Chapitre 17 : Une enquête en cours

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Je tente de savoir ce que je ressens.
Suis-je soulagée que Louise ne soit pas prisonnière des galecs ? Je ne sais pas ce que je préfère.
La savoir en danger mais avoir une chance de la retrouver. Ou ne pas savoir où elle est et donc qui elle est.

Est-elle une alliée ou une ennemie ?
Les mots de la galec, ceux de Yasmine et mes convictions s'entrechoquent à nouveau. L'expression "à nouveau" n'est pas correcte. Ils n'ont jamais cessé.
Ils sont juste au premier plan maintenant.

Le minuteur sonne.
Il m'arrache à mes pensées. Pensées qui commencent à devenir dangereuses.
Un peu trop sombres à mon goût.
Je reprends le chemin vers le garage.

— Répond à la question suivante : comment vous me retrouvez à chaque fois ?

Toujours la même formulation. Seule la question change.
Le minuteur est réglé à 36 minutes. Je continue à diminuer le temps tant que ça fonctionne.

— On s'est mis à des lieux stratégiques.

Les réponses sont courtes.
La galec ne coopère pas. Elle obéit.
Chaque détail devra lui être arraché.
Il faut que je prenne le temps de mieux formuler. 

Je me réinstalle devant mes listes et le téléphone. J'ai l'impression de m'être inscrit dans une routine. Alors que ça ne fait que deux heures que je suis réveillée. Et moins de 24h que la galec est chez nous.
J'attrape le portable. J'ouvre l'application SMS. Il n'y en a aucun.
Elle n'est pas très bavarde Abigael. Ce n'est pas contre moi finalement ces réponses courtes. Je me rassure comme je peux.

J'ouvre ensuite la galerie. Il y a 6 photos.
Ce sont que des photos de lieux familiers : l'université, la bibliothèque, le gymnase, l'école de musique, la fontaine du centre-ville et la boulangerie.
Les voilà les points stratégiques qu'il faut que j'évite.
Un point m'interpelle. Il n'y a aucune photo de Limëlian. Le téléphone est-il terrien ?
Je ne rajoute pas cette interrogation dans ma liste. La réponse ne me ferait pas avancer.

Je regarde l'historique du GPS.
Il n'y a rien. La galec a paramétré pour que ça ne sauvegarde rien.
Elle a été prudente.
Elle a bien fait. Malheureusement pour nous.

Les parents passent à ce moment-là pour se servir leur café.
Je leur explique le problème de la conversation. Que tout le monde est en train de s'inquiéter de l'absence de réponse de la galec.
Mon père a les traits tirés. Il tente de trouver une solution.
Ma mère a un petit sourire :

— Demande-lui de l'écrire pour toi.

— Génial !

Je ne suis entourée que de gens malins. Heureusement pour moi.
J'ai conscience qu'aucune des meilleurs idées soient de moi. Mais pour ma défense, je n'ai pas demandé à être la détentrice de ce pouvoir.
Ma mère continue :

— Comment ça va ?

— Il faut pas poser ce genre de question à une qsitta. C'est une loi sacrée.

Le clin d'œil qui l'accompagne permet de lui faire comprendre que ça va à peu près.
Elle prend une inspiration pour revenir à la charge.
Mon minuteur sonne. Je suis sauvée par le gong.
Je m'éloigne vers le garage.

— Écris le message que tu aurais envoyé dans cette conservation en temps normal sans nous évoquer. 

La galec prend le téléphone et commence à taper.
Je lance le minuteur à 35 minutes.
J'ai réussi à lancer un ordre à 36 minutes d'intervalle. Ce que je n'avais pas réussi hier.
L'entraînement fonctionne.
Chaque petite victoire compte.

Une peur s'installe. Je veux pouvoir vérifier avant qu'elle envoie.
Je lui ai demandé que d'écrire. Elle ne devrait pas pouvoir valider le message.
Abigael se fige. Le message doit être fini.
Je lui reprends le téléphone et sors du garage.

Je partage la bonne nouvelle aux parents.
On lit le message. On le valide ensemble.
Je n'ai plus rien à fouiller dans le téléphone.
On décide de se pencher ensemble sur le plan.
On avance ensemble sur des idées d'ordre.
Ils s'appliquent sur des formulations pour pas m'influencer.

Il serait peut-être bon de demander à la galec son plan parfait.
On se dit qu'il vaut mieux attendre d'avoir le lieu.
Son plan sera mieux détaillé comme ça.
Mon alarme sonne.
Je m'en vais machinalement vers le garage.

— Répond à la question suivante : où est le plan de la Perle ?

Ma gorge ne chauffe pas. Zut, j'ai besoin de plus de 35 minutes.
J'attends dans le garage. Faire l'aller-retour ne servirait à rien.
Au bout d'une trentaine de secondes, je recommence.
Ça fonctionne. La galec me répond :

— Je ne connais pas de plan.

Je reste figée. Ce n'est pas eux qui ont le plan.
Je prends conscience qu'il faut que je respire.
Ou elle n'est pas au courant qu'ils l'ont.
C'est l'explication la plus rationnelle. Je ne veux pas faire une croix sur la Perle.
Ce plan est quelque part. Ou Villat l'a jamais écrit.
Elle l'a mentionné dans sa lettre pour me donner un peu d'espoir. Me faire croire que ce n'était pas une fatalité d'être son héritière. Qu'elle avait la solution.

Des pas se rapprochent. Mes parents se tiennent sur le pas de la porte du garage.
Ma tête doit traduire mon absence de compréhension.
Ils se figent à leur tour. Ma mère s'inquiète : 

— Tout va bien ?

Je ferme les yeux.

— Ils n'ont pas le plan.

Mon père me répond :

— Viens t'asseoir. On débriefe tout ça tranquillement dans le salon.

Chacun assis avec notre eau chaude. J'ai un flashback d'il y a deux jours après la lettre.
Mon père est le premier à prendre la parole :

— J'ose espérer qu'on retrouvera le plan pour trouver la Perle mais pour le moment, on a plus de pistes. En revanche, on a le lieu du rendez-vous.

Je hoche la tête. Je me recentre sur ma respiration.
Étape par étape Chloé. N'essaie pas de voir trop loin.
Ça fait moins de 4 heures que je suis réveillée. La fatigue est cependant déjà bien présente.
L'idée d'une sieste de 30 minutes me tente. De toute façon, je peux pas interroger la galec avant.

Je monte dans ma chambre.
Je me rends compte que je n'ai pas lancer le minuteur tout à l'heure.
Tant pis, je fais ma sieste puis j'irais donner mon ordre.

L'alarme sonne. Je ne suis pas sure d'avoir dormi 2 minutes.
Je descends vers le garage.
En chemin, j'informe mes parents. Ils veulent écouter la réponse pour prendre des notes.
On se dirige tous les 3 vers la galec :

— Détaille nous le plan parfait selon toi pour que tu t'incrustes, en nous donnant les informations sans qu'on se fasse prendre, à la réunion qui a lieu dans la salle de conférences du cinéma de la ville.

Abigael commence à parler.
Je lance le minuteur. Je sors du garage.
Je laisse mes parents se débrouiller.

L'héritage de Limëlian (en pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant