ℭ𝔥𝔞𝔭𝔦𝔱𝔯𝔢 46

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Ils se tournèrent comme un seul homme. Devant eux se tenait un homme à la carrure imposante. Il avait des épaules si développées, un torse si large et musclé que Maël ressemblait à un ficello en comparaison. L'homme se tenait droit, son visage était altier et neutre. Il avait de longs cheveux sombres ondulés qui retombaient tels une crinière de lions sur ses épaules nues. Dans une main, il tenait un grand sceptre métallique surmontée d'une figure que Maël n'arriva pas à détailler dans la semi-obscurité. Le large torse de l'homme était coupé par deux bandes tissées croisées sur son torse. Sur ces bandes étaient cousus des coquillages des profondeurs. Tout comme Leo, l'homme arborait un pagne cachant son intimité. Ses jambes étaient épaisses et recouvertes de profondes marques blanchâtres qui ressortaient sur sa peau hâlée.

Maël n'eut aucun mal à reconnaître Tiger.

« Bonjour Maël, digne héritier d'Arthur. »

« P'pa... »

« Mon fils. »

Sa voix était rauque et caverneuse. Son français était châtié et démontrait son autorité. Maël se sentait petit garçon aux pieds de cet être ancestral.

« P'pa... Que fais-tu là ? » Demanda Leo, la voix craintive.

« Ais-je réellement besoin d'exprimer la raison de ma présence sur la terre des Humains ? » Son regard froid plongea dans celui de son fils qui rentra légèrement la tête dans les épaules. « Il est temps, mon fils. »

« Non... »

« Ce n'était pas une proposition, Prince Leo, héritier de la dynastie royale. »

« P'pa... »

« Il suffit ! »

Maël était spectateur de leur échange. Il n'osait pas respirer, encore moins bouger. La tournure des évènements était complètement hors de ses capacités et il comprit l'immensité qui séparait leurs deux espèces. Quand le regard de Tiger coulissa sur lui, il glapit, avalant difficilement sa salive.

« Maël, je tiens à m'excuser de la part de mon fils pour t'avoir mis en danger bien que j'ai prévenu ce dernier des risques inutiles qu'il te faisait encourir en t'ouvrant les portes de notre monde. »

« Je- »

« D'autant plus qu'il a bafoué une promesse sacrée établie avec ton grand-père, mon ami. » Le coupa-t-il sans se démonter.

« Une promesse ? »

« Arthur a fait la demande à mon peuple de te tenir éloigné des affres de notre monde, du danger que l'océan représente pour votre lignée. »

« V-Vraiment ? »

Tiger tourna de nouveau son regard en direction de Leo qui semblait respirer vite bien qu'il n'ait pas bougé des côtés de l'Humain. Doucement, Maël vint poser sa main sur la sienne pour attirer son attention. Celui-ci ne détourna pas le regard de son géniteur mais serra les doigts de Maël.

« Pourquoi ne peux-tu pas lui retirer ses souvenirs ? »

« Ça risque de le tuer. »

« Tu sais très bien que c'est sans danger. Tout au plus il sera barbouillé quelques jours. »

« P'pa... »

« Leo. » Répliqua-t-il seulement. Un seul mot qui cachait tout un ordre.

« Je ne veux pas. »

« Je le sais. Mais il le faut. Si tu tiens réellement à lui, fais-le. »

« P'pa... »

« Je ne suis pas là en tant que ton père, Leo. Je suis présent aujourd'hui sur une terre dont j'ai promis de ne plus jamais fouler le sable, pour ramener l'ordre dans notre monde. Ta place est sur le trône, Leo. La sienne est ici, loin des dangers que représente notre espèce pour la sienne. »

Le chant de l'océan. Tome 2 : mor-brasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant