Je lève les yeux pour au moins la dixième fois. Ce dîner est un désastre complet.
— Je pars Marc, c'est déjà décidé.
Sur ces mots je mets debout pour enfiler son manteau et quitter le restaurant. Marc est important pour moi, mais pas suffisamment pour que j'accepte de rester ici et continuer de l'écouter.
Il m'accompagne tout en parlant encore de mon départ. Lorsque mon regard croise le sien, j'ai la vague impression d'être en train de lui briser le cœur. Sa main s'attarda dans mon dos, me laissant discrètement savoir qu'il est plus que partant pour rentrer à ses côtés. Je secoue la tête, pas intéressée. Pas ce soir, il faut que cette situation s'arrête. Marc recule et me sourit.
— Fais ce qui est bon pour toi, dit-il finalement.
Je suis agréablement surprise de l'entendre dire cela. Ces mots dénouent un peu la boule de stress qui me serre les entrailles.
— Ça ira, réponds-je. Tout ira bien.
J'essaye de l'en convaincre.
Nous nous dirigeons vers la sortie du restaurant tout en échangeant quelques mots gênés. Mon départ est prévu pour la semaine prochaine et j'ai autant hâte que peur. Je sais que c'est un nouveau départ pour moi : une nouvelle ville, un nouvel hôpital.
Finalement, c'est exactement ce que je cherche.
Nous nous arrêtons sur le parking et je savoure de enfin pouvoir respirer de l'air frais.
— Donc... commença Marc.
Sur ce mot, il enfouit ses mains dans les poches de son jean, et me regarde comme s'il attend patiemment que je décide ce que je veux faire du reste de ma soirée.
— Merci de m'avoir invité, c'était gentil de payer pour moi.
Il hausse les épaules.
— Ça m'a fait plaisir tu le mérites bien.
— On se reverra, lui dis-je distraitement.
Premièrement à l'hôpital. Officiellement je suis en congé, mais je vais sûrement aller voir mes patients dans les prochains jours. Un douloureux mal de crâne commence à me lancer à cette pensée. J'ai la désagréable impression d'avoir oublié quelque chose. Une personne. D'une importance capitale.
Un patient ? Non jamais. J'ai une trop bonne mémoire et m'inquiète bien trop pour eux pour cela. Et pourtant...
Tout ce qui me tracasse disparait aussi vite, et je souris à Marc.
— On se reverra, acquiesce-t-il.
Nouveau silence. Cette fois-ci je l'attire à moi pour poser mes lèvres sur les siennes une dernière fois. Ce baiser a un gout de mélancolie, un vieux souvenir que je laisse derrière elle. Mais... Aucune passion.
Je romps le contact en un soupir.
Nous nous regardons un bref instant et il hoche la tête. Je sais, surtout à l'issue de ce dîner, que Marc a beaucoup de mal à accepter mon départ soudain. Il survivra, pensé-je.
— À la prochaine.
— À bientôt.
Sur ces mots il part vers sa voiture garée à l'opposé de la mienne. Je reste immobile une fraction de seconde pour le regarder s'éloigner. Puis je secoue la tête, ignorant la culpabilité qui me saisit le cœur. Je sais que Marc a toujours eu des sentiments tendres pour moi, malheureusement ils ne sont pas réciproques.
Je m'avance dans l'obscurité froide de la nuit en direction de ma Audi noire. J'en coupe l'alarme avant de m''installer sur le siège conducteur.
Très bordélique, je passe quelques minutes à dégager un peu d'espace à l'avant de ma voiture, afin de pouvoir poser mon sac à main et être plus confortable. Cependant, un mouvement à l'extérieur, dans l'ombre, attire mon regard.
Je décide de l'ignorer, un oiseau sans doute. D''un geste habitué j'allume le contact. La voiture démarre en vrombissement rassurant. Les phares s'allument éclairant désormais une portion du parking vide.
Je sursaute, les mains crispées sur le volant avant de pousser un cri de surprise.
— Qu'est-ce que...
Devant mon capot se tient un homme. Immense, tatoué. À cause de la lumière trop forte je ne suis pas capable de tout voir de lui. Cependant, je devine clairement ses deux yeux d'un violet éclatant brillant dans la nuit.
Tout me revient soudainement. L'hôpital. Mon patient. Il a disparu. Mon cerveau se met à bouillonner, comment ai-je pu oublier ? Comment tout le monde ont-ils pu oublier ? Il y a des caméras de surveillance, des dossiers. Pourtant il s'est juste... volatilisé.
Et maintenant, il se tient devant ma voiture.
Aussi menaçant que terrifiant.
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Le sang des Rois
ParanormalArès, dieu de la guerre cruel et sanglant, n'a toujours connu que la haine, l'anarchie et le chaos total. Avide de destruction, il est banni de l'Olympe par son père, Zeus, qui le condamne ainsi à l'oubli de sa vie d'antan et à la mortalité. Arrivé...