Chapitre 7: Repas entre camarades

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Le feu chantait dans la cheminée. Les murs en pierre se teintaient d'orange à la lueur des flammes. Si les rires perçaient le plancher pour atteindre la salle commune, le dîner en avait chassé les brides.

Akélia n'avait pas eu le temps de s'attarder sur sa découverte : la tavernière accompagnée de deux cuisiniers étaient venus leur porter le dîner. Une large choix s'étendait sur la table autour de laquelle ils s'étaient rassemblés. Akélia soupira en se massant les tempes.

H.T. étaient les initiales de sa mère, mais pourquoi M. Olavay -l'auteur du registre- lui avait-il dédié ? Le voile qui recouvrait sa mémoire s'épaississait lorsque tentait de penser à ses souvenirs avec elle. Akélia avait l'impression de chercher une minuscule pépite d'or dans un lac dont l'eau était d'un noir d'encre. Ca lui avait donné une migraine qui ne s'atténuait pas.

Elle repris une gorgée de vin qu'Aymeric lui avait servi en assurant que c'était le plus doux qu'ils aient à leur table. Les plats se suivaient sur le long du bois : un bouillon au bœuf, des légumes sautés, un rôti marinée au citron avec de la betterave... Les papilles de l'alchimiste salivaient rien que d'en sentir les odeurs. Elle se força à prendre un bout de la tendre viande qui nageait dans le jus de son assiette. Ses entrailles peinaient à se détendre sous le flot d'interrogation qui déferlait en elle accompagné de l'angoisse d'échouer.

À présent, son objectif était clair et elle voulait parvenir à aider Adrien par-dessus tout. C'était plus simple de se concentrer là-dessus que sur ce qui arriverait si elle ne trouvait pas la Fleur de Saphir.

Les soldats et le prince se servaient et mangeaient comme s'ils n'avaient pas vu l'ombre d'un repas digne de ce nom depuis des années. Ils débattaient sans jamais évoquer la question fatidique de savoir par où commencer. On aurait dit que le sujet était interdit. Akélia resta silencieuse en coupant ses légumes en minuscule morceaux jusqu'à ne plus pouvoir les attraper dans les dents de sa fourchette. Son estomac protestait mais elle tardait à le satisfaire.

—Et toi Akélia, tu es déjà monté à cheval ? lui demanda Elias entre deux conversations.

Elle releva la tête vers lui. Elle mit de côté ses réflexions et répondit :

—Oui. Plus jeune, j'ai acheté une ponette malade. J'ai pu la monter une fois qu'elle était rétablie.

—Comment s'appelait-elle ? l'interrogea Laïdan soudainement captivé.

—Nuage, enfin, Nuage De Poussière de son nom complet. Son propriétaire l'avait nommé comme ça car elle était grise et toussait souvent lorsque les vents soulevaient la poussière.

—C'est peu commun, intervint Aymeric. Tu l'as eu quand ?

—Lorsque j'avais 13 ans je crois... hésita-t-elle levant les yeux au plafond.

Elle prit une bouchée de bœuf, avant de se rendre compte du silence qui avait suivi.

—Et bien ! Raconte ! la pressa Elias. Comment as-tu réussi à guérir une ponette malade et à apprendre à monter ?

—Oh heu... bafouilla Akélia, prise de court. Disons que j'ai adapté mes connaissances son espèce.

La déception d'Elias avait tout d'un théâtre : il fit de grands gestes en hâtant Akélia de poursuivre :

—Voyons tu ne peux pas simplement nous dire ça ! On veut les détails.

—Bonne chance pour le faire taire à présent, ria Sillya en m'adressant un regard espiègle.

Akélia gagna du temps en reprenant une gorgée de vin. L'alcool réchauffait peu à peu ses joues et son corps. Il aida à la faire lâcher prise et déclarer :

Le Prince et l'Alchimiste (REECRITURE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant