, je ne vais toujours pas dormir, à mon humble avis. Au lieu de passer une chemise de nuit, j'enfile une tenue noir que je veux la plus discrête te passe partoue possible, j'attache les cheveux comme si je risquais d'être obliger d'en découvre avec chacun des gardes de ce château, puis je sort mon sac de sous mon lit. En attendant qu'il soit 22 heures, comme indiqué par Malika ce matin-même, je vérifie et revérifie, fais et refais mon sac interminablement jusqu'à ce qu'une horloge me signale 22 heures 55. Là, je décide de boucler définitivement mon sac à dos, pour le préférer au cent pas. Est-ce plus constructif ? Je ne crois pas. Cela m'aide-t-il à évacuer mon stress et mes doutes ? Je ne sais pas non plus.

Un coup particulièrement discret se fait entendre contre le battant de ma porte. J'attrape mon sac que je laisse tomber sur l'assise d'un fauteuil dos à la porte. Au cas où ce ne serait pas Malika, il ne faut pas que mon sac soit vu, et je devrai trouver une bonne raison pour écourter cette visite impromptue.

― Qui est-ce ?
― C'est Mal.

Je laisse sortir le souffle coincé dans ma gorge et lui ouvre.

― Vous êtes prêtes ? me chuchote-t-elle.

Je jette mon sac sur mon épaule.

― Oui.

Malika hoche la tête, me fait signe de la suivre en silence. Nous nous faufilant le long des murs ocres, en essayant de paraître le plus naturel possible, nous arrêtant avant les coudes pour vérifier qu'il n'y a personne, ou nous figeant au moindre bruit. Malgré notre sang froid apparent, je suis persuadée que nous ressemblons à des fugitives, des fuyardes. C'est ce que je suis, moi. Je fuis pour ma liberté.

Malika me guide jusqu'à un vaste parking souterrain faisant office de musée à automobiles de luxe. Nous montons dans une voiture noir, à la coupe relativemant passe partout même si son parchoc est très profilé. La princesse m'ouvre la porte et elle fait bien parce qu'elle ne conduit pas du même côté qu'au Danemark, puis elle saute derrière le volant. À peine ai-je grimpé sur le siège de cuir clair qu'un sac tombe sur mes genoux. La jeune-femme démare pour sortir dans la nuit avant que je n'ai pu ouvrir la bouche. En quelques minutes à peine, le palais et sa muraille ne sont plus qu'une imposante silhouette opaque parmi les dunes de sable.

― Ouvrez le sac je vous pris.

Je souris. Même dans pareille situation, c'est-à-dire digne d'une scène à la Nikita, nous restons aussi polie, comme nous l'ont enseigné nos différents précepteurs tout au long de notre vie. Je dézippe le sac, en sort une perruque, une palette de maquillage.

― Il y a de quoi vous faire passer pour quelqu'un d'autre pendant un temps, là-dedans.

Quand elle dit ça, je trouve de faux papiers : pièce d'identité et passeport au nom de Anna Karlson, une jeune-femme de dix-neuf ans, blonde aux yeux marron. Malika a été exceptionnellement très rapide à m'obtenir ces faux papiers. Elle a de la ressource, comme on dit.

― Je vais vous aider à prendre un vol, quelques amis travaillant à l'aéroport vont nous rendre service.
― Vous connaissez des passeurs ? demandé-je en attachant mes cheveux avant de passer le bonnet couleur chair qui maintiendra ma chevelure en place.
― Qui pourrait refuser quoi que ce soit à une si gentille princesse que l'on connait depuis son collège et qui se trouve à avoir subitement des ennuis ? me demande Malika avec une voix qui donne envie de la prendre en pitié.

La Rose Des SablesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant