eighteen

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18 janvier
Moscou

Depuis qu'elle avait apprit la vérité sur Lucas, Ludmilla tentait tant bien que mal de faire bonne figure. En bloquant Théo, elle savait qu'il n'y aurait pas de retour en arrière possible et que leur histoire était définitivement terminée. Enfin, histoire était un bien grand mot, amourette serait peut-être plus approprié pour quelque chose qui avait duré même pas un mois. Mais même si elle se haïssait pour cela, les sentiments qu'elle éprouvait pour Lucas était malheureusement bien présent, et elle savait qu'il ne disparaîtrait pas de sitôt. Elle en avait également profité pour bloquer Antoine et Thomas ainsi que leur compte professionnel histoire de couper tous liens avec eux.

La demoiselle avait été tellement touché par cette révélation qu'elle ne s'était pas rendue à la fac durant quelques jours, quittant à peine sa chambre. Ses frères et son père avait bien essayé de savoir ce qu'elle avait, mais elle ne pipa mot. Elle tentait tant bien que mal de se remettre, se disant que ce n'était rien, qu'il ne méritait pas ses larmes. Et après une semaine, Ludmilla commença à reprendre des couleurs. Son cœur ne s'était pas encore remit de cet échec, mais son esprit tenta de relativiser. Certes, Lucas avait été et restera sa plus grande déception, mais elle ne pouvait pas prétendre que les deux semaines passées à ses côtés n'était rien. Elle avait rarement été si heureuse que durant ces quelques semaines. Les souvenirs de Lucas et elle faisaient parti des plus beau qu'elle possédait. Et cela, personne ne les lui enlèverai.

Dans la soirée du dix-huit janvier, Ludmilla était en plein matage de série Netflix sur son ordinateur, lorsqu'elle reçu un appel d'Alexeï. Mettant donc en pause son épisode, elle répondit à son frère.

- Si ?

- Hey Liouda, j'ai vraiment besoin de ton aide là, fit Alexeï.

La jeune femme fronça les sourcils.

- Qu'est-ce qu'il se passe ?

- Je suis tombé en panne en plein milieu de la route, j'ai appelé un dépanneur et il va bientôt arriver, tu pourrais venir me chercher steuplait ?

Elle leva les yeux au ciel. Décidément, ses frères avaient vraiment le don pour se mettre dans des situations merdiques.

- T'as qu'à m'envoyer ta localisation, j'arrive, finit-elle par répondre en se redressant sur son lit.

Elle reçut la localisation d'Alexeï et eut une pause en voyant celle-ci. Sérieusement ? Parmi toutes les routes moscovites, il était réellement tombé en panne sur le pont Bolshoy Kamenny, là où elle y avait rencontré Lucas ? Pourquoi le destin était si cruel envers elle ? À contre-cœur, elle enfila son bonnet, se saisit des clefs de la voiture de son père et sortit de la maison.

Une fois sur place, Ludmilla réussit à se garer en créneau au début du pont et appela son frère afin qu'il la rejoigne et qu'elle n'ait pas à affronter la neige. Mais Alexeï ne répondant pas, la jeune femme eut enfin le courage de quitter la chaleur de sa voiture afin de chercher son aîné. Elle commença donc à remonter petit à petit le pont à la recherche d'Alexeï tout en l'appelant. Mais au bout du second appel, c'est une toute autre voix - parlant espagnol - qu'elle entendit derrière elle et qui lui fit faire volte face.

- Si c'est Alexeï que tu appelles, il ne va pas répondre.

Son cœur sembla s'arrêter instantanément. Ludmilla se décomposa en reconnaissant à la fois sa voix et son visage. Son souffle se fit court et elle eut l'impression de s'asphyxier.

- Qu'est-ce... Qu'est-ce que...

Elle n'arrivait même pas à finir sa phrase tellement elle n'arrivait pas à y croire. Il était là. Lucas était là. En Russie. À Moscou. En face d'elle. Il était là.

la chica del puente - l. hernández Où les histoires vivent. Découvrez maintenant