Chapitre 44 : En plein coeur

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Akélia étouffait.

Ce corset est trop serré !

La jeune femme ne s'était pas préparée à porter ça ce matin. Pour tout dire, elle avait à peine enfilé son pantalon et sa tunique quotidienne, lorsque Iris, une femme de chambre était entrée en trombe en annonçant que le roi avait exigé sa présence dans la salle du trône dans l'heure qui suivait. Maeve – une autre femme de chambre –  avait débarqué à son tour en portant des caisses de vêtements et de bijoux.

—Je ne peux pas simplement y aller comme ça ? avait demandé innocemment Akélia sans se douter de la rigueur des protocoles royaux.

Maeve et Iris lui avaient jeté un regard assassin qui avait eu raison de son désaccord. Elles lui avaient fait enfiler trois robes différentes avant de s'arrêter sur une lilas à la coupe simple. Le col légèrement plongeant laissait apercevoir la fin des cicatrices bleues sur sa clavicule gauche tandis que les manches longues couvraient ses bras pris de chair de poule. Le temps n'était pas clément et le fin tissu ne lui tenait pas bien chaud. La couleur de ce dernier lui rappela les colorations qu'elle s'amusait à faire à l'époque où elle travaillait pour Bursk. Cette époque lui paraissait si lointaine... Un second souvenir, d'un liquide violet, s'était mêlé à cette image sans qu'elle puisse définir d'où il provenait.

Maeve avait tiré ses cheveux avec des épingles, dégageant son visage. Elle avait bouclé mes longueurs avec un instrument chauffé dans la cheminée au fond de la pièce, et avait fixé des perles dedans.

Pendant ce temps, Iris avait rehaussé son teint avec une poudre rosée, coloré ses lèvres avec une crème corail et brossé ses sourcils et cils. Akélia ignorait chaque nom des produits utilisés, elle n'avait même pas conscience de leur existence avant ce jour. Un collier de petite perle fut mis autour de son cou.

Une fois la préparation faite – et Akélia démangé par les épingles qui taillait son crâne –, Iris et Maeve s'étaient tenues devant elle avec des mines satisfaites. Akélia avait fait une grimace : elle sentait déjà sa cage thoracique se rebeller contre la pression de l'armature qui pinçait sa taille. Sans s'en soucier, les deux femmes l'avaient ensuite conduite à Léandre, lui confiant les ordres de leur souverain.

Akélia avait du mal à penser qu'elle était une de ses sujets, mais elle se garda d'étoffer cette pensée à l'approche des grandes portes en bois clair. Léandre lui accorda un regard et un signe de tête rassurant avant d'ouvrir ces dernières.

—Akélia de Clège, Votre Majesté, clama-t-il en s'inclinant sans passer le palier.

—Entrez-donc, Mademoiselle, répondit une voix de l'autre côté de la salle.

Elle ne distingua le roi qu'au bout de quelques pas. Tant bien que mal, elle marcha avec les chaussures inconfortablement hautes que lui avait fourré aux pieds Maeve. Elle regardait chaque centimètres devant elle, ne voulant pas se faire trahir par un pli sur le tapis de velours rouge qui conduisait à l'avant du dais. Ainsi, elle ne leva pas la tête.

Une mèche s'échappa des épingles et vint à l'avant de sa tête. Elle se cacha derrière en faisant une révérence maladroite.

—Votre Majesté, souffla-t-elle en suivant les instructions de Maeve.

—Relevez-vous mon enfant.

Akélia s'exécuta, croisant enfin les yeux du roi de Rystraa. Son regard océan lui fit penser à celui d'Adrien. Ses joues chauffèrent, uniformisant probablement le maquillage dont elles étaient poudrées.

—Comment vous appelez-vous ?

Sa voix était ferme, sans place pour la légèreté. Tout comme son visage, son allure inspirait le respect, et même la peur. Un frisson parcourut l'échine de la jeune femme.

Le Prince et l'Alchimiste (REECRITURE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant