ℭ𝔥𝔞𝔭𝔦𝔱𝔯𝔢 40

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« Un homme-sirène ? Tu te fous de ma gueule ? »

« Tu as lu trois milliards de fois les aventures d'Ulysse et tu ne me crois pas ? » Répliqua Ayden en haussant un sourcil.

« Ouais, mais ce sont des légendes. »

« Où est passé mon meilleur ami qui nous a rabattu les oreilles avec les sirènes depuis aussi longtemps que je m'en souvienne ?! »

« Sûrement au fond de l'océan. Ou dans la panse de mon ami le requin. »

« Cesse de faire du mauvais esprit. »

Maël ne répondit pas. Il bouda de façon très mature. Ayden soupira et se mit à farfouiller dans le sac de Julie qui se trouvait entre eux sur le canapé. Le fait qu'il fouille dedans attira son attention et sa curiosité grandit quand il le vit en sortir un carnet qui lui semblait familier. Ayden lui tendit.

« C'est ton carnet. »

Maël le prit entre ses mains. Au moment où la peau de ses doigts entra en contact avec la reliure de cuir, il ressentit des frissons le long de son bras, dans sa colonne. Prudemment, comme s'il manipulait un incunable inestimable, il ouvrit la première page. Immédiatement, il reconnut son écriture incurvée. Il leva les yeux vers Ayden.

« Tu y trouveras sûrement des réponses. Quand la mémoire te sera revenue, j'irais récupérer dans ta chambre ceux de ton grand-père. »

« Merci... »

Le couple le salua et le laissèrent à sa lecture.

Le requin lui fonçait dessus comme un boulet de canon, le repoussant au loin dans les profondeurs de l'océan. Maël n'avait pas le temps de se remettre de cette attaque qu'il était la cible d'une deuxième attaque, meurtrière. Bien qu'aveuglé par les bulles causées par le remue-ménage, il voyait l'animal lui foncer de nouveau dessus, la gueule grande ouverte, offrant une vue imprenable sur sa magnifique dentition.

Maël ne savait pas vraiment comment il réussissait ce miracle mais au moment où les mâchoires puissantes s'apprêtaient à se refermer sur lui, il parvenait à éviter les coups de dents. Armé de son couteau dans sa main droite il essayait de percer la peau épaisse du requin mais ce dernier y échappait par un heureux hasard. Maël essayait de profiter de cet instant de répit pour repérer Stéphane et se ressaisir mais ce n'était pas au goût du requin blanc qui tentait à nouveau d'en faire son repas.

Le requin fonçait sur lui tel un bélier. Maël encaissait tout son poids alors que l'animal continuait de battre avec véhémence sa nageoire en direction des profondeurs.

Maël paniquait. Le requin était en train de le pousser dans les profondeurs à grande vitesse. Maël affirmait sa prise sur son couteau et tentait à nouveau de blesser le requin avant que ce dernier ne l'attire dans les profondeurs. Mais malgré sa proximité alarmante avec l'animal, sa lame glissait sur la peau épaisse ou ne l'éraflait que très légèrement. Il tentait de viser ses yeux et ses branchies mais à chaque fois, le requin semblait deviner son plan et déviait la lame sur son corps.

Il commençait de fatiguer et la tête lui tournait. A un moment, sa bouteille numéro un lui apprenait qu'elle était vide. Dans une dernière tentative, il essayait d'attraper le talkie-walkie pour faire ses adieux à Caroline ainsi qu'au reste de l'équipe mais les mâchoires du requin se refermèrent sur sa jambe.

Maël criait dans son masque. Le requin n'essayait même pas de lui arracher. Non, il l'immobilisait juste.

Maël abandonnait la lutte. Son couteau lui glissait des mains et s'enfonçait dans les profondeurs, les mêmes vers lesquels il était trainé par le requin.

Le chant de l'océan. Tome 2 : mor-brasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant