Chapitre 16

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Je m'assois sur une chaise tandis que Mikey et Draken échangent des regards inquiets, et que Mme Tsukiya commence tranquillement la conversation.

_ "bien dormi ?" me demande-t'elle d'un ton enjoué.

_ "bof... J'ai bien dormi, mais pas suffisamment." je lui réponds, un bâillement à l'appui.

Épuisée par le peu d'efforts que j'ai dû fournir pour arriver à me traîner jusqu'au salon, je croise mes bras sur la table, et dépose avec lourdeur ma tête sur eux. C'est alors que je réalise que la veste de Mikey est toujours sur moi.

Je rougis en repensant à notre conversation d'hier, et à la manière dont il m'a prise dans ses bras, ainsi qu'à quel point je m'étais sentie comprise et rassurée lorsqu'il me murmurait des mots réconfortants de sa voix douce et apaisante. Lors de cette nuit sur le toit, je lui ai ouvert mon cœur comme je ne l'avais jamais fait à personne auparavant, et je me sens désormais assez gênée de la manière dont je me suis laissée aller aux larmes entre ses bras.

Je n'ai pas pour habitude de montrer mes émotions négatives avec une telle ampleur. Mais étrangement, ça ne m'a pas dérangée plus que ça de les partager avec lui.

Mes pensées se mettent alors à vagabonder, avec pour guide la douce odeur de Mikey drapée autour de moi. Je me remémore la tendresse de ses bras autour de mes épaules, la gentillesse avec laquelle il me regardait, ainsi que sa présence m'enveloppant tandis que je m'endormais paisiblement contre lui...

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Je relève la tête, après qu'une durée que je n'ai pas su déterminer se soit écoulée. À ma grande surprise, il ne reste plus que Mikey à la table. Je sens son regard posé sur moi, et il sursaute quand il réalise que je l'ai surpris en train de me fixer.

_ "il s'est passé quoi ? Pourquoi ils sont plus là ?" je l'interroge avec une voix encore plus cassée qu'à mon réveil ce matin.

Il laisse échapper un petit rire.

_ "en fait, tu t'es rendormie. Ils se sont barrés au bout d'un moment mais je voulais pas te laisser seule, alors je suis resté. J'hésitais à te réveiller mais je te trouvais belle quand tu dormais."

Étonnée par ce compliment si direct de sa part, je baisse les yeux vers mes bras croisés sur la table.

Lorsque je relève mon regard, je m'aperçois qu'il s'est rapproché et se trouve actuellement à moins d'une dizaine de centimètres de mon visage. Profitant de cette soudaine proximité et de l'apparition de l'expression "one life" dans ma tête, je penche ma tête et, sans réfléchir, dépose mes lèvres sur les siennes.

C'est moins un baiser qu'un simple contact, mais il déclenche en moi des milliers de sensations et d'émotions, surtout quand je réalise qu'il ne me repousse pas. Il accepte plutôt mon mouvement et, avec une douceur infinie, passe sa main sur ma joue écarlate tout en pressant un peu plus nos deux bouches l'une contre l'autre.

Au bout de quelques secondes bien trop courtes, nous nous écartons lentement l'un de l'autre, et je devine dans ses yeux l'expression d'une profonde surprise accompagnée des paillettes de la joie. Je suis moi-même en proie à la plus totale des confusions, ne comprenant pas comment mon cerveau a pu décider d'enclencher ce mouvement sans des minutes de réflexion le précédant.

_ "il s'est passé quoi là ?" je demande, bien que la réponse est évidente.

_ "euh tu... Tu viens de m'embrasser. Et... Et je t'aime." me répond-il d'une voix mal assurée.

_ "tu... M'aimes ? Tant mieux parce que... Moi aussi je.... Je t'aime."

Nous nous regardons dans les yeux un bon moment avant de reprendre notre baiser, plus longtemps et plus passionnément. Je passe mes doigts longs et fins dans ses cheveux et sur son cou tandis qu'il enroule ses bras autour de ma taille comme il a eu l'habitude de le faire toutes ces fois où j'ai dû le porter sur son propre vélo. Ses mains se promènent le long de mon épine dorsale, sans pour autant me mettre mal à l'aise. Ce moment, bien que très différent de ceux créés par mon imagination de romantique cliché, me remplit d'une indescriptible sensation de bien être, mélangé à un savoureux sentiment de confiance et de lâcher-prise.

Après un moment bien plus long que le premier, nous nous écartons, et rions ensemble de la maladresse de notre échange.

_ "et si on allait au terrain vague ? Ça te ferait du bien de prendre l'air, t'as l'air bien fatiguée." me propose-t'il d'une voix quelque peu hésitante.

_ "ok, mais c'est toi qui pédale, je crois pas avoir assez de force pour te porter avec moi, et puis comme ça je pourrais poser ma tête sur ton dos comme dans les films américains." je lui réponds sur un ton d'humour.

_ "je pensais plutôt y aller à pieds, ça te fera du bien de te dégourdir les jambes. Et puis je crois que je suis plus capable de remonter sur cette antiquité."

Après lui avoir exprimé mon accord, nous sortons de l'appartement, et, par chance, Mme Tsukiya ne daigne pas faire son apparition, ce qui nous évite un moment d'intense malaise si nous nous étions retrouvés face à elle.

Une fois dehors, une douce brise vient caresser mes chevilles dénudées et fait flotter la veste de Mikey -dont je suis toujours vêtue- telle une voile de bateau, arrondissant le tissu et créant un volume dans le dos semblable à une grosse bulle de savon. Nous entamons notre marche et, au bout de quelques silencieuses minutes durant lesquelles seul le bruit de nos semelles sur les trottoirs usés se faisait entendre entre nous, je sens sa main se glisser timidement dans la mienne, puis nos doigts s'entrelacer indépendamment de notre volonté.

J'échange un regard complice avec Mikey, et nous reprenons notre marche, toujours dans un profond silence, mais secrètement liés par le serment de ne jamais se quitter, symbolisé par nos deux mains étroitement imbriquées l'une à l'autre.

Toutes mes vies ~ Mikey x OcOù les histoires vivent. Découvrez maintenant