Chapitre 8

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Ça fait maintenant un mois environ que je traîne avec Mikey et Draken. Enfin, traîner n'est pas le mot juste, étant donné que je passe toutes mes journées avec eux, surtout depuis que les cours ont laissé place aux tant attendues vacances d'été.

Une routine s'est installée entre nous, si bien que le vélo de Mikey a désormais sa place attitrée dans le garage de l'immeuble, et subit souvent les taquineries de Mme Tsukiya. Tous les matins, à quelques exceptions près, j'enfourche ma bécane et me dirige vers le terrain vague, là où je retrouve mes deux amis. Leur présence me fait du bien, et selon Mme Tsukiya, je "rayonne de bonheur" depuis que je "traîne avec des délinquants". Il m'arrive de temps en temps de les trouver avec des bleus sur le visage, ou des bandages sur les mains, si bien que je ne m'étonne plus de leur état.

Quelques fois, nous tombons sur des groupes de lycéens qui nous cherchent de noises, mais nous n'avons jamais perdu un seul combat, si l'on oublie cette fois où nous avons dû interrompre notre bagarre pour nous enfuir en courant alors que la police arrivait.

Ce jour-là, il pleuvait des cordes, mais nous étions quand même dehors, puisqu'aucun d'entre nous ne souhaitait rentrer chez lui. Nous nous abritions dans le hangar, où le bruit de la pluie battant contre les murs et le toit de tôle était fracassant, quand un groupe de 5 lycéens format armoire à glace se pointèrent, l'air déterminé à nous faire la peau. Après un rapide discours du chef du groupe sur son souhait de "combattre enfin une personne de son niveau", ils se jetèrent sur nous, et la baston commença très rapidement à partir en couille lorsque l'un d'eux sortit un petit couteau de sous sa veste.

S'ils n'avaient pas eu d'armes, nous les aurions mis au tapis en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, mais avec ce poids dans la balance, nous n'avons pas été aussi performants que d'habitude. Au bout d'un petit moment, nous avions mis KO 3 d'entre eux, mais les deux restants étaient armés, et au fur et à mesure que le combat avançait, nous sortions peu à peu du hangar, jusqu'à nous retrouver complètement en dehors. Quelques minutes plus tard, la sirène d'une voiture de police parvenait à nos oreilles, et nous partîmes en courant, chaque groupe dans une direction opposée, laissant sur place les 3 mecs qu'on avait assommés. Après avoir couru sans nous arrêter au moins 10 minutes, nous étions essoufflés, et il nous avait fallu 20 minutes de pause avant de reprendre notre chemin, à pieds cette fois, vers nos foyers respectifs.

Je ne peux m'empêcher de sourire à l'évocation de ce souvenir. À la fin de la journée, j'étais trempée jusqu'aux os, j'avais des bleus et des griffures sur le visage et les bras, et même une coupure sur la jambe dûe au couteau brandi par le lycéen, j'avais des courbatures dans les mollets, mais j'étais si heureuse que je souriais jusqu'aux oreilles, et quand j'ai raconté tout ce qui s'est passé à Mme Tsukiya tandis qu'elle désinfectait mes plaies, elle ne put s'empêcher de me sermonner, bien qu'elle savait que ses réprimandes étaient inutiles puisque je suis têtue comme une mule.

Ce fut ce jour-là que j'eus enfin l'impression de vivre ma vie à fond.

Depuis le début des vacances, je passe de moins en moins de temps chez moi, et il m'arrive plutôt régulièrement de passer des nuits dehors, dans le hangar ou sur le terrain vague, avec Mikey et Draken. Notre amitié s'est créée très rapidement et désormais je suis de plus en plus heureuse, ce que Mme Tsukiya ne manque pas de me faire remarquer, en disant qu'il faudrait que je lui présente les "deux garnements" qui rendent à sa petite-fille son si beau sourire.

Ce matin, à mon réveil, j'aperçois sur ma table basse un petit mot rédigé à la main sur un beau papier à fleurs, sur lequel je reconnais l'écriture fine et propre de Mme Tsukiya.

Joyeux anniversaire, ma petite Katako. Quand tu rentreras ce soir, pense à passer me voir, je vais te préparer un porc pané comme tu les aimes. Je te souhaite tout le bonheur du monde, et que cette journée soit remplie de plaisirs.
Mme Tsukiya.

Son petit mot me fait chaud au cœur, et je le laisse sur la table. J'avais parfaitement oublié qu'aujourd'hui était le jour de mon anniversaire, mais je m'en réjouis : j'ai enfin le même âge que Mikey et Draken !

C'est donc le sourire aux lèvres que je prends le vélo grinçant de Mikey pour les rejoindre au terrain vague, comme tous les jours. Sur le chemin, je repense à ma vie d'avant, et me dis que pour rien au monde je n'aimerais y retrourner.

Ça doit être ça, être heureux.

J'en oublierais presque tous mes problèmes.

Toutes mes vies ~ Mikey x OcOù les histoires vivent. Découvrez maintenant