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Elles étaient à bout de souffle, vingt-quatre heures sous la pluie à courir – à essayer du moins – pour échapper à l'ennemi. C'était un peu un cache-cache mais en plus intense, un peu plus sérieux, et l'où on ne riait pas vraiment. La pluie rendait le sol boueux, leurs bottes trainait dans la boue, elles devaient échapper aux agents comme si leur vie en dépendait.

Bien-sûr, elles avaient réussi car voilà un an qu'elles avaient mis les pieds dans l'unité spéciale. Elles avaient grandi, ensemble, depuis aussi bien mentalement que physiquement. Lisa était contente, elle avait les tablettes de chocolat, des muscles solides, pas ceux de ces hommes qui font chavirer le cœur des femmes. Elle avait fait tant d'efforts, elle avait beaucoup pleuré.

Cependant, aujourd'hui, elles avaient quartier libre et les quatre jeunes femmes ne savaient pas quoi faire pour tuer le temps. Elles ne savaient plus vraiment ce que signifiait le verbe « s'amuser » depuis le temps qu'elles étaient rentrées dans l'armée.

Au sol, Lisa regardait le ciel lorsqu'elle vit le major apparaître au-dessus d'elle.

« Bon, soldats, comme prévu, jour de repos demain. Profitez-en ce sera le premier et le dernier !

- On a le droit d'aller où ? » s'enquerra Jisoo.

Car, à vrai dire, les jeunes femmes ne connaissaient pas le quartier.

« Vous vous débrouillez, ce n'est pas mes oignons ! »

Et le major disparut.

Jennie se redressa pour pester et Rosé ria.

« On va devoir marcher jusqu'à la ville ... » conclut cette dernière. « C'est déjà bien d'avoir un jour de repos, allez Jennie !

- Tu parles d'un jour de repos, on va passer notre journée à marcher, ce sera une journée comme une autre ...

- On va se lever tôt pour avoir plus de temps !

- Je suis naze, moi ... Pas la foi de me lever aux aurores ... »

Lisa soupira, elle n'avait pas non plus envie de se lever tôt pour marcher.

« Ça vous dit de juste dormir toute la journée ?

- Non, Jisoo ! » répondirent en cœur les trois autres.

Elle haussa les épaules.

« Et si on demandait au Major une carte ? » proposa Rosé.

Les jeunes femmes acquiescèrent et Jisoo s'indigna qu'on ne soit jamais d'accord avec elle, sur quoi elles se mirent à rire.

Deux heures plus tard, elles avaient finalement trouvé le Major Zoé. Elle avait accepté leur requête en ajoutant : « je suis vraiment trop gentille avec vous ... » et les jeunes femmes avaient juste souri.

Elles se réunirent dans la chambre de Jisoo.

« Ah, mais ce n'est pas loin la ville !

- Rosé, y a quand-même deux heures de marche ... » dit Jennie en levant les yeux au ciel. « On va devoir se lever à quelle heure, sérieux ?

- En soit, à six heures ça devrait aller.

- Je vote pour sept heures !

- D'accord, Jisoo, mais tu as intérêt à te lever. » pouffa Lisa.

Jisoo la frappa sur la tête en s'indignant.

Le lendemain, Lisa se leva avec le sourire ; elle allait enfin connaître le plaisir de la liberté. Dans la salle où elles mangeaient, Jisoo arriva les yeux à moitié fermés, comme tous les matins. Rosé lui fit remarquer « t'abuses il n'est pas cinq heures ! ». Mais elle ne répondit pas et pris le riz et les condiments, elle ne regardait même pas en face d'elle.

Le repas pris, les jeunes femmes se mirent en tenue mais elles croisèrent un agent qui se moqua d'elles.

« Vous n'allez pas sortir comme ça, sérieux ?

- Tu veux qu'on s'habille comment, dis-moi ? »

Jennie n'avait pas de filtre elle parlait à tout le monde de la même façon, du moins tout le monde mis à part ses supérieures. Elle avait beaucoup de respect pour ses supérieures.

« Je te signale que j'ai deux ans de plus que toi !

- Et alors, t'es générale, peut-être ? »

Les deux jeunes femmes n'avaient pas un caractère facile, elles passaient leur temps à se disputer. A vrai dire, Jennie se disputait avec beaucoup de monde.

« On n'a pas d'autres vêtements. » intervînt Rosé avant que cette situation dégénère.

« Vous avez toutes la même morphologie que moi, ça devrait aller. Venez, j'ai ce qu'il faut pour vous. »

En effet, l'agent avait une jolie garde-robe.

« Pourquoi t'as tout ça ?

- J'ai des jours de repos, et j'adore mettre de jolies robes quand je vais dehors.

- Le régiment me manque ... » songea Jisoo.

Dans l'unité spéciale, il était rare d'avoir du temps pour soi. Les jeunes femmes furent surprises de voir les soins du visage et le maquillage de l'agent. Elle aimait se chouchouter, redevenir la femme qu'elle était.

Toutes les femmes ont leur part de féminité, ce n'est pas forcément porter des robes, mettre du maquillage. La féminité peut avoir plusieurs formes, Lisa trouvait cela amusant d'imaginer la forme de la féminité de chacune.

Lisa aimait regarder sa mère se pouponner, cette femme devant le miroir, un sourire aux coins des lèvres. Elle sentait toujours bon.

« Tu sais, Lisa, tu n'es pas obligée de faire comme moi pour être féminine. Toutes les femmes sont belles à leur façon.

- Il faut être féminine pour être une femme, maman ?

- Non, mon cœur ! » riait-elle.

Elle s'était approchée pour embrasser sa fille sur le front.

« Quand je serai grande, moi, je serai comme toi !

- Tu seras ce que tu seras, Lisa. Laisse-toi porter par le courant, il ne sert à rien de lutter contre car tu n'avanceras pas mieux.

- Maman ?

- Oui, mon trésor ?

- Tu es belle.

- Et toi, tu es la plus mignonne des petites filles. »

Elles avaient ri.

Lisa avait envie de ressembler à sa mère car elle était son modèle, sa seule référence. Alors, la jeune femme prit une crème à la fleur de cerisier et se l'appliqua sur le visage, le sourire aux lèvres. Elle sentait le bien-être l'envelopper, c'était si agréable, c'était un brin de douceur dans le monde où elle vivait, un monde sans pitié, un monde de lutte et de guère. 

𝗟𝗘 𝗕𝗥𝗜𝗦𝗘 𝗖𝗢𝗘𝗨𝗥, jeƞlisɑ + cɦɑelisɑOù les histoires vivent. Découvrez maintenant