Chapitre 23 : Une bonne dose d'explication

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Je suis tétanisée.

Je suis devant la porte de l'appartement de Louise depuis 2 minutes.
J'ai débuté un combat visuel avec cette porte.
En revanche, j'ignore ce que je veux gagner. Est-ce que je préfère qu'elle s'ouvre ? Ou qu'elle reste fermée ?

Je suis arrivée pleine d'entrain. Puis, à la vue de la porte, je me suis figée.
Je ne sais pas quoi faire.
Mon corps refuse de me répondre. J'abandonne le combat visuel avec la porte. Je ferme les yeux.
Les questions m'envahissent.

Est-ce que c'est un piège ?
Est-ce que c'est elle ?
Serais-je heureuse si c'est elle ?
A-t-elle une bonne explication ?
Puis-je lui faire confiance ?
Qu'est-ce que je fais si c'est des galecs ?

Respire Chloé

J'ai encore l'impression d'entendre la voix de Louise. C'est décidé je toque.
J'ouvre les yeux. Je n'ai pas entendu la porte s'ouvrir.
Elle est en face de moi.

Elle est dans des vêtements propres. Elle n'a pas l'air d'avoir de blessures.
Tout mon cerveau est en alerte danger. Il analyse toute sa personne.
En revanche, mon corps réagit spontanément. Un sourire s'étire sur mon visage. Je m'avance vers elle. Je la prends dans mes bras.
Elle m'a manqué.

Je brise notre étreinte. Je m'éloigne de quelques pas.
Mon cerveau a repris le dessus. Il peut s'agir d'un piège.
Je tente de retrouver une voix sérieuse :

- Je veux tout savoir.

Ma voix se casse. Dans sa tonalité s'entremêlent l'euphorie des retrouvailles et la déception de sa disparition.
Je continue tout de même :

-Explique-moi s'il te plaît. J'ai besoin de comprendre.

Ma voix se brise un peu plus. Je finis ma dernière phrase dans un souffle.
J'ai conscience d'être en position de vulnérabilité.
Mais, je suis dans son appartement. Je devrais être protégée des galecs.

Louise s'assoit et me répond :

- Ça risque d'être long. Tu devrais t'asseoir.

Sa voix ne tremble pas. Ses yeux, par contre, me crient de l'écouter. De lui pardonner.
Je prends place sur une chaise un peu plus loin.
Elle prend une grande inspiration et se lance :

- La veille de ton anniversaire, quand ton père m'a ramené, il m'a dit que j'allais devoir récupérer une carte s'il y en avait une et que je devais me rendre sur place pour récupérer l'objet qui y serait. Une perle selon lui. Il m'a interdit de t'en parler. Il m'a expliqué que ça te mettrait en danger alors j'ai obéi.

Le lendemain, j'ai essayé de pas craquer devant toi et je m'excuse de ma froideur. Quand on est rentré dans le bureau, ton père a serré la main des gens dans la pièce et j'en ai profité pour prendre le plan. J'ai filé par la fenêtre des toilettes. J'avais pour mission d'être discrète. J'ai lu la carte et j'ai tenté de m'y retrouver.

J'ai mis une journée entière à m'y rendre. Je suis arrivée sur les lieux vers trois heures du matin. À la lampe de torche, j'ai creusé à l'endroit indiqué. Je me sentais comme dans un film. Alors que j'en pouvais plus, j'ai eu la frayeur de ma vie. Une dame sortie de nulle part à commencer à s'adresser à moi. "Alors Anatholie, on dit pas bonjour à sa maman. Je pense que tu veux passer du temps avec elle pourtant."

N'ayant aucune idée de ce dont elle parlait, j'ai joué le jeu. J'ai pris mon air le plus hagard et lui ai expliqué que je ne savais pas trop ce que je voulais mais effectivement je voulais bien trouver ma maman. Je ne l'ai pas reprise sur le prénom ni contrarier sur sa phrase précédente. On était en pleine campagne et la probabilité pour qu'elle n'ait rien à voir avec toi était faible. J'ai décidé de partir sur cette piste.

J'ai continué mon numéro en lui disant que je ne savais pas où dormir et que je serais ravie si elle pouvait me dépanner. Elle m'a amené chez elle. Très bizarre d'ailleurs comment est sa maison mais on en parlera plus tard. Elle a continué à me bassiner avec des Anatholie et à vouloir m'influencer.

Elle m'a offert son canapé et je n'ai pas dormi de la nuit. Incapable de lui faire confiance ni de savoir si j'avais fait les bons choix. Quand le lendemain est arrivé, elle a voulu aller marcher. Je n'ai pas marqué d'objections et on est parties dans la forêt.

Elle a commencé à me parler d'une lettre en me disant que je devais avoir pleins de questions sur Limëlian. J'ai botté en touche en expliquant que je préférais qu'elle me raconte elle ce qu'elle pensait important. Ça a eu l'air de flatter son égo. J'ai eu le droit à du Limëlian, les galecs et les qsittas. Mais tu as dû apprendre pas mal de choses aussi donc on comparera après.

On a continué à marcher. Elle, délirante et moi, sur mes gardes. De ce qu'elle racontait, si j'avais été celle qu'elle appelait Anatholie, j'aurais été sous sa coupe depuis longtemps. Je me méfiais déjà d'elle. J'ai redoublé de vigilance.

Au fil des discussions, j'ai compris que cette Anatholie devait être toi. J'ai ravalé ma colère. Je l'ai écouté et questionné. J'ai eu, quand même, envie de la frapper, de la menacer et de l'empêcher de te trouver.

Louise s'arrête brusquement et me regarde avec peur.

- Tu as mis quelle adresse quand tu as commandé le livre sur Limëlian ?

Je réponds en tentant de rester calme :

- Chez moi, celle de chez mes parents.

Ma voix tremble à nouveau. La réponse de Louise me coupe de ma capacité à réfléchir :

- Ils sont en danger.

L'héritage de Limëlian (en pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant