Paule se prépara à aller en cours, comme tous les jours : malheureusement, elle n’était pas très réveillée, et elle mélangea tout : la jupe au lieu de sa chemise, la chemise à la place des chaussettes et les chaussures de son père avec les chaussettes de sa mère.
Alors qu’elle souhaitait se coiffer, l’adolescente qui était toujours très pointilleuse lorsqu’il s’agissait de ses cheveux réussit non seulement à rater une simple queue de cheval mais de plus à se faire un nœud indémêlable.
« Paule ! cria son frère depuis la cuisine où il dévorait brioche tartinée de pâte au chocolat sur brioche tartinée de pâte au chocolat (denrée rare ramenée d’Italie).
Qu’est-ce que tu as fait de tes cheveux ? Ils sont partis en vacances ?
– Ahahah, très drôle, monsieur le poète… marmonna la jeune fille mortifiée.
Depuis quand n’as-tu plus fait de blague potable ?
– Depuis le temps des dinosaures, ou celui de mamie, je ne sais plus, ça doit être le même !! lança-t-il pour plaisanter.
– Pffff… »Le jeune garçon était étonné : d’habitude, sa sœur lui répondait avec véhémence, il faisait de même, et leur joute verbale commençait –à vrai dire , c’était toujours Paule qui gagnait. Mais aujourd’hui, la jeune fille n’était pas dans son état normal. Paul l’accepta et les jumeaux rejoignirent leurs amis qui les attendaient sur le pas de la porte. Ils se mirent en route pour le lycée en devisant tranquillement.
« Vous avez révisé pour le BEPC blanc ? interrogèrent Aurore et Paule.
– QUOI ?! QUEL BEPC BLANC ?!! s’affolèrent Christian et son ami.
– Eh bien, celui de lundi, voyons ! indiqua Paule.
– On a un BEPC blanc dans deux jours et on ne le savait même pas !!! se lamenta son jumeau.
– Dites plutôt que vous avez oublié de le marquer (et de vous en rappeler) !! glissa Aurore.
– C’est même pas vrai !! s’indigna Christian.
– Alors vérifiez ! répliqua la jeune fille, malicieuse.
Après tout, ce n’est pas comme si les professeurs nous en parlaient depuis deux semaines... »
Après un examen des plus minutieux, les deux adolescents s’avouèrent vaincus et un éclat de rire général salua cette déconfiture.
Les quatre amis arrivèrent juste avant la sonnerie et s’empressèrent de rejoindre leurs classes respectives : Christian était dans une classe tandis que les jumeaux et Aurore étaient dans une autre.
En première heure, ces derniers avaient histoire : le professeur, madame Géfin, demanda à ses élèves :
« Alors, avez-vous interrogé vos parents pour savoir qui, dans votre famille, avait vécu au temps de la Seconde Guerre ?
– Madame ! Paul levait la main.
– Monsieur Garnier, quelle bonne surprise !! Allez-y, nous vous écoutons.
– Euh, non, ce n’est pas tout à fait pour répondre à votre question que j’ai levé la main… dit Paul qui se faisait tout petit car tout le monde connaissait et craignait les colères si tristement célèbres de l’irascible madame Géfin.
– Ah, eh bien dites-moi ce qui vous perturbe tant !
– C’est-à-dire que moi et Paule-
– Paule et moi, corrigea le professeur, mais continuez…
– Donc, Paule et moi n’avons pas pu faire ce devoir car nos parents n’ont pas voulu nous répondre…
– Comment ça, "n’ont pas voulu nous répondre" !! s’agaça le professeur.
– Ils ont essayé de détourner le sujet, mais voyant que cela ne marchait pas, ils nous ont envoyés nous coucher, madame, expliqua la jumelle de Paul pour venir au secours de son frère qui s’empêtrait de plus en plus dans ses phrases au fur et à mesure que madame Géfin s’irritait.
– Même vous, Paule ? Vous me décevez beaucoup, dit l’enseignante.
– Mais madame… tentèrent de se justifier les deux adolescents.
– Il suffit ! Donnez-moi vos carnets, tous les deux, afin que je puisse prévenir vos parents que leurs enfants ne font pas leur travail ! Et surtout vous, Paule, je le répète, j’en attendais mieux de vous. »Le début de la matinée s’écoula très lentement pour les jumeaux, qui virent arriver la récréation avec un bonheur d’autant plus intense que l’heure de mathématiques qui avait succédé à l’histoire –dont ils avaient cru ne jamais apercevoir la fin– avait rendu, s’il était possible, les deux adolescents encore plus moroses : le professeur, madame du Moulinet –Paule-Adrienne de son prénom– non contente de leur donner une dizaine d’exercices à faire pour le lendemain, leur avait préparé un contrôle surprise sur un Chapitre que la classe n’avait pas encore achevé, ce qui avait fini de les démoraliser. Le professeur était presque aussi horrible que madame Géfin.
A la fin de la journée, les deux enfants étaient exténués, tout comme Aurore –qui avait eu les mêmes professeurs, les mêmes matières et contrôles, étant dans leur classe– et Christian –qui avait le malheur d’être en allemand avec monsieur Freß-Débois et avait également eu un contrôle surprise. Ils se retrouvèrent pour rentrer chez eux et parlèrent de leur journée :
« JE HAIS MADAME GÉFIN !! hurlèrent en chœur Paul, sa sœur et son amie.
– Pourquoi ? demanda naïvement Christian.
– On te l’a déjà dit !! Elle est horrible, et elle te donne un contrôle surprise si tu as le malheur de produire un son –aussi petit soit-il– en sa présence !!! crièrent ensemble les trois autres.
– Ah oui, c’est vrai ! Géfin votre prof d’histoire-géo !
- Madame Géfin !!!! rectifièrent Aurore et Paule, toujours soucieuses du respect envers autrui.
– Oui, bon, ça va, hein ! grommela Christian, qui n’aimait pas beaucoup quand les deux filles le corrigeaient. »
Les quatre amis retournèrent chez eux en devisant tranquillement. Aurore était tout de même légèrement préoccupée de l’état de Paule qui paraissait soucieuse, pensive et fatiguée : elle avait même de petits cernes en dessous des yeux. Même sa coiffure était négligée !! Elle décida de ne pas s’en alarmer pour l’instant.
Les jumeaux arrivèrent chez eux et la petite famille mangea de bon appétit, car Louis avait fait de délicieuses lasagnes moelleuses et à peine craquantes sur les bords, juste comme il fallait. Le soir des lasagnes était un jour de fête, car on pouvait affirmer sans trop exagérer que les lasagnes de Louis Garnier étaient les meilleures du quartier !
Mais apparemment, la folie des lasagnes n’avait pas atteint tout le monde car Paule ne semblait pas vouloir toucher à son assiette. Elle monta de bonne heure se coucher et lorsque ses parents vinrent pour lui dire bonne nuit, elle dormait déjà.N'hésitez surtout pas à voter et à commenter ! J'aimerais connaître vos impressions !
Et merci d'avoir lu !☺️
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Les secrets du labyrinthe
Ficção HistóricaCette histoire se passe en 1956, une dizaine d'années, donc, après la Seconde Guerre mondiale. Deux jumeaux de 15 ans, Paule et Paul Garnier, mènent une vie apparemment normale et sans histoires. Ils ont des amis, une famille et vont à l'école (pour...