Chapitre 43 : Prince alimpien

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La lumière de fin de mâtinée filtrait au travers des carreaux colorés du haut de la serre. Eldric avait assigné à Akélia des tâches plus manuelles à sa demande – bien qu'il soit contre l'idée qu'elle travaille. Mais la jeune femme ne tenait pas en place. Depuis sa dispute avec Kay la veille, elle avait évité à tout prix de repenser à ce qu'il se passerait après la fin de sa convalescence.

L'air était tiède, humide et chargé d'effluves. Des braises chauffaient des bassins pour maintenir les plantes tropicales à la bonne température. Rystraa avait sans conteste, le plus beau laboratoire qu'elle avait vu – non pas qu'elle n'en ait vu beaucoup, ceci dit. La serre était immense, cloisonnée en différents espaces pour les variétés d'herbes qui y poussaient.

—Le laboratoire royal est une sorte d'académie, les écoles les plus prestigieuses nous envoient leurs meilleurs élèves pour que nous finissions leurs formations, avait expliqué Eldric. Certains sont envoyés à travers les contrés, d'autres se répartissent à Ron Dhras ou dans le pays pour enseigner, et les plus doués restent ici pour expérimenter.

Akélia comprenait maintenant la diversité des métiers et des personnes qui y travaillaient. Certains venaient du Nord, d'autres de contrées voisines. Des médecins de renommée mondiale avaient même fini par venir dans ce lieu d'expertise.

Ses mains couvertes d'une fine paire de gants blancs coupèrent la tige d'un brin de sauge officinale. Elle en examina les feuilles et les fleurs. Elle tentait de retenir chaque détail des paroles de son tuteur et de ce qu'elle voyait. Tout était exaltant, tout la passionnait ; elle gardait une oreille sur les observations des alchimistes et sur les discussions des médecins. Eldric lui avait assuré qu'elle aurait le temps de s'intéresser à leurs expériences d'ici quelques jours.

La blessure à son bras avait cicatrisé, mais Grai l'oscultait tous les matins et soirs, à son arrivée au labo et à son départ. Elle ne lui posait pas trop de questions, mais il lui semblait bien qu'il tentait de trouver la réponse à une interrogation qui la concernait.

Moi aussi j'ai besoin de réponses...

La fiole de Ferdinand était toujours dans ses affaires, elle avait cessé de la porter en permanence. Non pas parce que le palais était un lieu sûr, mais parce qu'elle ne voulait pas penser à ce choix qui viendrait tôt ou tard entraver son quotidien.

Elle aurait voulu oublier son existence. Suivre Kay à Clège aurait été possible si la fiole ne l'appelait pas toutes les nuits. Ses souvenirs poussaient le voile couvrant son esprit mais aucun malaise ne l'avait pris depuis son réveil. Elle se demandait s'il lui arrivait de nouveau de sombrer dans l'inconscience à cause de sa mémoire.

Aucune réponse ne lui vint. Akélia posait la plante dans smon panier, continuant son ascension à travers les rangées de végétations. Elle enfilait un masque à l'approche d'une fleur dont le pollen était particulièrement irritant à cette période de l'année. Elle entailla le tronc d'un jeune arbre à côté, pour en récupérer l'écorce et la sève.

Elle ferma le goulot du flacon dans lequel cette dernière s'était glissée dans un geste mécanique. Alors qu'elle s'apprêtait à continuer sa route, elle entendit des pas. Un homme croisa son regard. Elle reconnut aussitôt éclat de ses yeux cendrés : c'était le prince d'Alimp.

Il avança dans sa direction, un sourire aux lèvres. Elle écarquilla les yeux, prise de panique. Son panier tomba à terre dans un petit fracas tandis qu'elle se jetait vers le prince avant qu'il ne passe près du parterre de fleurs irritantes.

Ils tombèrent à la renverse, heureusement assez loin du danger.

—Eht bien ! J'espérais que vous me seriez reconnaissante mais de là à vous jeter dans mes bras, c'est un peu cru comme remerciements.

Le Prince et l'Alchimiste (REECRITURE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant