Chapitre 4 : Une première confrontation

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Je ne sais pas comment je suis arrivée dans la voiture avec mes parents.
Je n'ai pas dit un mot du trajet. J'ai même failli à plusieurs reprises sortir malgré qu'elle soit en mouvement.
Mais je ne l'ai pas fait. Non pas parce que je trouvais l'idée stupide en raison des inévitables blessures. Ce qui m'a retenu c'est toutes les questions sous lesquelles je croule.
Ils ont l'air d'avoir des réponses.

Nous nous regardons comme des étrangers dans le salon. Enfin surtout moi. Eux ils me regardent plus avec appréhension. Quand ma mère m'a ouvert la portière de la voiture à l'instant, j'ai pu lire de la tendresse dans son regard. Mais je n'en veux pas.

Je suis perdue.
Cette lettre ne fait aucun sens.
Il semblerait que ma vie soit bâtie sur un beau tissu de mensonges.
Et pour couronner le tout, Louise s'est enfuie et le plan de ce qui semblerait être une solution a disparu. Je me refuse à me dire qu'elle est partie avec.

Ce n'est donc pas de la tendresse que je veux, ce sont des réponses et des solutions.
Je suis même prête à jouer le jeu si l'on me dit que c'est une caméra cachée. Ma vie ne peut pas avoir basculé.

Je sors de mes pensées et prends conscience de la situation. Nous sommes tous les 3 debout dans notre propre salon. Personne n'a osé s'asseoir.
Je croise le regard de mon père.
Quand tu veux murmure ses yeux.
Alors, je prends place sur le canapé.
Mes parents font de même sur les fauteuils en face.

Ma mère brise le silence :

— On va essayer de répondre à toutes tes questions mais ne t'attends pas à ce que l'on sache tout. Ils nous manquent aussi pleins d'éléments. Mais je pense que tu peux nous faire confiance.

Je sens cette opinion s'immiscer dans mon cerveau contre mon gré. Je me crispe. Je ne suis pas sûre que je puisse leur faire confiance. Et je ne veux pas qu'ils m'imposent cette idée.
Mon père prend alors la parole :

— Ou je pense que tu peux ne pas nous faire confiance.

Les deux phrases s'opposent et s'annulent. Je me détends. J'ai de nouveau mon libre arbitre.

Mon père m'adresse un sourire bienveillant :

— C'est suffisant pour contre balancer ?

Je hoche la tête.
Ma mère reprend alors la parole :

— Pardon ! Quelle niguedouille je fais ! J'ai plus l'habitude de parler de manière neutre.

Je hausse un sourcil. Plus l'habitude ? Elle a dû déjà faire attention par le passé ?

Mon père s'aperçoit de mon questionnement :

— On répond à toutes tes questions toute à l'heure. Pour le moment, laisse nous te raconter notre version des faits. Et si on t'influence sans ton consentement, tu nous le fais savoir et on refera comme tout à l'heure. On annule !

Je me sens plus en confiance. Ils n'ont pas l'air de vouloir me piéger. Tant mieux. Ils restent mes parents bien qu'ils sembleraient qu'ils ne soient pas mes géniteurs.
Je m'autorise un sourire et quelques mots :

— Ça risque d'être long non ? Qui veut un verre d'eau avant que j'écoute tout ce que vous avez à me dire ?

Les deux parents hochent la tête.

Je pars à la cuisine et m'encourage. Aller Chloé ! Tu peux le faire ! Souffle un peu. Inspire... Expire...
J'entends ces mots avec la voix de Louise. J'espère qu'il y a une bonne raison pour sa fuite. Une raison autre qu'un couteau dans le dos.

Les larmes remontent.
Chloé soit forte !
J'essuie mes larmes et pose les verres et la carafe sur le plateau.

Je reviens dans le salon et reprends ma place sur le canapé.
Je ne suis peut-être pas prête à entendre la vérité mais j'ai besoin de savoir.

L'héritage de Limëlian (en pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant