Chapitre 19 : Le petit-déjeuner

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Au petit matin, lorsque Christian regarda son horloge, il s'affola : il était presque sept heures du matin ! Sa mère allait bientôt passer pour réveiller les quatre amis qui n'avaient pas dormi de toute la nuit et qui étaient encore habillés. Le jeune garçon se demanda ce qu'il allait pouvoir inventer pour justifier leurs cernes, les lits encore faits et leurs vêtements froissés par cette nuit blanche.

« On a discuté toute la nuit ! s'exclama Aurore, pour qui ne pas dormir était impensable ; On va être affreusement fatigués ! »

Quelques jours plus tôt, son amie aurait été de son avis.

« On pourrait faire comme Paule : dormir en cours ! taquina son jumeau.

– Paul ! Je te signale que cela fait quelques jours que je n'ai pas fait ça et que nous risquerions de nous attirer les foudres de certains professeurs ! Je te préviens que si tu le fais, j'irais rue de Médicis seule ! s'enflamma sa sœur.

– En plus, vous allez rater une journée entière de cours donc vous avez intérêt à suivre au maximum aujourd'hui, rajouta Aurore.

– D'accord, d'accord... je disais ça pour plaisanter... bougonna le jeune garçon. »

Il fusilla Christian du regard car celui-ci s'était tu lorsque les filles s'étaient liguées contre lui. À quoi sert un ami s'il ne vous défend pas dans ce genre de moments ? Lui était là lorsqu'il avait affirmé son point de vue à propos des crêpes aux épinards ! (Christian était un grand amateur de crêpes mais sa mère tenait absolument à ce qu'il mange des légumes dès qu'il le pouvait. Le jeune garçon, pour ne pas contrarier l'autorité parentale, s'était lancé dans des tentatives désespérées pour concilier ses goûts avec les exigences de sa mère. Il avait fini par décréter que les crêpes fourrées aux épinards étaient moins mauvaises que ce que le pensait la majorité des gens et que c'était même très bon.) Pour bien marquer son désaccord avec cette félonie non méritée, l'adolescent se mit à bouder.

Peu après, le petit groupe d'amis, exténué depuis que l'excitation de la nuit était retombée, descendit dans la cuisine pour déjeuner. Les parents de leur hôte s'étonnèrent de les voir dans cet état : ils s'étaient pourtant couchés si tôt la veille ! Ils avaient simplement dû profiter d'être ensemble, voilà tout. Ses parents ne s'inquiétant pas le moins du monde, Christian acheva de se rassurer.

Les filles étaient en train de regarder, atterrées, les garçons engloutir leur dixième tartine de confiture (en deux minutes !) quand ils entendirent la cloche et le heurtoir retentir. Paul se précipita vers la porte d'entrée et l'ouvrit à la volée, juste à temps pour apercevoir ses parents, rouges de colère, se disputer :

« Pourquoi ne m'as-tu pas laissé utiliser le heurtoir ? pleurnichait presque Louis.

– Parce que la dernière fois, c'est toi qui l'as fait ! répliqua sèchement Isabelle.

– Maaiiis ! C'est pas juste ! gémit son mari.

Ça suffit maintenant, j'en ai marre ! C'est toujours toi qui fait les choses les plus amus- »

Les époux Garnier se retournèrent, et virent les quatre amis ébahis mais écroulés de rire, qui suivaient leur échange d'un œil larmoyant (de rire ou de consternation, ils n'auraient pas su le dire).

« Hem ! Bref ! fit le père des jumeaux, tentant de se redonner une contenance. Vos affaires sont-elles prêtes ?

– Chef, oui, chef ! s'exclamèrent les jumeaux. On remonte les chercher ! Comme irre, Christian et Aurore ! »

Paul était vraiment très fier de son anglicisme.

« – On vient ! »

Arrivés en haut, Paul se moqua :

« De toute façon, même si nos affaires n'étaient pas prêtes, on aurait largement le temps de les préparer, vu le temps qu'ils prennent à chaque fois pour parler ! »

Les amis retournèrent dans la chambre avec des rires étouffés. Effectivement, les parents commençaient déjà à discuter des derniers choix politiques effectués par le président René Coty.


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