Chapitre 24 : Un piège

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Et c'est reparti pour de nouveaux problèmes. Selon la description de Louise, Villat est obnubilée par le pouvoir et ne souhaite pas mon bien. Le livre était un piège. Un piège pour avoir mon adresse. Et j'ai foncé dedans. Maintenant, mes parents et Yasmine sont encore plus en danger.

J'en ai marre. Je pense trouver une solution. Ce n'est jamais la bonne. En revanche, trouver des problèmes, c'est facile. J'ai même pas à essayer de trouver. Ils viennent tous seuls. Dans une histoire sans difficultés, Villat se révélerait être une nouvelle alliée qui nous aiderait à trouver la solution. Mais non. Ça serait trop facile. Pourquoi ne pas risquer encore une fois la vie de ceux que j'aime ?

Je sors mécaniquement mon téléphone. Louise m'interrompt :

— Est-ce que tu es sûre que tu peux leur faire confiance ? Je trouve ça étrange que tes parents n'aient pas voulu que je t'en parle.

Le doute se sème dans mon esprit mais en même temps, je ne veux pas qu'ils leur arrivent quelque chose.

Je tape donc le numéro et tombe sur ma mère :

— T'as bien fait de partir de la maison, ma chérie. Ne t'inquiète pas pour nous, tout va bien. On est plus forts que ce que les gens veulent croire.

Au loin, j'entends du brouhaha. Villat les a retrouvé. Zut. 

Mon désespoir doit se lire sur ma tête car Louise se met à faire les cents pas. Un sourire se dessine encore malgré moi. Elle m'avait manqué. Plus que je ne pensais. Elle commence à réfléchir à voix haute :

— Si ce que Villat m'a dit la vérité, j'ai peut-être une idée. 

Partir sur ce postulat me semble oser. Mais je l'écoute. Et son plan me semble envisageable.

Moins d'une heure plus tard, nous sommes dans la voiture. Prêtes à affronter Villat. Nous sommes à nouveau une équipe. Je respire mieux.

Puis, mon souffle commence encore à perdre sa régularité. Et si ça ne marchait pas ? La voiture s'arrête devant la maison. Louise me lance un regard plein de confiance. Je prends mon courage à deux mains. J'entre chez moi. Prête à me défendre. La main près de ma poche. Louise derrière moi.

Mes parents et Yasmine sont assis à la table du salon. Je leur souris. Ils sont terrifiés que je sois là. Mes parents voient Louise. Leurs traits se relâchent. Ils savent qu'elle a réussi. Louise part se cacher. Villat ne doit pas la voir.

Quand on parle du loup, ma génitrice apparaît. Son attitude et ses expressions ne trahissent que de la vengeance. Je me sens baisser la tête. Je tente de dompter ma peur. Je relève la tête. Il n'y a pas un bruit. Je prends la parole :

— Bonjour. Je sais qui tu es. Que souhaites-tu ?

—Je veux retrouver ma fille. Une fille a osé se faire passer pour elle et je pense que ma fille aimerait m'aider à me venger.

Je comprends qu'elle essaie de m'influencer. Elle se doute donc de qui je suis. Je continue le dialogue :

— Que lui veux-tu à ta fille ? 

Un sourire maléfique se dessine sur son visage. Elle pense pouvoir me retourner le cerveau. Je ne la laisserai pas faire. Elle prend le temps de répondre  :

— Je pense qu'elle serait ravie de m'épauler dans mon projet de domination du monde.

Ma première pensée est de me dire que beaucoup trop de monde veut dominer la Terre. Puis, je sens son influence se répandre plus violemment. Elle y a mis toute sa conviction. Je suis presque tentée de la suivre. Au loin, j'entends la voix de Louise :

— Je pense que as envie de mettre ta main dans ta poche droite.

Mon cerveau ne comprend plus mais le fait. Je sens le contact d'une pierre. Une sensation de froideur se répand dans tout mon corps. Puis, pleins de phrases tournent dans ma tête. Je reconnais toutes celles qui m'ont influencé. Et d'autres que je pensais sans effet. J'entends des bruits de course. Puis, d'un seul coup, je tombe à terre. Vide d'énergie.

Quand je reprends mes esprits, je me sens légère. Je suis à nouveau moi-même. Pas un puzzle de l'avis des autres. Juste moi. Ça fait du bien.

J'ouvre les yeux. Louise me regarde inquiète. Mes parents et Yasmine sont toujours assis à la table. Villat a dû leur imposer de pas se déplacer. Je cherche celle-ci du regard et la trouve attachée sur le canapé. Je ne perds pas de temps et commence :

— Tu laisses tranquille les humains.

J'ai désormais une minute à attendre. Puis, j'enchaînerai avec un autre ordre. Pour qu'elle disparaisse de ma vie. Pour qu'elle arrête de nuire. Pour que je n'ai plus qu'à me concentrer sur les galecs.

Dans mon champ de vision périphérique, je vois bouger les trois autres attablés à la table. Villat ne les a plus sous ses ordres. Première victoire.

Je jette un coup d'œil à ma montre. Je n'aurais jamais pensé que le chronomètre me servirait autant dans ma vie. Plus que dix secondes.
Je prends mon mal en patience.

Une inspiration.
Une expiration.
Une inspiration.
Une expiration.

Un coup d'œil. C'est parti pour le deuxième ordre :

— Ne reviens plus sur Terre et va aider à Limëlian.

Villat me regarde affolée. Elle a compris. J'ai la Perle. Je ne la laisserai pas exercer son pouvoir en toute impunité. Son piège s'est refermé sur elle.

Louise rentre dans le salon. Villat comprend. Elle n'a pas été assez rapide. Elle était trop confiante.

Elle lance un dernier regard rempli de haine. Une promesse de vengeance. Je vacille un peu. Et me reprends. Elle s'éloigne. Franchit la porte.

Je me laisse tomber sur le canapé. Je tremble de tout mon corps. Je suis vidée d'énergie. Je garde la main crispée sur la pierre. Je ferme les yeux. Je ne suis plus disponible.

Au "ça va ?" inquiet de mes parents, je me contente de hocher la tête. Je veux oublier pendant quelques minutes. Je n'en reviens toujours pas que ça ait fonctionné.

L'héritage de Limëlian (en pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant