ℭ𝔥𝔞𝔭𝔦𝔱𝔯𝔢 42

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Depuis ce jour, Maël vivait à moitié. Les seuls moments où il sortait de sa chambre était pour réaliser les séances de rééducation en compagnie de Tiago qui faisait le déplacement jusqu'à sa demeure. Le père de Maël avait organisé le sous-sol afin de répondre aux besoins de son fils. Une fois par semaine, Tiago et lui se rendaient à la piscine municipale pour leur séance de rééducation. Maël faisait des progrès impressionnants, encore plus après chaque passage dans l'eau.

Le reste du temps, il vivait reclus comme un ermite dans sa chambre. Son bureau et son lit étaient constamment recouverts de livres ouverts ainsi que de carnets remplis de l'écriture de son grand-père. Depuis qu'il avait ressorti ces carnets, il les avait tellement lus qu'il pouvait presque les réciter à la virgule près.

Pourtant, après trois mois de recherches, il n'avait toujours pas trouvé à quoi correspondait la marque fade dans la paume de sa main.

Bien qu'il assure à tout le monde qu'il allait bien, il avait l'impression de perdre la raison un peu plus chaque jour. Il voulait savoir. Il avait besoin de savoir.

Pourquoi n'arrivait-il pas à se souvenir où il avait vu ce motif ?!

S'il n'avait pas vite une réponse, il allait disparaître dans les méandres de sa folie.

Régulièrement, autant que lui permettait ses études et sa propre vie, Ayden passait lui rendre visite, s'inquiétant de sa santé, s'intéressant à l'avancement de sa rééducation ainsi que de ses recherches. Il en faisait aussi de son côté. Maël ne pourrait jamais lui être assez reconnaissant.

Un jour, alors qu'il se réveillait tout ankylosé de s'être endormi sur le rebord de sa fenêtre, il prit la décision de demander l'aide de son ancienne tutrice et collègue. Cette dernière demandait de ses nouvelles régulièrement et c'est comme cela qu'il savait qu'elle était revenue d'expédition.

Prudemment, il descendit les escaliers pour rejoindre ses parents qu'il trouva dans la cuisine. Son père était en train de lire le journal sur sa tablette pendant que sa mère finissait de préparer le petit-déjeuner. Si elle fut surprise de le voir sur le pas de la pièce, son visage se fendit très vite en un sourire et elle l'invita à s'asseoir autour de la table.

Il grignota ce que lui présentait sa mère, perdu dans ses pensées. Au bout d'un moment, ils furent rejoints par Noé et Nolan qui allaient à l'école. Maël ne sortit de son silence qu'à leur départ, se tournant vers son père.

« Est-ce que tu peux me déposer à l'aquarium ? »

« A l'aquarium ? » Demanda son père, surpris.

Maël acquiesça, se mordant la lèvre de peur que son père le lui refuse. S'il refusait, il n'avait aucun moyen de se rendre seul là-bas et il n'était pas assez téméraire pour tenter une excursion sans prévenir ses parents.

« Oui... Bien sûr. »

« Merci. » Souffla-t-il de soulagement.

« Tu avais peur que je refuse ? » Rigola son père.

« Un peu. » Avoua-t-il, bêta, ce qui arracha une nouvelle vague de rire chez son paternel.

« Je suis surtout surpris que tu sortes de la maison. Ça fait des semaines que tu ne quittes ta chambre que pour travailler avec Tiago. »

« Je suis désolé. » Dit-il piteusement en baissant les yeux.

« Ne t'excuse pas, fils. »

« Je vous inquiète avec maman... Et je vois bien que les jumeaux sont mal à l'aise par ma faute... »

Le chant de l'océan. Tome 2 : mor-brasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant