//Chapitre 31//

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J'étais resté à réfléchir dans les bras du noiraud un long moment. J'avais envie qu'il me touche encore et encore, j'avais envie d'aller plus loin, j'avais envie de le voir dans tous ses états à cause de moi. Mais je ne voulais pas que lui, ne puisse voir mon corps. Il m'avait toujours vu porter des sweats et des pantalons de sport. Non pas que je me trouve particulièrement gros, du moins ce n'est plus le cas grâce à Livai, mais surtout, j'avais peur qu'il ne me juge. On a beau toujours dire que l'on fait abstraction du regard des autres, il a une part importante dans la vie de tous. Je ne sais pas comment il réagira en me voyant sous cet angle. Et puis, il y a mes cicatrices aussi, les voir me fait du bien, mais lui n'en connaît pas l'ampleur. Il n'a vu que mes avant-bras, mais il ne sait pas qu'elles remontent jusqu'à mes épaules, et que rapidement, mes jambes ont elles aussi étaient abîmées par ma peine.

Aucun de nous deux ne parlaient, lui me laissait me remettre de mes émotions, et moi je n'osais simplement pas. J'aurais voulu lui parler de mes inquiétudes, comme je le fais depuis le début d'année, mais j'avais trop honte d'avoir gâché ce moment. Je me doutais que Livai a déjà expérimenté, et que malgré le fait qu'il soit un adulte capable de gérer ses envies, il se retenait depuis déjà quelque temps. Je m'en voulais un peu de le faire attendre encore.

Chassant ces idées de mon esprit, je me relevai sous le regard étonné de Livai d'un mouvement si soudain. J'avais envie de prendre l'air, de penser à autre chose.

-On peut aller faire un tour au parc s'il-te-plait? dis-je avec un grand sourire, sûrement enfantin vu que le noiraud ricana.

-Ça te prend comme ça?

-Oui, j'ai envie de marcher.

-Si tu veux, céda-t-il. Mais pas trop longtemps, il commence à être tard.

-Merci!

Je sautais presque du lit, suivi de près par Livai. On mit nos chaussures, il ferma à clef la maison, et on partit en direction du parc, main dans la main. Nous allons nous asseoir sur ce même banc où il est venu me chercher quelques nuits plus tôt. Nous ne parlions pas, le silence était apaisant. On entendait que les oiseaux, les canards qui secouaient leurs ailes au bord du lac en face de nous et la brise légère dans les feuilles des arbres derrière nous. Je posais ma tête sur l'épaule cet homme qui faisait battre mon cœur depuis déjà plusieurs mois, pendant que lui m'entourait de ses bras musclés, me réchauffant, et déposait un baiser rempli d'amour et de promesse sur mon front.

-Eren?

-Oui? je me redressais pour pouvoir le regarder.

-Tu as déjà pensé à ce que tu allais faire après le lycée?

Je fus assez surpris de sa question soudaine. Je n'y avais jamais vraiment réfléchis, de toute façon, je n'envisageais pas de faire parti de l'avenir.

-Non. C'est con à dire, mais je comptais pas rester jusqu'à devoir réfléchir à ça.

-Eren...

-T'inquiètes pas, ce n'est plus pareil aujourd'hui, ou du moins, même si l'envie n'est pas complètement partie, je compte me battre pour lutter et rester ici, avec toi.

Il sourit et m'embrassa chastement. On arrêta la discussion ici, le silence reprenant sa place.

Un avenir ensemble. C'est une pensée très agréable. Avoir un chez nous, des habitudes, pouvoir nous montrer ensemble, sans avoir peur de la justice ou de mon père. Pouvoir être un couple normal, et pouvoir dire à tous que nous sommes ensemble et heureux. Pouvoir être libre. Avant, je parlais de cette liberté qu'on ne peut obtenir que par la mort, mais désormais, il s'agit d'être libre de me montrer tel que je suis, avec celui que j'aime. Ce large sourire que j'avais perdu il y a déjà longtemps reprenait vie sur mon visage.Je n'avais même pas vu que l'homme à mes côtés m'observait, et je ne sortis de mes pensées, de mes rêves, que quand il caressa tendrement ma joue.

-Ca fait longtemps que je ne t'avais pas vu sourire comme ça, n'amour, je ne t'avais peut-être jamais vu le faire. Il me dit ça en m'offrant à son tour un sourire des plus tendres et charmeurs, me faisant retomber une fois de plus amoureux de cet être parfait, froid et inaccessible à l'extérieur, et pourtant si tendre et généreux à l'intérieur.

"Je t'aime" fut ma seule réponse, avant d'à mon tour l'embrasser. Ce baiser était calme, comme un pacte sans mot, une promesse pour le futur. Le temps sembla s'arrêter, tout se passait comme dans un rêve. Nous étions seuls, les couleurs du crépuscule se reflétaient sur l'eau calme du lac, les feuilles volaient autour de nous, et cette brise apportant une vague de froid qui semblait sifflaient une mélodie. Tout était idyllique. Tout ce passait comme dans mes plus beau rêve que je faisais depuis le début de cette année. Mais malheureusement tout à une fin. Nous dûmes nous séparer par manque de souffle, et on aurait dit que le froid de cette soirée d'hiver avait attendu que nous prenions fin pour nous submerger.

Nous rentrâmes, toujours main dans la main, collé l'un à l'autre, comme attaché par un fil, un lien, une corde qui ne pouvait être coupé désormais. On commanda des sushis et on alla manger devant un film comme à notre habitude. J'allais faire ma toilette et je me réinstallais vers mon amoureux. Je m'endormis, comme presque tous les soirs maintenant sur son épaule pendant que lui suivait de loin les images de la télévision tout en caressant mes cheveux.

Let Me Be FreeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant