Chapitre 45 : L'épaule d'une amie

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Emmitouflée dans une couverture, à même le sol et appuyée sur le siège d'un fauteuil, Akélia avait les yeux bouffis fixés dans le vide. Elle se mouchait vulgairement, et essuyait mes larmes. Le feu qu'Aymeric venait d'allumer ronronnait.

—Alors, que s'est-il passé ? l'interrogea-t-elle en ôtant sa veste pour se rouler à son tour dans le couvre-lit.

Akélia expira, sentant sa gorge grelotter sous le chagrin.

—Kay est revenu au palais, il a été attaqué.

Le silence s'étira. Ses lèvres ne cessaient de tressauter.

—Il n'y a pas que ça, supposa la femme en venant s'installer dans le divan face à elle.

—Non... On s'est disputé au sujet de... après. Il voulait que l'on retourne à Clège pour vivre comme nos parents mais je-

Un spasme la prit, elle sentit mes yeux se mouiller de nouveau.

—Je ne veux pas d'une vie d'illusion, quelque chose cloche et puis... Je ne peux pas rester à Rystraa.

—Pardon ? s'insurgea Aymeric. Pourquoi ne pourrais-tu pas-

Elle fut coupée par des cognement à la porte. Elle lança à Akélia un regard l'enveloppant dans sa tendre amitié avant d'aller ouvrir. La jeune femme se concentra sur les flammes grésillant dans l'âtre.

La soldate revint et lui tendit une lettre. Elle sortit ses bras du cocon de laine pour l'attraper. Un sceau en cire orange scellait le papier, il avait la forme d'un oiseau, avec un bateau. Il n'en fallut pas plus pour lui indiquer le l'expéditeur.

—Ça vient du Prince Roan ?

Aymeric aussi avait reconnu la signature du prince étranger. Elle hocha la tête en brisant le cachet de cire.

"Akélia,

Je suis navré que nous n'ayons pu finir notre conversation.

J'ai encore beaucoup de choses à vous apprendre, et je pense que vous voudriez en connaître le plus possible sur le sujet que nous avons abordé.

Si votre départ de Rystraa est précipité, sachez qu'Alimp vous ouvre ses portes. Vous aurez ma protection.

Faîtes parvenir votre décision, déposez-la devant votre porte et soyez sûre qu'elle me sera remise.

Roan."

—Alors, que dit-il ?

Akélia replia le papier pour le déposer sur le sol.

—Le roi exige que je quitte Rystraa, avoua-t-elle avant que l'émotion ne la submerge de nouveau. Ma mère est, enfin était, corrigea-t-elle malgré elle, une traîtresse, je n'en sais pas plus, mais Roan oui, et il me propose d'aller à Alimp.

—Quoi ?! s'écria Aymeric en perdant son sang-froid habituel. Adrien est au courant ?! Il doit-

—Non, et je ne tiens pas à ce qu'il le soit.

Le regard pesant de son amie alourdit la charge qui pesait sur sa cage thoracique. Akélia mordilla sa lèvre.

—Aymeric, je n'ai pas le choix, et je ne veux pas-

—Il tient à toi, tu sais ? la coupa-t-elle en portant son attention sur la lettre. Roan veut peut-être te piéger. Alimp et Rystraa sont en conflit et les tensions montent de plus en plus. Il veut peut-être faire du chantage ou te livrer aux Tigres, ou bien-

—Non, clama Akélia en se levant sans oublier d'attraper le bout de papier. Roan n'est pas aussi vicieux que ça, sinon pourquoi aurait-il accepté de nous aider ?

Le Prince et l'Alchimiste (REECRITURE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant