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On ne rencontre jamais quelqu'un par hasard...
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20 décembre 2018.
Moscou.

Assis sur la rambarde du pont Bolshoy Kamenny, Lucas Hernández admirait le Kremlin illuminé et enneigé. L'hiver russe était très rude, rien à voir avec l'hiver doux de l'Espagne, mais la beauté des paysages valait bien quelques éternuements. Et puis, rien de mieux que le froid pour lui remettre les idées en place. Rien de mieux qu'un drastique changement d'ambiance pour se changer les idées et oublier. Oublier la tromperie et la trahison de celle qu'il aimait. Car c'était bien pour cela qu'il était à Moscou en plein hiver, dans ce pays où il avait tant de bons souvenirs, comme la coupe du monde gagnée six mois plus tôt, dans cette même ville. À ce souvenir, Lucas eut un léger sourire, vite effacé par les souvenirs plus récents de sa rupture avec Amelia, la mère de son enfant, et de comment il avait découvert qu'elle l'avait - à nouveau - trompé.

Rien de très original, il rentre dans sa maison à Madrid un peu plus tôt après sa séance d'entraînement et surprend un homme à moitié nu dans son propre lit. Et il était rentré dans une colère encore plus noir en se rendant compte qu'elle avait laissé leur fils Martín, âgé de quatre mois, sans surveillance dans son berceau. Complètement déboussolé, son frère Théo et ses meilleurs amis Antoine Griezmann et Thomas Lemar avait alors organisé des vacances pour tous les quatre à Moscou, laissant son fils aux soins de sa mère Laurence en attendant de décider s'il souhaitait demander une bonne fois pour toute le divorce.

Et c'était en pesant le pour et le contre de cette grande décision qu'il l'entendît pour la première fois. C'était du russe, il ne comprit donc pas ce qu'elle disait et ne savait même pas si elle lui parlait ou si elle discutait avec une autre personne. C'est en entendant ensuite la même voix parler dans un anglais marqué par un fort accent slave qu'il se rendit compte qu'elle s'adressait à lui, et il se détourna à contre cœur du paysage moscovite enneigée pour se tourner vers elle.

- Je ne sais pas ce qui peux vous poussez à agir ainsi, mais s'il vous plaît... Je suis sûre qu'il y a d'autres moyens de régler vos problèmes.

La jeune fille, peut-être un peu plus jeune que lui, était à quelques pas de lui, toujours assis sur la rambarde. Il lut de l'inquiétude dans ses yeux qu'elle avait très voire trop bleus et elle s'avançait précautionneusement vers lui. Lucas fronçait les sourcils, ne comprenant pas ce qu'elle insinuait.

- Je vous en prie, descendez de là, je peux vous aider si vous me laissez le faire, l'intima-t-elle.

Puis, le français comprit enfin ce qui se tramait. Il était assit sur la rambarde d'un pont, les jambes ballantes vers la Moskova qui coulait paisiblement quelques mètres sous lui. Et vu l'air sans doute blasé qu'il abordait, la demoiselle devait sans doute croire qu'il voulait faire une tentative de suicide.

- Oh non, non non, ce n'est pas ce que vous pensez ! lui répondit-il en anglais également. Je voulais seulement admirer le paysage.

La jeune fille sembla soulager tandis que Lucas balança ses jambes de l'autre côté de la barrière, rencontrant la terre ferme.

- Je suis désolé de vous avoir fait peur, je ne pensais pas... enfin, je ne pensais pas avoir l'air si désespéré, dit-il en se grattant le bout du nez.

La brune, qui était légèrement plus petite que lui bien que le bonnet à pompom qu'elle portait lui donnait quelques centimètres de plus, secoua la tête, dégageant par la même occasion quelques flocons qui étaient partis directement dans son couvre chef.

- Non ne vous inquiétez pas c'est moi, je vous ai vu, je n'ai pas vraiment réfléchi. Faut dire que vous ne seriez pas le premier à vouloir mettre fin à vos jours ici, sur ce pont, expliqua-t-elle. Avoir le Kremlin illuminé et enneigé pour dernière vision, ça en a tenté plus d'un.

la chica del puente - l. hernández Où les histoires vivent. Découvrez maintenant