15. Le bordel

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Je me réveille en sursaut. Je suis sur le siège passager de Blue Jeans, et un silence de mort règne dans le véhicule. Je regarde par la fenêtre et aperçoit un bâtiment d'où proviennent des bruits de dispute. Une des voix est plus forte que l'autre : je reconnais immédiatement celle de Peace. Shit. Cela recommence. Cela fait des jours que nous sommes dans cette situation et rien n'a bougé. Je me frotte les yeux et m'étire douloureusement, tentant de me remettre les idées en place. Je ne dors plus dans la grange depuis trois nuits, las des querelles incessantes de mes deux congénères. Simon dort à l'arrière du camion, laissant le lit à Peace ; je devrais dormir avec lui depuis ce qui s'est passé avant que cette dernière débarque, mais ça créerait un nouveau motif de discorde. Et puis il y a le fait que je sois totalement perdu dans mes sentiments.

Lorsque Peace est revenue il y a une bonne semaine, tout a été chamboulé. Je me souviens de son regard stupéfait et écœuré après nous avoir découverts Simon et moi, enlacés dans son lit ; je me souviens du mutisme de mon partenaire pendant que j'essayais tant bien que mal de trouver les mots justes alors que nous étions en train de nous rhabiller. Je m'étais alors précipité vers elle, voulant la prendre dans mes bras, plus pour vérifier si elle était bien réelle que par marque d'affection. Je m'étais stoppé à un mètre d'elle, me rendant compte que ce n'était pas une excellente idée. Dans ses yeux d'habitude indéchiffrables, j'avais lu de la colère, de l'incompréhension et surtout... de la tristesse. Elle m'avait contourné et était allée s'asseoir sur le canapé, nous invitant silencieusement à la rejoindre.

Nous nous étions alors installés, l'un sur le fauteuil, l'autre par terre, n'osant la regarder dans le yeux. Elle avait alors pris sa tête entre ses mains et avait soupiré.

« Bon. Expliquez-moi. »

J'avais regardé Simon. Il m'avait regardé. Aucun de nous n'avait envie de prendre la parole en premier. C'est finalement lui qui m'avait pris au dépourvu en répondant :

« Tout est ma faute.

- Cela ne change pas beaucoup, avait déclaré Peace d'un ton cynique. »

Je lui avais jeté un coup d'œil l'air de dire "ne sois pas trop dure avec lui".

« Quoi ? avait-elle rétorqué. Tu ne vas pas prendre sa défense alors que tu sais très bien tout ce qu'il a fait ?

- Ecoute...

- Non c'est toi qui va m'écouter. Je ne sais pas pourquoi tu fricotes avec lui, surtout maintenant que tu sais qui il est vraiment, mais il ne t'apportera que des emmerdes. Et je suis bien placée pour le savoir.

- Tu veux dire plus d'emmerdes que toi ? Je demande à voir. Il a été mon ami pendant tout ce temps où nous étions à la recherche de ton putain de journal. Le seul à m'avoir sorti du pétrin, allant même jusqu'à se mettre en danger pour moi. Tandis que toi, tu étais cachée derrière ton téléphone, à me mettre en garde contre lui. Jusqu'ici le plus honnête, c'est lui.

- Elle t'envoyait des messages pour te dire de te méfier de moi ? m'avait demandé Simon en me regardant d'un air blessé. Et tu ne m'as rien dit ?

- Comme quoi parmi nous trois le plus sincère c'est le criminel, avait lâché Peace, sarcastique. »

A ce moment précis, je m'étais levée et je l'avais giflée. Je n'en pouvais plus.

« Tu te rends compte du mal que tu fais autour de toi ? J'ai quitté tout ce que j'avais de plus précieux pour une quête qui m'a finalement apporté plus de questions que de réponses, et tu me reproches les choix que j'ai fait ? Tu as conscience du nombre de vies que tu as brisées en partant sans prévenir ?

Peace and LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant