//Epilogue//

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Les oiseaux. Ils volent gaiement dans le ciel sans avoir à se soucier du reste du monde. Ils sont libres.

Un se pose à côté de moi, sur ce banc. Il me regarde. Il ne bouge pas. Il a l'air fragile. Comme toi tu l'étais. Tu étais blessé, brisé même. Tu souffrais, et personne n'a réussi à t'aider. Il t'as blessé, il t'as brisé. J'étais celui qui devait te chérir, t'aimer, te protéger, te redonner cette joie de vivre que tu avais perdu il y a si longtemps, si jeune. J'étais celui qui aurait dû te sauver, et au lieu de ça, tu as péri par ma faute. Tu t'es sacrifié pour moi. Je sais très bien que tu rêvais de partir depuis déjà bien longtemps, mais tu as précipité les choses pour me protéger.

Moi aussi je t'aime tu sais. Tu es la première personne que j'ai réellement aimé. Et je sais que jamais je ne pourrais plus aimer, du moins comme ça. Moi aussi je t'ai aimé du premier regard, dès le premier instant. Entre nous il y avait un réel lien, une connexion inexplicable. Tu étais mon âme-soeur, nous étions fait pour nous rencontrer, pour nous aimer.

C'est dans ce même regard, quand j'ai posé mes yeux sur tes iris aux milles nuances smaragdines l'espace d'une seconde, que j'ai ressenti ton appel à l'aide. On y lisait toute ta douleur, ta souffrance. On aurait dit que tu me suppliais avec un simple regard.

Plus tard je t'ai retrouvé dans les toilettes. Tu étais en pleurs, tétanisé. Toutes tes forces avaient semblé quitter ton corps pendant un moment. J'étais resté à tes côtés, à ta demande. Tu t'étais lentement calmé, comme si ma présence avait réussi à t'apaiser.

Il y a aussi eu ce jour dans le supermarché, où je t'avais retrouvé en pleine crise, en boule, au sol. En revenant à toi, tu m'avais remercié de t'avoir aidé. Tu me souriais, mais tout n'était que mensonge, tu te cachais derrière un masque, derrière de faux sourires. Je ne sais pas si tu faisais ça pour ne pas inquiéter tes proches, ou seulement pour éviter la pitié des autres, mais au final, ça en revenait au même: tu souffrais en silence, seul.

Les jours ont défilé, puis est arrivé ce soir où tu m'as appelé. J'entends encore ta voix, en train de souffrir, de me supplier de venir te sauver. Evidemment je suis venu. Mais je t'ai retrouvé sur ton lit, les bras en sang. Je t'ai écouté, tu m'avais raconté tout, toutes tes souffrances, tes pertes, tes abandons. Tu m'avais dit ce soir-là vouloir en finir, mais tu m'avais aussi dit que tu avais retrouvé une once de bonheur. Je m'en suis voulu, je savais que tu n'allais pas bien, mais jamais je n'aurais imaginé l'état de tes poignets, ou encore tes pensées les plus sombres qui te dévoraient de l'intérieur.

Les semaines ensembles ont défilé. Entre-temps il y a eu le procès contre ton père. Certains auraient appelé ça une victoire, mais il avait trop fait souffrir pour n'avoir que si peux à payer.

Puis cette soirée où tu es parti. Tu avais bu, pour oublier sûrement, ou passé le temps. Je t'ai retrouvé au milieu de la nuit, trempé jusqu'aux os, pleurant devant la tombe de ta défunte mère. Tu n'étais pas un raté Eren, tu étais juste une personne exceptionnelle ayant tellement souffert que ta propre vie ne te faisait plus aucun sens. Toute personne ayant vécu les mêmes horreurs que toi aurait voulu partir, mais toi tu as été bien plus courageux que tu ne le penses. Je t'admire énormément pour ton courage.

Tu me manques tellement. Je voudrais tant te revoir, te serrer dans les bras, t'embrasser. J'aimerais plus que tout au monde entendre à nouveau ta voix, sentir ta peau, voir ton si beau sourire. Je voudrais encore pouvoir t'observer la nuit pendant que tu dors, tu avais l'air d'un enfant insouciant.

Un seul. Il n'aura fallu qu'un seul message pour que tu me brises un point de non retour. J'ai tout de suite compris. J'ai eu ce sentiment bizarre, que je n'avais ressenti, quand je l'ai lu. C'était comme si tu avais écrit tout ce que tu allais faire en ces cinq mots: "Au pont. Je t'aime". C'est comme si j'avais senti que tout était déjà fini, que tu étais déjà parti. Et pourtant je me suis précipité dans ma voiture, comme si je pouvais encore te sauver. J'ai roulé bien plus vite que la loi ne me l'autorise. Bien plus d'une fois j'ai frôlé l'accident. Quand je suis arrivé au pont, j'ai vu tes affaires posées au sol. Je ne mis suis pas attardé. J'ai descendu jusqu'à la berge le plus vite que j'ai pu. Je criais ton nom, dans l'espoir d'entendre une réponse, mais rien. Il n'y avait que ma voix, la tienne part depuis déjà plusieurs minutes. J'ai suivi le cours de l'eau et je t'ai vu. Tu étais sur les cailloux, ou plutôt ton corps y était. Je me suis presque jeté sur toi, essayant d'entendre ton cœur battre, ou de sentir un souffle s'échapper de ta bouche entrouverte. Mais rien. Je criai toujours ton nom, entamant un message cardiaque que je savais inutile. Au bout de longues minutes, peut-être même heures, j'ai arrêté. J'ai hurlé à m'en déchiré les cordes vocales. J'hurlais toute ma douleur, toute ma peine. Et pourtant je ne réalisais pas complètement que je t'avais perdu, j'avais toujours espoir de t'entendre soudainement respirer. Je te serrai contre moi le plus fort que je pouvais, tu étais trempé et la nuit tombée, je voulais te réchauffer. Mais ton corps était déjà froid.

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⏰ Dernière mise à jour : Jan 23, 2022 ⏰

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