Chapitre 36 : Retour

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Elle se tenait là, assise dans la chaumière de Ferdinand Olavey. Celle qu'il habitait quand il vivait encore à Ron Dhras. Elle ne s'y était jamais rendue – du moins dans ses souvenirs. Sa mère tenait secret tous ses projets avec l'herboriste. Akélia ne se souvenait pas de ce qu'en pensait son père. Ce dont elle était intimement convaincue était que ce soir-là, sa mère voulait qu'elle l'accompagne. Et la petite fille qu'elle était ne se posait pas plus de questions sur le sujet.

Elle voyait sa mère, Ferdinand, des plantes, des livres. Un intérieur chaotique et flou. L'odeur du cuir neuf et de l'encre se mélangeait avec celle des fleurs et du bois. Sa vision n'était pas nette, les ombres se mouvaient sans qu'elle n'en perçoive les contours.

—Tu es certaine de ce que tu fais ?

Des voix lui parvenaient depuis une porte. Akélia était assise sur un banc trop haut pour elle, battant des pieds dans le vide. L'esprit de la fillette s'éveilla.

Maman doit penser que je suis assez grande maintenant ! Peut-être me laissera-t-elle les observer durant leur travail !

Sa mère avait pris l'habitude de voir Ferdinand de temps à autre mais jamais de façon trop répété. Les intervalles entre les rencontres de sa mère et de l'homme étaient calculées, mais l'enfant n'avait pas encore percé à jour le secret de celles-ci. Elle espérait que si elle y parvenait, sa mère la laisserait apprendre avec elle les secrets de l'alchimie. Les cours auquel elle assistait chez Jeanna – une de ses amies à Clège – l'ennuyait profondément. Chose qu'elle ne manquait pas de notifier régulièrement à sa génitrice qui se montrait intransigeante au sujet de l'éducation de sa fille.

Enfin, depuis qu'elle avait quitté le village pour se rendre à la cpaitale avec elle, Akélia n'y pensait plus. Aujourd'hui, elle ferit son entrée dans le monde regorgeant de connaissances de l'alchimie. Elle gonfla sa poitrine de fierté à cette pensée et tendit l'oreille.

—Tu ne peux pas faire ça ! Enfin, Helenia ! Tu risques ta vie !

—Orion sera là, on doit le faire...

—Il ne s'agit pas juste de vous deux ! Quant est-il de Nolwenn ? Tu penses à ce que tu vas lui infliger ?

—Elle ne partira pas avec nous.

Partir ? Où ça ? Ni papa ni elle ne m'ont parlé d'un voyage à venir...

—Quoi ?! Tu comptes la-

—Ferdinand, le coupa-t-elle avec un ton si ferme que la fillette peina à reconnaître ses intonations chantantes habituelles. Elle sera entre de bonnes mains, Bursk est un ami loyal qui prendra soin d'elle.

Le silence qui suivit s'étira. Akélia hésita à aller voir les deux adultes.

—Laisse-moi l'emmener, j'irai m'installer loin d'ici, je l'élèverai, tu ne peux pas lui retirer tout ce qu'elle a comme ça !

—Hors de question, s'ils trouvent le lien entre toi et moi, ils vous traqueront à votre tour, je ne peux pas la mettre dans un tel danger.

L'esprit de l'enfant bouillonna.

Qui ça "ils" ? Pourquoi serions-nous traqués ? Pourquoi Ferdinand parle-t-il de s'enfuir ?

Déterminée à poser les questions brûlant sur sa langue, elle se leva et s'apprêtait à pousser la porte vitrée quand le sol se déroba sous ses pieds. Elle tomba dans un vide infini, un néant sans fin. Son corps s'étirait, se compressait et se tordait.

Une voix plus mûre résonna en elle.

Je suis Nolwenn Tamford, se répèta-t-elle en s'accrochant à cette ficelle de conscience.

Le Prince et l'Alchimiste (REECRITURE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant