Le soir, comme chaque soir presque je descends les poubelles, il faisait encore chaud alors j’ai profité de ce début de soirée, où la lumière du jour était encore présente pour profiter un peu, je me suis assise sur les marches de l’escalier d’entrée. J’avais pris la lettre qui m’était adressée pour pouvoir la lire.
Je n’ai lu que deux phrases et les larmes coulaient à flot. Et il fallait que Nasser arrive à ce moment précis…
Dans la lettre il y avait écrit :
< Bonjour Sarah,
C’est encore une fois ta tante Aïcha et ta grand-mère. Je t’écris cette énième lettre, j’espère sincèrement, du plus profond du cœur que cette fois tu nous répondras. Depuis ta naissance on veut faire ta connaissance mais avec la fierté de ton père c’était impossible, si tu as lu les dizaines de lettres précédentes tu dois savoir de quoi je parle.
Comme tous les mois de septembre depuis que ton père nous a quittées, nous t’écrivons pour te souhaiter un très bel anniversaire. Tu as 17 ans machaAllah, tu dois être aussi belle que tes parents, je me demande si tu as le caractère de ton père et si tu as sa gentillesse également.
Nous sommes venues il y a quelques mois en France pour te rencontrer mais ta belle-mère nous a dit que tu ne souhaitais pas nous parler, nous avons été déçues. Les gens avaient raisons lorsqu’ils nous disaient qu’elle était méchante alors nous avions pensé qu’elle t’a fait devenir comme elle mais tu es la fille de ton père alors je ne pense pas une seule seconde qui tu sois méchante.
Je ne sais pas si elle te donne nos lettres ou les mets à la poubelle, car je t’avais demandé de répondre même si c’était pour nous dire d’arrêter de t’écrire.
Sarah, nous avons fait des erreurs et on espère pourvoir nous rattraper, nous t’attendons en Algérie, à Constantine, ou te voir lorsque nous reviendrons en France. Et si tu ne souhaite pas faire notre connaissance, dis le nous et nous te laisserons avec ta belle famille. On espère quelle prenne soin de toi comme nous l’aurions fait avec toi. Nous n’avons jamais été présents mais inchaAllah dans le futur nous pourrons l’être.
Des rumeurs disent que tu es enfermée, d’autres que tu t’y sens bien là-bas. Nous espérons que tout va bien pour toi.
Je te laisse notre adresse, écris nous au moins une fois, même si c’est pour nous dire d’arrêter de t’écrire.
Ta grand-mère et moi t’embrassons fort, on t’aime Sarah. >
Je venais de me prendre une claque en pleine tête. Ma famille, ma vraie famille cherchait à prendre contact avec moi sans que je le sache. A la fin de cette lettre, les larmes coulaient à flots, je me sentais trahis, j’avais le cœur meurtri et j’en voulais énormément à ma belle-mère. Elle était vraiment méchante à ce point ? Au point de me séparer de ma vraie famille ? Mais pourquoi elle me faisait ça ? Je ne lui ai rien fait de méchant pour qu’elle agisse ainsi avec moi.
Nasser me rappel sa présence en me parlant. Je pensais qu’il avait continué son chemin comme il fait depuis ces deux derniers mois, en m’ignorant totalement mais non cette fois il s’était arrêté.
-Nasser : Sarah ? Ça va ?
-Moi : …
-Nasser : Sarah répond moi s’il te plait
Je lui fis non de la tête, non rien n’allait, rien n’a jamais été dans ma vie, et j’ai l’impression que dans le futur ce non allait continuer. Nasser prit la lettre que j’avais dans les mains et l’a lu.
-Nasser : mais putain mais pourquoi tu m’as jamais rien dit ?
-Moi : parce que je ne savais même pas qu’elle m’avait écrit ma tante
-Nasser : mais ta belle famille Sarah, je te parle d’elles là, pourquoi tu m’avais jamais rien ? non la meuf t’inquiètes ça va bien je suis heureuse, je savais que c’était faux
-Moi : Je n’ai pas envie d’en parler maintenant s’il te plait
-Nasser : oué t’as raison, je te laisse digérer la nouvelle mais toi et moi on aura une discussion et compte sur moi pour pas t’oublier pour cette discussion
-Moi : ok
Il est parti… Il faut que je sèche vite mes larmes avant de rentrer, il ne faut pas que ma belle-mère se doute de quoi que ce soit. Mais avec tout ce que je viens de pleurer ça va être dur et pas manqué ! Quand je suis rentrée ma belle-mère me dit :
-Belle-mère : tes yeux sont rouges, t’as pleuré ?
-Moi : je suis tombée dans l’escalier
Inès qui passait près de nous et qui a entendu la conversation s’est mise à rire et est partie le raconter à Assia.
La lettre de ma tante était bien cachée, et je comptais lui répondre, lui dire que je n’avais reçu aucune de ses lettres et que j’aimerai les rencontrer.
Je me faisais discrète à la maison, j’avais peur qu’avec la seule expression de mon visage ma « famille » puisse lire ce qu’il se passait dans ma vie, que j’avais intercepté l’une des lettres de ma famille en Algérie.
J’ai 17 ans et ma vie va prendre un autre tournant.
Quelques jours plus tard Nasser voulait me parler, il voulait avoir une discussion, je n’avais pas le choix que de lui dire toute la vérité.
On s’est donné rendez-vous dans l’entrée.
-Nasser : je t’écoute Sarah
-Moi : comme je t’avais dit, je n’ai jamais connu ma mère et mon père est décédé à son tour à mes 13 ans, il ne parlait plus avec ma famille surtout qu’ils sont presque tous en Algérie et comme il était marié à ma belle-mère, elle a eu ma garde. Mais elle ne m’a jamais trop apprécié car malgré tout mon père était toujours avec moi. Alors une fois qu’il est décédé, elle me l’a fait payer. Je suis devenue la bonne de la maison et l’année passée quand j’ai eu 16 ans elle m’a fait arrêter l’école pour m’occuper d’elle et de la maison à plein temps. Apparemment la famille de mon père a essayé de me contacter à sa mort mais ma belle-mère a du intercepter toutes les lettres car j’en n’avais jamais lu aucune, je pensais vraiment qu’ils ne voulaient pas de moi. Le hasard à fait que j’étais là en même temps que le facteur et que ma belle-mère avec son plâtre ne peut pas trop bouger alors j’ai voulu faire pour un bien en lui montant le courrier et je suis tombée sur cette lettre que j’ai gardé et que j’ai lu l’autre soir quand tu m’as vu sur les marches.
-Nasser : et pourquoi tu m’as jamais rien dit avant ?
-Moi : trop de pudeur
-Nasser : Sarah entre toi et moi cette pudeur là il y en a pas, faut me dire quand ça va pas
-Moi : je veux pas la mettre au rang de méchante
-Nasser : elle est ce qu’elle est et crois moi qu’elle va le regretter
-Moi : je ne sais pas
-Nasser : si et je t’oblige à écrire à ta famille aussi inchaAllah je te ramènerai les voir en Algérie
-Moi : oui je vais leur écrire mais les lettres elles seront de nouveau intercepté, c’était un coup de chance c’est tout
-Nasser : tu mets mon adresse, tu leur explique et dis leur qu’elles t’envoient le courrier chez ton futur mari
-Moi : mon futur mari ?
-Nasser : excuse moi Sarah d’avoir réagit comme ça, j’ai perdu patience
-Moi : je sais c’est de ma faute, je n’étais pas assez forte pour te dire tout ça
Il m’a pris dans ses bras et m’a déposé un baiser sur les cheveux en me disant :
-Nasser : tu me laisses une deuxième et dernière chance ?
-Moi : oui
-Nasser : je te promets que je te sors de là le plus tôt possible, laisse moi trouver un appartement, en parler avec ma mère et on se mari et on ira voir aussi ta famille
-Moi : merci Nasser, je t’aime
-Nasser : je t’aime princesse.
Un bisou de réconciliation et je suis rentrée à la maison. J’ai tout raconté à Melissa et elle était contente que tout s’arranger avec Nasser. J’étais contente, j’étais heureuse mais j’étais anxieuse, relation caché, relation parfaite, mais il ne fallait pas que mes demi sœurs le sachent. Et il fallait que j’écrive une lettre à ma famille. J’avais des idées de mots, maintenant il fallait tout assembler et construire des phrases, et c’était une chose dur à faire, je n’avais jamais écrit de lettre, je ne savais pas quoi leur dire, ni par où commencer, je devais laisser parler mes sentiments mais ils étaient tout bousculés.
Bon allez c’est parti, Bismillah…
< Bonjour Tata et Grand-mère,
Je ne sais pas par où commencer… je vais laisser parler mon cœur on verra bien ce que cela donne…
