Chapitre 33 : Réunion de voisinnage

9 1 0
                                    

Jonathan revint une fois la nuit tombée. Sa monture foula les ténèbres pour ouvrir la marche. Derrière lui, le prince aperçut une garde entière. Une demi-douzaine de chevaux émergeaient de l'obscurité. Adrien posa sa main sur le pommeau de son épée. Ayan, fidèlement posté à ses côtés, fit de même.

L'humidité de l'air avait fait dégringoler les températures. La rue était plongée dans la pénombre, éclairée par les lumières qui filtraient des fenêtres. L'odeur du dîner émanait des cuisines du bâtiment derrière eux, faisant grogner leurs estomacs. Ayan avait suggéré qu'ils attendent le retour du paysan – et potentiellement des gardes – avant de manger. C'était une sorte de règle diplomatique selon son bras-droit.

Jonathan s'arrêta devant eux et mit pied à terre.

—Comme promis, sourit-il derrière le voile de la fatigue.

—Merci beaucoup, dit Adrien en serrant la main calleuse du cavalier. Ton geste sera récompensé, considère que tu as un ami à la cour.

Le paysan repoussa ses cheveux trempés par la neige qui tombaient en petits flocons autour d'eux.

—C'est un honneur. Merci.

Il partit en emportant sa monture qui reniflait bruyamment. Les gardes qui l'accompagnaient s'étaient arrêtés à quelques mètres. Ils jugeaient les lieux et les potentiels pièges. Adrien était à fleur de peau depuis son entrevue avec Akélia. Il laissa donc son ami aborder l'escouade méfiante.

—Il n'y a aucun traquenard, avança-t-il, nous voulons juste parler à votre général.

—Ah ! Vous aurez bien mieux !

La voix qui s'éleva du groupe fit tilter le prince rystraan. Un cavalier passa devant l'équipe durement rassemblée et retira son casque. Il secoua ses cheveux trempés de sueur et de neige.

—Roan ?

Adrien s'approcha tandis que l'autre se glissait à terre.

—Adrien ! Ravi de te revoir !

Le prince d'Alimp se présenta devant lui avec sa désinvolture habituelle. Leur dernière rencontre remontait à leurs années d'apprentissage, quand ils n'avaient pas plus d'une dizaine d'années chacun. Et pourtant, ses manières étaient restées inchangées depuis. Adrien ne savait pas s'il devait jubiler ou hurler.

—Votre Altesse, s'inclina Ayan, vous comptiez vous rendre à Rystraa ?

Roan ne lui adressa même pas un regard quand il répondit :

—Nous parlerons des plans que vous avez bousculés une fois à l'intérieur voulez-vous ? Je voudrais d'abord savoir ce qui a pu pousser le prince de Rystraa à envoyer une missive à mes hommes.

—Allons nous attabler, nous avons beaucoup de choses à nous dire, affirma Adrien en rentrant dans l'auberge.

Il choisit de contenir son soulagement aussi bien que la rage de retrouver son plus grand adversaire. Roan David Ringold, le prince hériter d'Alimp.

La compagne de chambre d'Akélia était tendue. Depuis qu'elle était allée jeter un œil à la salle commune, elle faisait les cent pas sans répondre aux questions de l'alchimiste alitée. Le bruit des chaises raclant le parquet de la salle commune lui indiqua une nouvelle présence.

—Alors ? pressa-t-elle la soldate qui continuait ses allers-venus d'un bout à l'autre de la chambre. Qui est venu ?

Cela faisait quatre fois qu'Aymeric ne répondait que par des grognements. Elle ressemblait à une bête en cage. Akélia repoussa les couvertures et s'assit sur le bord du lit. Son amie cessa son manège un bref instant.

Le Prince et l'Alchimiste (REECRITURE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant