Chapitre 6: Premières traces

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Raffaella délaissa la salle d'eau après une quinzaine de minutes. Akélia eut à peine le temps de parcourir les registres de ses recueils que Sillya l'invita à aller prendre un bain.

Elle alla chercher ses affaires usées puis s'enferma dans la pièce embuée. Après avoir déposé une serviette à côté de la baignoire, elle abandonna sa robe de service grise et se glissa dans l'eau encore chaude. Raffaella s'était contenté de se rincer dans une bassine adjacente, ce qui lui laissait tout le loisir de profiter du bain fleuri. Des fleurs de lavande flottaient à la surface et s'agitèrent lorsque Akélia s'immergea.

Les effluves l'aidèrent à se détendre peu à peu, tandis que l'eau décontractait ses muscles. Elle osa même mouiller ses cheveux qui n'avaient pas été lavés avec autant de soin depuis des années. Elle les peigna délicatement, s'aidant de l'eau pour défaire les nœuds. Elle s'extasia au toucher du savon qui glissait entre ses doigts. Elle était bien loin des poudres florales dont elle frottait sa peau pour en chasser les mauvaises odeurs.

Elle passa ses mains sur son visage et massa sa joue. Recouvrant peu à peu son sang-froid et ses esprits, elle réfléchit à ce qui allait suivre.

Elle devrait trouver une piste pour dénicher un antidote rarissime puis s'élancer à sa recherche dans la nature. Une fois un plan à peu près établi, elle sortit et s'enroula dans la serviette moelleuse. Elle prit soin d'examiner son dos et de le masser afin de faire disparaître la douleur du coup. Elle essuya la buée du miroir et observa son reflet.

Ses traits fatigués lui paraissaient moins mornes que ce matin. Sa teinture violette avait dégorgé, laissant des reflets mauves derrière elle. Akélia enfila sa chemise et son pull et finit par son pantalon. Elle reprit ses chaussettes sales -la seule paire qu'elle possédait- puis sortit.

Elle alla retrouver le foulard de sa mère dans ses affaires et y déposer la robe sale. Avant de sortir, elle passa sa sacoche à son épaule, avec l'intention d'entretenir les soins de ses nouveaux compagnons. Dans le couloir, elle noua ses cheveux avec le carré de tissu.

Les deux canapés en soie rouge étaient occupés par Laïdan, Sillya et Raffaella qui discutaient, des verres de vins à la main. Un plateau d'apéritifs avait été posé sur la table basse entre eux. À côté, la cheminée en pierre était gardée par Ayan, installé dans un fauteuil, les yeux rivés sur un carnet en cuir. Elle n'attarda pas son regard sur lui, de peur d'attirer son attention. Elle préféra rejoindre la table à droite, où Elias, le prince et Aymeric jouaient aux cartes. Sillya manquait à l'appel : elle devait probablement occuper la seconde salle de bains.

Toutes les chandelles avaient été allumées : le lustre en fer forgé éclairait l'espace de la salle-à-manger tandis que des chandeliers occupait les meubles du salon. Akélia déposa ses affaires à côté de ses livres, abandonnés à leur sort en bout de table.

—Tu as meilleure mine, souligna Aymeric en lui lançant un sourire.

—L'eau chaude m'a fait du bien, merci. Je vais vérifier vos bandages, vous permettez ?

Quelques heures séparaient leur rencontre à présent, c'était sûrement trop tôt pour renouveler les soins, mais elle ressentait le besoin de se montrer utile. Pour les remercier de ne pas avoir laissé Bursk l'emmener.

—Bien sûr, déclara le femme blonde en se tassant sur sa chaise. De toute manière, j'ai gagné cette partie.

—Elle n'est pas finie, grogna le prince en passant une main dans ses cheveux encore humides. Je couche.

—Moi aussi, continua Elias.

—Je relance. Montrez-moi vos cartes.

Ils dévoilèrent leurs jeux. Aymeric jeta le sien en s'esclaffant :

Le Prince et l'Alchimiste (REECRITURE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant