Pandore
C'est en courant que j'arrive dans la salle de traumatologie aménagée pour la situation. D'un geste rapide, j'attache mes cheveux tout en commençant à me laver les mains.
— Qu'est-ce qu'on a ? demandé-je le souffle court.
Marc relève la tête pour me regarder. Les portes de la salle sont ouvertes, nous sommes en pleine crise. Les cas comme celui-ci ne sont plus si rares, malheureusement.. L'homme, un John Doe, est installé sur une civière. Seigneur, il est immense, doit mesurer au moins deux mètres. Son torse tatoué lui confère encore plus cette image brutale, tout vêtu de noir. Et... sans parler du fait que sa peau est couverte de sang.
— Il est tachycardique, lui dit Marc, et a déjà arrêté une fois.
— Putain.
Le mot m'échappe, et au regard que me lance Marc, je viens de parler pour nous deux.
— Deux blessures par balle, celle au niveau de l'épaule est entrée et ressortie aussitôt, c'est celle au niveau de l'estomac qui m'inquiète. Pas de blessure de sortie, il faut qu'on opère tout de suite pour la retrouver.
Il a raison. Mais, dans l'immédiat on a surtout besoin de le stabiliser.
Deux infirmières s'activent dans la pièce à nos côtés, sans oublier le résident et les internes. Je commence alors à inspecter le patient, il a été intubé oralement, ses battements de coeurs se situent entre 200 et 250 par minute et ne font qu'augmenter. Il va sans doute faire un nouvel arrêt cardiaque d'une minute à l'autre.
Cet homme va mourir.
Je ne peux pas laisser cela arriver..
— Je veux ses radios, et apporte-moi cet appareil, il a besoin d'une échographie du cœur.
— Il commence à répondre aux médicaments, m'informe alors Marc.
Le soulagement m'envahit.
— Toujours tachycardique ? demandé-je.
— Le rythme cardiaque se stabilise, me répondit une infirmière.
J'hoche la tête pendant que mes collègues se dépêchent de découper les vêtements qui restent sur sa peau..
L'échographie confirme malheureusement ce que je soupçonnais. Il souffre d'une tamponnade cardiaque suite au coup de feu, et le sang compresse toute sa poitrine. Il faut qu'on l'évacue, tout de suite.
Je communique immédiatement les résultats à Marc, qui insiste pour qu'une salle d'opération soit préparée au plus vite.
— Docteur, m'appelle soudainement l'infirmière, j'ai trouvé une correspondance pour son visage dans nos archives.
Alors, cela signifie que nous avons peut-être découvert son identité.
Ce serait une très bonne nouvelle, car nous pourrions prévenir la famille de sa présence ici. D'un pas rapide, je vais me tenir derrière elle.
— Ce n'est pas le moment pour ça, marmonné-je.
Elle semble aussi confuse que moi.
— Je suis... je suis... Désolée, il doit y avoir une erreur.
Le profil de l'homme qui s'affiche à l'écran est effectivement similaire. Ils ont les mêmes traits, la même taille. Cependant, ce patient s'appelait Aaron Resmé, et est décédé presque dix ans auparavant.
— Ça va aller, lui dis-je, on découvrira son identité plus tard.
— Il a aussi du sang dans l'abdomen, m'informe l'interne.
Un juron m'échappe.
— Tu peux voir la balle ?
— Non, impossible de la trouver.
— Il est stable, ajoute Marc.
Je vérifie les chiffres. Ils sont trops hauts, trop rapides. Son coeur ne fait qu'accélerer, et malgré sa réponse aux médicaments cela ne fera que s'aggraver. À moins qu'on puisse trouver cette balle, et évacuer le sang dans son corps. La marge pour le sauver est très serrée.
— On le monte, tout de suite.
L'infirmière derrière moi décroche immédiatement le téléphone pour prévenir les salles d'opérations de notre arrivée.
— Pandore, m'appelle Marc.
Je lui lance un regard inquisiteur. Nous sommes déjà en mouvement, en train de courir dans les couloirs. Une fois arrivés dans l'ascenseur, j'en profite pour vérifier à nouveau les vitaux de mon patient.
— Pandore, m'appelle à nouveau mon ami.
Je le regarde, surprise qu'il insiste. Il n'y pas d'urgence dans sa voix, plus une sorte d'inquiétude. Je me penche vers mon patient, tandis qu'un long frisson glacial me parcourt.
Il a les yeux grand ouverts.
Impossible, cet homme ne devrait pas pouvoir être conscient. Et pourtant, ses pupilles dilatées me fixent, une panique réelle lisible à l'intérieur.
— Je suis le Docteur Ceaser, me présenté-he d'une voix douce mais assurée, vous vous êtes fait tirer dessus et vous trouvez à l'hôpital. Dans l'immédiat, un tube descend dans votre bouche et vous aide à respirer, donc vous ne pouvez pas nous parler. Mon équipe et moi allons vous opérer dans quelques minutes.
Je marque une pause. Les yeux de cet homme sont... hypnotisants.
Cela doit être à cause des néons, mais ils ont l'air... Mauve. D'une couleur améthyste fascinante, inhabituelle et presque terrifiante. Pendant une fraction de seconde, j'en fus paralysée. Fascinée par ce qu'il dégageait.
— Tout ira bien, on va faire de notre mieux pour vous sauver.
Comme en réponse à cela, les machines se mirent à biper. Le cœur recommence à accélérer.
— Je vous interdis de mourir, lui lancé-je d'un ton sec.
L'homme va s'évanouir d'une seconde à l'autre, pourtant il ne me quitte pas du regard.
— Vous restez avec moi. Vous n'allez nulle part, c'est compris ?
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Le sang des Rois
ParanormalArès, dieu de la guerre cruel et sanglant, n'a toujours connu que la haine, l'anarchie et le chaos total. Avide de destruction, il est banni de l'Olympe par son père, Zeus, qui le condamne ainsi à l'oubli de sa vie d'antan et à la mortalité. Arrivé...