Chapitre 21 : À mains nues

10 1 0
                                    

Le déjeuner se déroula comme la plupart : dans une bonne ambiance. Bien qu'ils manquent une partie de l'équipe, les conversations fusèrent. Laïdan se frotta aux talents de couture de Raffaella tandis qu'Akélia prévoyait la suite de sa journée avec son entraîneur. Elias interrogea l'alchimiste sur sa leçon :

—Alors ? C'est un tortionnaire en tant que prof ?

Le garde lui lança un de ses regards argentés empreint de menace. Le corps de la jeune femme criait au secours, pourtant elle sourit.

—Je ne dirais pas ça, déclara-t-elle. Disons que ses cours sont... enrichissants.

Plus enrichissants pour la terre qui ramassait son postérieur à chaque chute que pour elle. Ayan lut dans ses pensées.

—Tu débutes, mais tu fais des progrès.

Raffaella écarquilla les yeux.

—Qu'avez-vous fait du sale type qui était intraitable avec ses élèves ? clama-t-elle en attirant l'attention sur lui.

Il haussa les épaules, conservant un calme légendaire.

—Il n'y a que toi qui me voit comme ça.

Laïdan répliqua à son tour et s'en suivit un long débat dont le sujet principal était le pseudo-attendrissement du bras droit d'Adrien. Akélia dévora la cuisse de lièvre qu'on lui avait servie et attrapa une pomme dans le sac de provisions.

Même si elle n'en disait rien, elle aussi, elle avait observé le changement d'attitude chez lui. Moins sur ses gardes, plus avenant, il commençait à lui faire confiance. Du moins, c'est ce qu'elle croyait. Et peu lui importait que ça soit le cas ou non, tant qu'il continuait d'un minimum l'épargner.

—Il lui manque de la pratique, dit la chevalière depuis le rocher en face de la concernée. Mais je la verrais bien manier une dague ou un arc.

Manière peu subtile de dire que ses maigres bras ne supporteraient pas le poids d'une épée ou quelconque arme trop lourde. Laïdan lui donna un petit coup dans les côtes.

—J'en fait mon affaire, assura Elias en glissant un clin d'œil à Ayan qui arquait un sourcil.

—Ne presse pas trop les choses, le tempéra le garde en finissant son repas. On va commencer par avancer vers le point de rendez-vous. Nous en avons pour trois à quatre heures de marche avec un bon rythme. Ensuite, on finira l'après-midi avec un entraînement.

Akélia acquiesça en imaginant déjà la douleur et la fatigue qui pèserait sur elle lors de celui-ci. Elle savait qu'elle ne serait sûrement pas au meilleur de sa forme lorsqu'elle viendrait à combattre, mais Ayan repoussait ses limites. Elle déglutit. Peut-être pensait-il que le danger était inévitable. C'était probablement le cas, mais l'alchimiste le niait depuis leur précédente attaque.

—Akélia !

Raffaella lança une flasque à l'alchimiste qui s'extirpa de ses songes pour l'attraper.

Ils finirent leur déjeuner en vitesse, remballèrent le peu d'affaires encore sorties et prirent la route vers leurs prochains points de campement. Si Akélia n'avait aucune idée d'où ils allaient, Ayan et Elias semblaient parfaitement sereins en avançant dans l'Akryla qui changeait peu à peu de facette.

Les sapins et les séquoias laissèrent place à des chênes. Les sols devinrent plus secs et compacts. À mesure qu'ils progressaient, les buissons verdoyants perdirent leurs couleurs et les arbres leurs feuilles.

—L'hiver est déjà là, indiqua Laïdan en enjambant un tronc tombé dans une tempête.

Akélia observa le décor.

Le Prince et l'Alchimiste (REECRITURE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant